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4,08

sur 507 notes
En tant qu'amérindienne, Louise Erdrich met toujours son talent d'auteur au service de la défense du peuple indien. Dans le silence du vent, elle témoigne du grand nombre de viols de femmes indiennes par des blancs, crimes impunis à cause du flou entre les lois américaines et les territoires indiens.
C'est un jeune adolescent de treize ans, Joe, qui va être confronté à ce drame familial suite au viol de sa mère et à l' impuissance de son père, pourtant juge, à faire appliquer la justice.
J'ai retrouvé ici la naïveté de l'enfance face à une justice partiale comme dans l'execellent roman d'Harper Lee, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur.
Mais si l'intrigue repose sur un thème fort ce qui est une motivation suffisante pour avoir envie de lire ce roman, l'auteur nous envoûte en plus avec les légendes indiennes, l'humour du grand-père Mooshum et de la vieille mémé coquine Ignatia, et enrichit ainsi l'enquête sur le viol de la mère avec l'éveil de quatre adolescents (Joe et ses trois amis).
Nous suivons avec plaisir les découvertes de ces enfants, avec des récits assez truculents comme la colère du prêtre suite à la confession de Cappy, le strip-tease de Sonja pour l'anniversaire de Mooshum, les premiers essais avec l'alcool ou les filles.
Le roman est ainsi un brillant équilibre entre les choses graves et plus légères avec bien évidemment le talent littéraire de Louise Erdrich.

Si je mets rarement les romans de grands auteurs en coup de coeur, parce qu'habituée à leur talent je suis moins surprise, je ne peux que recommander la lecture de ce livre.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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Joe a douze ans ; il vit dans une réserve indienne avec ses parents, Bazil et Géraldine. C'est un adolescent bien dans sa peau, il vit dans un cocon relativement protégé au milieu de parents « installés » professionnellement, des oncles et tantes, et un grand-père Mooshum, mémoire de la famille.

C'est un drame familial qui viendra à jamais bouleverser l'équilibre de cette famille, et de Joe, tous confrontés à une justice à deux vitesses. Quand on est amérindien, les lois ne s'appliquent pas de la même façon qu'aux autres citoyens. Avec son père juge tribal, il se rend vite compte que retrouver et punir le coupable du viol de sa mère n'intéresse pas grand monde, et en tout cas pas la police locale.

L'adolescent, aidé de ses trois amis entreprend donc à ses risques et périls de rendre justice à sa mère, et au-delà de cela à son peuple dont la voix est bien peu de chose au pays de l'oncle Sam.

Louise Erdrich met en lumière ce jeune adolescent confronté au drame de son peuple, à l'injustice. La soif de justice est omniprésente.

De narration linéaire, jamais ennuyeuse, dans le silence du vent prend le temps d'amener le lecteur dans son sujet. Louise Erdrich, en pratiquant la diversion, maîtrise parfaitement le tempo, et la tension qui s'installe de page en page.
Elle nous donne ainsi l'occasion de savourer sa prose, et, de comprendre les combats qui sont les siens et qui nourrissent son oeuvre.

Louise Erdrich, dont j'avais beaucoup apprécié l'intervention au dernier festival America (2012), faisait partie jusque-là de ces quelques auteurs que « je crains » (pour de bonnes ou mauvaises raisons) d'autant qu'une tentative inaboutie n'avait fait que repousser l'occasion d'essayer à nouveau.

Dans le silence du vent m'aura donc permis d'entrée avec bonheur dans l'univers de Louise Erdrich, avec l'envie certaine d'y revenir.

Je remercie infiniment les Editions Albin Michel qui l'ont permis de lire ce livre admirable.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Joe a grandi sur la réserve qui l'a vu naitre dans le Dakota du Nord. Avec le recul des années, il relate les drames qui ont bouleversé sa vie en 1988, alors qu'il est adolescent.
Tout dérape un dimanche après midi, lorsqu'il retrouve sa mère en état de choc au volant de sa voiture. Incapable de prononcer un mot, le visage ravagé de bleus, le corps imbibé d'essence, elle est conduite à l'hôpital. sa mère Géraldine a été battue et violée. Dès lors le temps s'arrête pour la famille de Joe. L'enquête piétine face au mutisme de sa mère.
Agacé des règles du monde des adultes qui limite sa colère et sa soif de vengeance, Joe décide de faire justice lui même avec une volonté tout adolescente.
Au fil des mois on découvre avec lui la vie dans la réserve, le quotidien des indiens d'Amériques marqué par des tranches violentes d'histoire et des imbroglio législatif entre loi fédérale et loi tribale.
Ce roman nous plonge dans un univers que l'on connait peu à la fois douloureux et envoutant. L'auteur réussi à nous passer les sentiments des ces protagonistes avec beaucoup de justesse, les affres de l'adolescence, le poids du silence, l'importance des moeurs et des coutumes pour u peuple partagé entre deux monde.
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Je ne sais pas si je mets 4 étoiles car je pense qu'il les vaut ou car je suis influencée par la note qu'il a.
Je vais plutôt mettre les points positifs et négatifs.
Négatifs :
- je trouve que le sujet de fond nous échappe à nous européens: le viol d'une amérindienne par un homme "blanc". Pour moi, en tout cas, un viol avec tentative de meurtre en plus, c'est juste monstrueusement grave quelle que soit la couleur de peau et c'est a priori jamais suffisamment puni y compris en France
- j'ai du mal à imaginer leur couleur de peau alors que cela semble si important et je dois me rappeler régulièrement que le héros, sa famille et ses amis sont plus ou moins "colorés" et sans doute typés
- le lieu ne me semble pas assez décrit, j'aime les romans qui habitent un endroit et là je n'arrive absolument pas à imaginer la "réserve"
- certains passages ne sont pas très clairs, je me suis demandée si la traduction était conforme

Positifs :
Les personnages sont très attachants, le héros en particulier et la très forte relation fraternelle qu'il vit avec ses 3 amis
Même si l'environnement n'est pas assez bien décrit (selon moi), les rites indiens le sont, le pow wow en particulier. J'ai pu me rendre compte que j'étais très ignorante au sujet des Amérindiens et cela m'a donné envie d'en savoir davantage.
Le roman s'arrête un peu brutalement, je me suis demandée si c'était pour une forme de morale ou car l'histoire racontée était juste terminée ( L'histoire commence avec l'agression de Géraldine la mère du héros).
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J'ai découvert cette auteure par une critique élogieuse de son dernier roman "Celui qui veille", j'ai donc eu envie de lire ses précédents romans, à commencer par ce très touchant "Dans le silence du vent" (comme titre français, j'aurais préféré la traduction du titre américain " The Round-House" qui convient mieux à mon avis).
Ce roman de Louise ERDRICH se situe dans une réserve amérindienne ( comme la plupart d'ailleurs d'après ce que j'ai compris) et l'ambiance y est très bien restituée.
L'histoire est poignante, le lecteur vit littéralement le désir de vengeance de ce garçon de 13 ans bouleversé dans sa vie jusque là heureuse par le viol qu'a subi sa mère.
Une belle découverte donc et une auteure à suivre.
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1988, l'été est là et les grandes vacances sont proches pour Antone Bazil Coutts, Joe selon son choix, le fils unique du juge tribal Coutts et de Geraldine Coutts, chargée des demandes d'enregistrement tribal sur la réserve indienne du Dakota du Nord où vit la famille. Joe est un adolescent heureux qui partage son temps entre ses amis – Cappy Lafournais, Zack Peace et Angus Kashpaw – et sa famille : son oncle Whitey qui tient une station-service avec la pulpeuse Sonja, sa tante Clemence et son mari Edward, le grand-père Mooshum et la grand-mère Initia Thunder
La mère de Joe revient un soir, couverte de bleus et d'ecchymoses, la robe poisseuse de sang et imprégnée d'essence. Elle a été violée à la maison-ronde, un lieu de rassemblement pour certains rites tribaux, et a échappé à la mort en fuyant l'homme qui voulait la brûler vive. Pourtant, elle refuse de dire qui est l'auteur de ce crime odieux malgré les supplications de tous. Il faut alors pour le juge Coutts remonter dans le passé, celui des relations troubles entre les Blancs et les Indiens, pour faire émerger la figure troublante de Linda WishKob, née Linda Lark, bébé difforme adoptée par des Chippewas, les habitants de la réserve. Il faut aussi pour Joe trouver une explication à cette poupée bourrée de dollars qu'il a trouvée au fond du lac. Enfin, il faudra à Geraldine suffisamment de courage pour raconter ce qu'il s'est passé dans la maison-ronde le jour où elle a été agressée, elle qui connaît tous les secrets de la réserve et ceux des naissances inavouables.
Louise Erdrich parvient remarquablement à nous décrire les sentiments de Joe, la perte de l'innocence enfantine devant le drame qui s'abat sur sa famille, la peur et la colère qui peu à peu envahissent son esprit. Au sein de la bande de copains, les jeux des garçons, leurs discussions sur leurs héros familiers, la transgression des premiers interdits, tout cet univers encore saisi dans la fraîcheur de l'enfance se disloque dans la confrontation à la violence des adultes. Chacun sent le poids qui pèse sur les épaules de Joe s'abattre aussi sur les siennes sans pouvoir atténuer le chagrin de Joe. Dans le silence du vent est aussi l'histoire d'une amitié indéfectible, celle qui unit Cap et Joe dans la vie et dans la mort par une fraternité indéfectible.
L'auteur restitue à merveille ce temps élastique dans lequel vivent les adolescents, les après-midi qui s'étirent indéfiniment quand on traîne d'un lieu à l'autre sans véritable occupation, la frénésie qui accompagne les courses à vélo, les nuits terrifiantes quand les cauchemars rôdent, puis le sommeil brutal, profond, réparateur qui saisit l'âme et le corps fourbus.
Enfin, la culture indienne baigne tout le livre, au travers des rêves du grand-père Mooshum, des pow-wow, des cérémonies de purification, du rapport entre les générations, de la médecine ojibwé et des fantômes. Mais le drame de l'histoire se noue également dans les règles juridiques obscures qui gouvernent les rapports entre les Blancs et les Indiens, règles qui aboutissent parfois à un déni de justice. Lentement, l'admiration de Joe pour le travail de son père s'est muée en déception – que pèse un petit juge tribal face à la justice des Blancs ? – avant de se transformer en désespoir face à l'absurdité des lois. Seule, la vengeance personnelle pourra remettre les choses à leur place, raisonnement d'un enfant. Sur ce chemin périlleux, Cap ne peut laisser seul son ami, allant assumer plus que sa part de la punition infligée au meurtrier.
Louise Erdrich nous offre un roman magnifique où chaque personnage possède une force expressive étonnante, dans la tragédie comme dans l'humour, tout en baignant son intrigue d'une poésie mélancolique et poignante. Un roman d'initiation qui trouve sa place aux côtés de celui de Harper Lee, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur.
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Comme presque toujours, Louise Erdrich nous emporte sur une réserve du Dakota du Nord...Elle abrite peut être les indiens les plus sensibles à leur condition de "vaincus" mais toujours prêt à ne pas courber la tête devant les lois de l'homme blanc.
Wounded Knee est proche dans les faits et dans les coeurs...l'ultime défaite ou plutôt l'ultime massacre...et puis la résistance de 1973 contre l'Etat Fédéral...David contre Goliath, des blindés contre des danses sacrées.

Bref nous sommes dans le décor idéal pour une histoire d'injustice: des indiens qui n'ont pas l'autorisation légale de poursuivre un blanc pour un crime avéré du moment qu'il a eu lieu sur la réserve, leur propre terre, sous leur propre juridiction.
Voyant son père incapable de poursuivre le criminel, sa mère agressée, traumatisée, le fils Joe ne peut que se tourner vers la justice de Dieu ? les esprits des ancêtres ?...ou se faire justice lui-même.
Pour Joe et ses 3 bons copains c'est un été qui changera leur vie, la sortie de l'enfance pour sauter directement dans l'âpre vie adulte.

Un livre haletant, passionnant mais aussi émouvant, de la première à la dernière page...littéralement.
Des personnages secondaires très attachants. On est presque envieux de la solidarité, de la fraternité qui règne au sein de la réserve, que ce soit au sein de la famille élargie, ou tout simplement entre indiens. Puis on se rappelle que ce sont les épreuves, la mise au banc de la société blanche qui les entraînent à développer des liens si forts ! Pas de quoi être envieux !
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Tout se mêle et s'entremêle, histoire individuelle et collective, problèmes sociaux, raciaux, Histoire américaine, éléments de droit et légendes indiennes dans ce roman qui n'a jamais réussi à m'emporter et dans lequel je me suis profondément ennuyée. La vie et les coutumes des Amérindiens ont beau être intéressantes, la multitude des thèmes abordés provoque longueurs et digressions. L'ensemble brouillon n'a fait que renforcer mon désintérêt. La rédaction est indigeste - l'absence de tirets dans les dialogues m'a été franchement pénible - et je n'ai pas vraiment ressenti d'empathie pour les personnages.
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Dans le silence du vent, par Louise Erdrich. Un bon roman est souvent un entrecroisement d'histoires, de thèmes, d'époques, qui donnent lieu à des constructions subtiles ou astucieuses, en tous cas élaborées. Là, un évènement dramatique et ses versants psycho-affectif, juridique et culturel sont l'occasion de suivre son impact sur une famille, de voir évoluer une bande d'adolescents et d'observer le quotidien d'une réserve indienne, tribu des Ojibwés, en 1988, dans l'état du Dakota du Nord. L'auteure, amérindienne par sa mère, ayant elle-même été élevée dans une réserve, son passé constitue une bonne part de son inspiration littéraire.
Le noyau du roman est l'agression et le viol de Géraldine Coutts, la mère de Joe, le narrateur, et la femme d'un juge tribal. Tandis que Géraldine s'emmure dans une régression mutique, le père et le fils s'emparent de l'enquête, suivent la piste du nouveau curé qui s'avère fausse, mettent la main sur Linden Lark, un non-indien louche, cynique, paumé, amoureux et jaloux d'une jeune fille qui disparaît. Tuée ? Probablement ! Mais Linden Lark ne reste pas longtemps à l'ombre, car la loi interdit à un tribunal tribal de juger un non-indien qui n'a pas commis son crime sur le sol indien. Or le découpage des terres de la réserve permet le doute. Cette ”innocence” parfaitement injuste est l'occasion du cri de rage empreint de férocité de Joe, qui ne rêve que de vengeance.
Dans une postface, Louise Erdrich précise qu'une femme indienne sur trois subira un viol dans sa vie, viol commis par un non-indien dans la très grande majorité des cas.
L'intrigue progresse autour de Joe et ses potes, ados turbulents, qui se pensent missionés, voudraient agir comme des adultes, nous touchent par leur sens des responsabilités mâtinés d'espièglerie. Ils vengeront la famille de Joe et la communauté, mais paieront cher leur témérité et leur insouciance quand ils voudront kidnapper la petite amie d'un des leurs.
Au-delà de l'intrigue, on appréciera une vision juste de l'adolescence, entre recherche d'autonomie, attachement émouvant à la famille, à la tribu et goût pour le jeu : ballades et figures à vélo, baignades dans l'étendue d'eau, blagues, éveil à la sexualité, plaisir à participer aux fêtes traditionnelles, etc.
Et puis on appréciera cette pénétration dans une réserve indienne où nous invite Louise Erdrich, ce lieu que l'on imagine comme un ghetto, mais où l'on vit, où l'on aime, où l'on travaille, où l'on se réjouit, où l'on s'entraide dans les moments difficiles, où l'on se forge une identité avec fierté, où l'on respecte des traditions, des légendes véhiculées par les anciens, une culture, une langue, tout en ayant adopté l'American way of life (télé, voiture, église, fast food…).
Un livre riche, dense, captivant, malgré une fin tragique, peut-être artificielle (une habitude chez Erdrich ?).
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Autant j'avais aimé "La chorale des Maîtres bouchers" et "La malédiction des colombes", livres denses et exigeants, âpres et prenants... autant, j'ai peu apprécié "Dans le silence du vent". Déjà le titre passe-partout +++. Puis l'histoire qui oscille et se traine entre drame intimiste, chronique familiale, ethnique, problèmes sociaux, raciaux, légendes indiennes, Histoire américaine, éléments de droits... comme des vagues successives plus ou moins empilées... n'a jamais réussi à m'emporter. Qui trop embrasse mal étreint.
Peu d'empathie pour les personnages et une histoire qui s'éternise...
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