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sur 506 notes
En 1988, sur une réserve indienne du Dakota du Nord, Geraldine Coutts, une mère de famille, est agressée sexuellement. Traumatisée, cette dernière est incapable de révéler ce qu'il s'est passé à la police et à ses proches. Joe, son fils âgé de 13 ans, tente d'aider sa mère mais elle reste alitée et s'enfonce peu à peu dans le mutisme et la solitude. le père de Joe, juge aux affaires indiennes, confie la procédure à la justice. Mais devant, le peu de progrès de la justice, Joe s'impatiente et décide avec ses amis de mener l'enquête de son côté. Ce qu'il va découvrir va changer sa vie à jamais...

L'histoire tourne autour du personnage de Joe, cet adolescent, qui passe ses journées avec ses potes, à se promener à vélo dans la réserve, à rendre visite à sa tante Sonja aux décolletés toujours très aguicheurs pour un garçon de son âge. Il est fan de Star Trek, fume des cigarettes et boit quelques bières. Mais la terrible journée qui a vu sa mère se faire violer, marque pour lui la fin de l'innocence. Il prend conscience de choses dont il ignorait l'existence auparavant. de plus, cette quête de justice le pousse à se poser de nombreuses questions. Que faire quand les adultes ne parviennent pas à faire appliquer la justice ? Peut-il enfreindre la loi ?

Il faut beaucoup de talent pour écrire un livre sur un sujet aussi délicat que le viol et arriver à restituer les sentiments et les émotions des personnages. Ce qui est étonnant dans ce livre, c'est la facilité avec laquelle l'auteure se glisse dans la peau de ce jeune garçon et rend tout cela crédible. On se sent comme porté, bercé par l'écriture de Louise Erdrich, on s'imagine au milieu de cette famille : à la station service d'oncle Whitey et tante Sonja, chez tante Clémence à écouter les histoires de grand-père Mooshum ou encore avec Cappy et Joe sur la plage. Ce livre est un roman très dense qui traite de sujets tels que : l'amitié, l'amour, la colère, la justice et l'injustice, avec au centre la culture amérindienne, toujours présente chez Erdrich. En refermant ce livre, je sens en moi qu'un peu de sang ojibwé coule dans mes veines...

Récompensé par le National Book Award, Dans le silence du vent sera assurément un des grands romans de la rentrée littéraire.

Disponible en librairie le 21 août 2013.
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Une très belle découverte que l'écriture de Louise Erdrich. Ce roman est bouleversant, les personnages très attachants et formidablement "fouillés". Un beau moment littéraire.
Joe vit avec sa famille dans une réserve indienne aux états Unis. Il vit dans une famille aimante, la culture indienne est très présente avec les anciens qui sont la mémoire du lieu.
Un jour sa mère se fait agressée, violée et le monde de Joe bascule et ne sera jamais plus comme avant.
Une profonde réflexion sur la notion de justice sur ces territoires indiens qui ne sont pas américains mais qu'une succession de lois a livré à toujours plus d'oppression et d'inéquité.
Nous connaissons tous l'histoire du peuple indien aux USA, massacré mais là nous faisons connaissance avec la réalité de ce peuple de nos jours. Un blanc peut ainsi violer une femme indienne sur une terre non indienne et de fait n'en sera pas inquiété.
Louise Erdrich décrit l'avancée brutale d'un adolescent vers l'âge adulte, la fin de ses illusions et les décisions difficiles qu'il doit prendre pour survivre et protéger les siens.
C'est un beau roman plein d'amour et de moments poétiques. Merci pour cette belle rencontre avec une auteure que je ne connaissais pas.
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À l'âge où on découvre son corps, où les adolescents fantasment sur le corps des femmes mûres, où l'insouciance devrait être le moteur de sa vie, Joe, tout juste 13 ans voit son monde éclater en morceaux de drame et de larmes, de silence et de non-dits, de peur et d'angoisse. L'agression, d'une rare violence, subie par sa mère, et ses conséquences sur la vie familiale, sonnent la fin de l'enfance et le vieillissement prématuré de son âme.

Il y a un peu plus d'un an je découvrais la plume de Louise Erdrich et en étais tellement tombée amoureuse que je ne voulais pas me replonger trop vite dans son oeuvre de peur d'être déçue. J'ai retrouvé dans cette deuxième incursion dans son univers tout ce que j'avais aimé : ses formidables qualités de conteuse, sa manière de nous plonger dans l'intimité d'une communauté, sa force à faire naitre des personnages admirablement dessinés, qu'il s'agisse des personnages principaux comme les secondaires, sa capacité à suscité une émotion sincère.

Autour de Joe il y a famille : son père et sa mère, fracassés par le drame et qui vont faire preuve d'un amour familial immense. Il y a ses amis Cappy, Angus et Zack, les inséparables, ceux avec qui on partage les bons coups, les galères, les premiers émois amoureux, les bêtises d'adolescents. Il y a la famille au sens large, les oncles, tantes, cousins, cousines, tous ceux liés par le sang et par les traditions. Et il y a une communauté, celle des indiens Ojibwés, dans une réserve du Dakota du Nord, soudée, qui maintient ses croyances et ses traditions tout en intégrant certains aspects du mode de vie de l'Amérique des années 1980, et qui fait vivre au quotidien ses valeurs dont la solidarité, l'esprit de famille et de clan, le respect des autres, de l'environnement et du droit.

À travers l'histoire de Joe, de sa mère Géraldine et de son père, Louise Erdrich nous parle du viol qui touche une amérindienne sur trois au cours de sa vie (statistique certainement sous-estimée), la plupart du temps oeuvre d'un non amérindien. Elle nous parle de la complexité du millefeuille de loi qui s'applique au sein des réserves indienne, pour ne pas dire de l'injustice flagrante qui en découle. Si le propos est éminemment politique l'auteure n'en fait ni un manifeste féministe, ni un texte militant, grâce à ses qualités évoquées ci-dessus. Comme elle le souligne dans la postface, ces règles énoncées dans ce récit situé en 1988, étaient toujours en vigueur en 2012 lorsque le livre est publié aux États-Unis.

En faisant porter le récit par la voix d'un adolescent de 13 ans elle met d'autant plus l'accent sur l'incompréhension que l'on peut ressentir face à cette justice à deux vitesses. Joe n'aura de cesse d'essayer de comprendre tout en réussissant à sauvegarder des moments de pur plaisir avec ses 3 amis, mènera son enquête, parallèlement à celle des adultes (dont son père, juge du tribunal tribal), fera tout pour que sa mère redevienne celle qu'elle était avant l'agression, et comprendra que rien ne pourra totalement redevenir comme avant.

Une lecture très réjouissante, par la qualité du propos et par la délicatesse, la poésie, la force de l'écriture de Louise Erdrich.
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Sur les chaleureux conseils d'une amie qui m'a prêté « le silence du vent » je suis partie à la découverte de l'univers de Louise Erdrich. Résultat : J'ai dévoré le bouquin en à peine trois jours (ça peut paraitre beaucoup pour certains, mais je ne lis que dans les transports en communs, le matin et le soir, soit un peu moins de 45 mn par jour, plus quelques lignes le soir avant de dormir…).

Ce roman m'a permis d'entrer d dans le quotidien des Amérindiens et de leur sort pas très enviable sur leurs propres terres conquises par les émigrés venus du « vieux continent » (entre autres), qui ne se sont pas privé de les spolier honteusement pour finir par les « parquer » dans des réserves avec des lois particulières qui ne leurs accordent bien évidemment pas les mêmes droits qu'aux Américains.

Ce livre nous parle d'enfance, d'adolescence mise à mal par la survenue d'un évènement tragique au sein d'une famille Ojibwé. On va assister au lent délitement de ladite famille, entre la mère victime d'un viol qui va se murer dans un silence assourdissant en faisant l'impasse sur l'identité de son agresseur, le père qui se raccroche à l'idée d'une certaine justice et qui va tenter de colmater les brèches familiales en se concentrant sur de menus travaux, créant un rythme casanier et répétitif pour ne pas sombrer (les repas, le jardinage que Géraldine adorait).

Et enfin, le fils, qui face à l'impuissance de son père dans la recherche de la vérité et devant une justice qui cafouille, hésitant entre juridiction tribale ou étatique. L'autorité compétente est censée être celle du lieu où s'est déroulée l'agression. Et le fils, qui va se sentir investit du rôle d'enquêteur (rappelons qu'il n'a que 13 ans) pour à la fois démasquer le coupable et faire justice lui-même…

Est-ce donc un roman policier ? Ou une fiction particulièrement bien argumentée sur la vie des Indiens Ojibwés dans le Dakota du Nord aux Etats-Unis ? Les deux mais le côté « témoignage » prend un peu le pas sur le côté « policier ».

Pour ce qui est de l'histoire des Indiens, l'auteure sait de quoi elle parle, puisqu'elle est elle-même une « native » élevée dans une réserve et membre du « mouvement de renaissance Amérindienne ».

« J'écris pour que les indiens survivent » nous dit Louise Erdrich. On comprend tout à fait cela dans cet écrit.

Une histoire (et aussi avec un grand « H ») plombée et sombre, mais non dénuée d'humour. le grand-père Mooshum m'a bien fait sourire. Son nom m'a fait penser à « Mushroom » en anglais, (ce qui veut dire champignon) allez savoir pourquoi !! Peut-être parce qu'il parle en dormant et invoque les esprits… et fume le calumet !

Ce roman m'a emballée. Je ne l'ai pas trouvé trop long, j'ai été emportée par les détails sur la vie des indiens d'Amérique. Leurs coutumes, leurs traditions, l'initiation des jeunes, le passage à l'âge adulte, le douloureux apprentissage de la vie avec son cortège de désillusions face à une justice à deux vitesses.

L'écriture coule toute seule. Pas de passage alambiqué, tout est clair et limpide. le suspense est présent jusqu'au bout même s'il n'est pas prégnant. J'ai adoré ce mélange des genres (polars/fiction/non-fiction).

C'était mon premier Erdrich… ça ne sera pas le dernier !

Merci donc à ma chère Lydie pour cette magnifique recommandation !
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Joe, treize ans vivait heureux dans une réserve Indienne du Dakota auprès de parents unis.
Il avait les occupations des enfants de son âge avec ses trois inséparables copains et nous partageons avec eux les baignades, les virées à vélo, les repas de famille et toutes ces choses que l'on appelle le bonheur et l'insouciance.
Mais en cet été 1998, son univers va basculer après que sa mère ait été sauvagement agressée et violée.
Devant le désarroi de son père face à la dépression dans laquelle s'enfonce peu à peu son épouse, le jeune garçon décide de traquer lui-même l'agresseur de sa mère.
Mais que peut un adolescent non encore mature quant à la sexualité face à un crime de cette nature ?
Comment accepter le silence et la passivité des adultes ?
Une lecture passionnante malgré quelques descriptions beaucoup trop longues à mon goût, ce qui m'en a par moment rendu la lecture laborieuse.


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En 1980, dans une réserve indienne du Dakota, une femme est agressée et violée.
Son fils âgé de 13 ans, bouleversé, mène son enquête pour découvrir le coupable.
Une belle fresque qui nous fait découvrir la vie dans les réserves indiennes.
A travers l'histoire de cet adolescent traumatisé, c'est une recherche de vérité et de justice
C'est riche en personnages, en caractères. J'ai ri devant les comportements outranciers de certaines grands-mères vraiment désopilantes. J'ai apprécié les histoires des anciens.
Bref, c'est un roman fourni et copieux que j'ai bien apprécié.
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Tout commence un jour où le jeune Joe est en train, avec son père, d'arracher de jeunes pousses d'arbres qui traversent les fondations de la maison familiale. Sa mère sort en voiture chercher un dossier à son bureau et ne revient pas. Quand le père et le fils la retrouvent, ils la conduisent en urgence à l'hôpital. Joe comprend qu'elle a été violée, et n'aura de cesse de savoir qui est l'auteur de cette agression brutale. Son père exerce le métier de juge, ce qui le place d'emblée au coeur de l'enquête, mais il semble pourtant impuissant à faire arrêter le coupable. La loi en effet est compliquée,
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C'est à l'âge de 13 ans que la vie de Joe, d'origine amérindienne, bascule. L'année où sa mère subit un viol. La justice tribale ayant ses limites et le procureur fédéral refusant d'amener l'affaire devant les tribunaux, le violeur reste impuni. Impensable, inconcevable, invivable pour Joe d'accepter une telle injustice ou plutôt une telle non-justice. Lui et ses trois amis Cappy, Zack et Angus mènent leur propre enquête et face à sa colère et sa douleur, ils agiront sans en mesurer les conséquences.

C'est avec la voix de cet adolescent que Louise Erdrich énonce les injustices que subit, encore aujourd'hui, le peuple indien. Pour les mettre en perspective, elle campe son roman dans une réserve indienne du Dakota du Nord où Joe y vit avec sa famille. Les professions de son père en tant que juge du tribunal tribal et de sa mère comme avocate au Bureau des Affaires indiennes amènent une dimension sévère dans l'inégalité des juridictions.
Il est aussi question de ce passage brutal du bonheur au malheur lorsqu'un drame arrive. le mutisme de la mère, l'énergie déployée par le père, les recherches incessantes de Joe et leur douleur nous électrisent. C'est très réussi, impossible de ne pas le ressentir. Un autre passage pour Joe est très bien traité, tout aussi perturbant, celui de l'adolescence à l'âge adulte.
L'histoire est dramatique et pourtant l'auteur, avec les thèmes de l'amour et de la fraternité apporte du réconfort et de la lumière. L'amitié est très présente, elle parcourt tout le roman. Joe peut compter sur Cappy, Zack et Angus, c'est une amitié indéfectible.

Louise Erdrich est d'origine amérindienne par sa mère, c'est dire si elle maîtrise son sujet. Elle propose aussi une postface très intéressante. Les commentaires tels que les statistiques de viols des femmes amérindiennes sont effrayantes.
C'est une vraie déclaration d'amour pour son peuple et une réelle envie de crier la malveillance et la cruauté de l'homme blanc. C'est déchirant et sans appel.
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Plusieurs thématiques dans ce roman: d'abord le viol, comme une déflagration dans la famille de Joe, le narrateur, jeune adolescent de 13 ans.
Par un paisible dimanche après midi, la mère de Joe rentre à la maison. Elle ne descend pas de sa voiture : immobile, le regard figé, le visage tuméfié, les vêtements tachés de vomi et de sang.
C'est le point de départ de ce roman. Il est question de justice, de vengeance; mais pas seulement, car l'action se situe dans une réserve indienne du Dakota du Nord. Au delà de l'intrigue, qui nous tient une bonne partie du livre, Louise Erdrich descendante par sa mère de la tribu obiijawa nous fait découvrir la réalité sociale et culturelle de ces territoires soumis à une inégalité de droits des indiens par rapport aux « blancs ». La vie communautaire est rythmée par les célébrations rituelles, powwow et autres cérémonies dans « la maison ronde ». La mémoire des ancêtres, pétrie de légendes, est perpétuée par la voix somnambule de Mooshum, le grand-père.
En quelques mois, Joe va quitter l'innocence de l'enfance pour rentrer brutalement dans la réalité parfois chaotique de la vie.
J'ai lu avec avidité les 450 pages, je me suis laissée porter par cet adolescent fragilisé et en même temps si vivant, si déterminé...
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L'adolescence insouciante de Joe se fissure quand sa mère se fait agresser et violer.

Le jeune indien, à l'existence sereine entre famille et amis au sein de sa réserve, fait face à la dépression maternelle et au mutisme des adultes, entre incompréhension et révolte face à sa mise a l'écart du drame familial.

En recherche de réponse et de justice, Joe s'improvise enquêteur, nous entrainant dans la communauté amérindienne, ses codes de vie entre patrimoine ethnique et modernité, et sa difficile cohabitation avec les américains "blancs".
Il est tres intéressant de découvrir la complexité du système administratif de ces enclaves indépendantes que sont les réserves indiennes, comme un état dans l'état. Y restent attachés un racisme ordinaire entre parties, un fond de christianisation contre le paganisme, un attachement aux racines claniques par les récits de tradition orale et la linguistique.

Un livre d'apprentissage, un passage de l'enfance à l'adulte assumé, entre héritage et assimilation de civilisations. L'ensemble du roman, tres bien écrit ne tient pourtant que par cet aspect.

Un petit bémol donc, car j'ai vécu quelques plages d'ennui à accompagner le jeune Joe. Cela tient sans doute à une intrigue criminelle fade et longuette, à une narration trop fouillée et descriptive. Les personnages sont assez insaisissables, malgré de belles pages sur l'amour de la famille et l'amitié.

En revanche, c'est encore un plaisir de suivre les pas de Louise Erdrich, l'historienne indienne.


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