CIRQUES DE CIEL SUR LES CIRQUES DE ROCHES…
Cirques de ciel sur les cirques de roches ! Les aigles y tracent des suites d’idéogrammes indéchiffrables à nos yeux pauvres, leur vol efface la graphie de leur vol, l’encre limpide en azur se dissipe. Debout, la nuque renversée — comme dans la nuit vers les étoiles fabuleuses — nous suivons jusqu’au vertige la vire d’un vol qui soudain pique, plombe, tombe ravir dans le nu des ravins — où rien ne favorise la fuite — la proie invisible dans cette immensité. La même verticale élève dans sa vitesse la bête déchireuse, la bête déchirée, le silence d’un désir et celui d’un effroi.
L’oblique des pentes buissonneuses qui s’épousent en vallée verse une douceur.
AUBE COMME UNE MAIN DE VENT…
Aube comme une main de vent révélant la montagne, une
main de douceur posant des draps nuptiaux et secoués légers dans
un bonheur de brise, comme une femme immense couchant sa
chair laiteuse sur le dos dur des roches, l'échine blessée des monts,
aube lissant charpies de ta main douce sur toute plaie ouverte,
entailles, gerçures, ravines où la nuit a gelé comme un sang, aube
poudrant la joue pudique d'un renflement neigeux, aube qui
brodes de fils d'or et d'eau bleue l'échancrure là-bas d'un lac, nous
soit donné de naître au jour dans ta douceur de linges et de mains !