Ce tome regroupe les 3 numéros de la minisérie "Dear Billy" et constitue le deuxième recueil regroupé sous la bannière "Battlefields" (le premier est "Battlefields 1: the Night Witches").
Garth Ennis continue d'écrire des histoires de guerre dans une veine adulte, sans manichéisme (comme il l'avait déjà fait avec "War Stories"). Cette histoire est totalement indépendante du premier tome "Night Witches".
L'action commence en 1942 sur un atoll de la mer de Chine où les japonais s'apprêtent à exécuter un groupe de femmes de nationalité britanniques qu'ils viennent de violer. Carrie
Sutton survit miraculeusement et se retrouve enrôlée comme infirmière dans un hôpital pour blessés à Calcutta. Elle croise le chemin d'un pilote d'aviation qui a lui aussi subi des tortures aux mains des japonais et ils tombent amoureux. L'intrigue est présentée du point de vue de l'infirmière et la suit dans son quotidien et ses rencontres avec son pilote jusqu'au bombardement d'Hiroshima et de Nagasaki.
À partir de cette trame romanesque tout droit sortie d'un roman de la collection Harlequin,
Garth Ennis évoque la capacité de l'être humain à se reconstruire après des événements traumatiques, à travers un exemple de résilience. le scénario est d'une incroyable sophistication, d'une justesse qui ne tombe jamais dans la mièvrerie ou l'émotion gratuite. Tout est raconté du point de vue de Carrie
Sutton par le biais d'une lettre qu'elle adresse à son amant. Par opposition à Night Witches, Ennis ne nous donne ici que le point de vue des alliés. Pour autant les scènes de tuerie dans un camp comme dans l'autre ne sont jamais édulcorées et donc les atrocités commises contre les japonais rappellent que les ennemis sont des êtres humains comme les autres. le principe tout simple d'opposer et de rapprocher 2 survivants de tortures permet d'obtenir un contraste saisissant entre leurs différentes manières de vivre après les horreurs qu'ils ont endurées. Ce tome est avant tout un récit de guerre, ensuite une histoire d'amour sans sensiblerie, ni eau de rose écoeurante, et enfin un constat sur les mystères de la nature humaine.
Les dessins de
Peter Snejbjerg collent parfaitement au scénario. Son style a su trouver le bon équilibre entre un degré de détails suffisant pour évoquer les endroits où se déroulent les différentes scènes et les équipements de guerre correspondants, et une légère stylisation des personnages qui nous les rendent à la fois assez générique pour qu'on puisse s'y reconnaître, et assez typé pour qu'on n'ait pas l'impression de contempler une exposition de mannequins tous semblables. Comme d'habitude la composition des couvertures de
John Cassaday imprime l'image dans votre imagination pour longtemps : design graphique, émotion, action... tout y est. C'est avec une impatience gourmande que je lirais le prochain récit dans "Battlefields 3: Tankies".