«
Dans le silence du vent » se situe au coeur d'une réserve indienne du Dakota en pays Ojibwa. En mai 1988, un drame va anéantir, une famille, Joe, 13 ans, son père juge au tribunal tribal : Geraldine, généalogiste de métier, rentre chez elle, dans une détresse extrême elle vient d'être brutalisée et violée par un individu dont elle ne peut donner le signalement….
Le drame revêt une caractéristique particulière, il se situe en territoire indien, dans une Amérique (et en 1988) où la juridiction est encore en la matière peu ou prou clairement établie : le meurtrier est-il Blanc ? Amérindien ? le crime a-t-il eu lieu sur la portion de terre, dont la juridiction est indienne, ou blanche ? le meurtrier court-il encore, et peut-il être puni emprisonné, si oui, ce sera la paix pour cette famille, si non le cauchemar persistera pour tout le monde. Joe, le fils ne peut laisser le crime impuni aussi bien que son père d'ailleurs mais le père est juge, le fils est jeune, libre, il porte en lui tout l'honneur d'une race, d'une tribu, pour qui l'injustice est le mal suprême. Trouvera-t-il le coupable, aidé de ces copains, il mènera son enquête, Quelle en sera l'issue… ?
En attendant, le déroulement du fait divers,
Louise Erdrich nous emmène dans un pays inconnu, magnifique, aux histoires des « premières nations », des légendes, qui deviennent des coups de coeur, des personnages mystérieux et autrement atypiques que les amérindiens de « nos chers westerns ». Les rêves des uns deviennent les prédictions des autres, des danses bariolées, des fêtes initiatiques nous enchantent. La narratrice fait preuve d'une connaissance extraordinaire, et nous subjugue de ses récits tout au long des 460 pages de son livre. Non seulement l'enquête, les recherches pour retrouver le meurtrier nous passionnent, mais l'intrigue « policière » devient rapidement une étude sociologique et anthropologique d'une « nation », agrémentée par tout ce qu'il y a de bizarre, de différent, dont l'intérêt jamais ne s'estompe. Nous partons à la recherche d'un meurtrier et nous entrons dans un bois dont les différentes issues mènent au paradis ou à l'enfer, à la justice ou à l'injustice, au meurtre ou à la vengeance, à la soumission ou la rébellion. C'est tout cela, ce livre, ces récits, menés de main de maître par
Louise Erdrich que je me permets de saluer bien simplement pour le chef d'oeuvre qu'elle nous fait partager… Dans un style extraordinaire, digne des plus grands écrivains américains ou autres. Quelle finesse, voilà une bien grande dame.