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4,08

sur 507 notes
C'est à l'âge adulte que Joe nous raconte son histoire survenue en 1988.

1988 Joe, 13 ans vit dans une réserve indienne du Dakota du Nord.
Il vit une adolescence sereine, toujours accompagnée de ses 3 copains.
Son père est juge, sa mère avocate, il est élevé au sein d'un couple aimant. Ils ont eu Joe par surprise, sur le tard et pour eux il est le centre du monde.

Tout bascule le jour où la mère de Joe est agressée par un blanc.
Joe veut retrouver l'auteur des faits. Au début il assiste son père dans cette quête mais celui-ci voulant protéger son fils lui demandera d'arrêté ses recherches car le danger est présent et il veut protéger son fils.
Alors Joe va chercher des indices avec l'aide de ses copains
Retrouver le coupable est le seul moyen de retrouver sa vie d'avant. Il va être le long et compliqué le chemin pour parvenir à l'aboutissement de ce souhait.

C'est par hasard que j'ai découvert ce livre écrit par une auteur que je ne connaissais pas et dont l'écriture ne m'a pas laissée indifférente.
Par ce récit dense et poignant, l'auteur met en lumière un sujet malheureusement toujours d'actualités aux États-Unis : l'injustice subie par les femmes amérindiennes victime de violence.
Le sujet est magistralement traité, avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, Une histoire qui a pour but d'éveiller les consciences.
On ne peut rester insensible à la douleur de Joe face à la détresse de ce que sa mère à subit. Il veut retrouver sa vie d'avant et pour cela il ne voit qu'une seule solution, retrouver le coupable coût que coûte, faisant abstraction de tout danger. Il n'a pas conscience du prix que lui-même va payer : son enfance, un ami…
Un récit marquant, à lire absolument.
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Je ne sais plus qui, parmi mes amis de Babelio, m'a donné envie de découvrir l'oeuvre de Louise Erdrich, auteure que je ne connaissais pas. Étant très attirée par la culture amérindienne, je me faisais une joie de lire ses récits puisqu'elle est elle-même descendante de la tribu Ojibwa. "Dans le silence du vent" a tout de même reçu le National Book Award en 2012, prix décerné par les libraires américains, qui distingue le meilleur livre de l'année.

Oui, mais voilà, j'ai souvent des problèmes avec les livres ayant obtenu des prix prestigieux et qui récoltent des superbes moyennes sur Babelio (4.05/5 avec 320 notes pour celui-ci). Il est vrai que je nage souvent à contre-courant...1/2 étoile, signe d'abandon chez moi. Malgré tous mes efforts, je rends mon tablier page 307.
Je comprends tout à fait l'intention louable de Louise Erdrich de vouloir attirer l'attention sur la situation du peuple amérindien et sur les discriminations dont ils sont victimes, notamment au niveau de la justice. L'histoire de Joe et de sa mère était au début dramatiquement intéressante mais l'écriture a agi sur moi comme un véritable repoussoir. Je ne sais pas si cela est dû aux difficultés rencontrées lors de la traduction d'une langue somme toute très imagée. J'ai déploré que l'auteure s'égare dans de multiples diversions et mette en scène trop de personnages secondaires plutôt que de s'en tenir à la trame principale. Je note aussi que le fait de noyer les dialogues dans le récit sans signes de ponctuation distincts, ne facilite pas la tâche. le monde des esprits si important dans cette culture n'a été pour moi malheureusement qu'un brouillard impénétrable.
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Ce qui m'a frappé en lisant ce livre est la justesse avec laquelle Louise Erdrich nous fait partager, pudiquement, les émotions de ses personnages. Rien n'est plus difficile que de montrer le ressenti d'une femme violée, le comportement de ses proches, dont tout l'amour ne parvient pas à la faire sortir de sa torpeur. Son mari, son fils sont essentiels, parce qu'ils sont prêts à la soutenir, jour et nuit. Mais ils se sentent terriblement seuls : Et voilà ce que je n'ai pas compris à l'époque, mais que je comprends aujourd'hui – la solitude. J'avais raison, dans cette histoire, il n'y avait que nous trois. Ou nous deux. Personne d'autre, ni Clemence, ni même maman, ne se souciaient autant que nous de ma mère. Personne d'autre ne pensait à elle jour et nuit. Personne d'autre ne savait ce qui lui arrivait. Personne d'autre ne voulait à tout prix autant que nous deux, mon père et moi ,retrouver notre vie. Revenir au Temps d'Avant.
Joe essaie de trouver du réconfort, à défaut de la félicité perdue, auprès de sa tante Sonia, de sa tante Clémence. Il observe les adultes, qu'il juge trop passifs – sauf peut-être l'aïeul de la famille, qui, en guise de méditation, lui conte les légendes de son clan. Il porte ses soupçons sur le nouveau prêtre, qui, d'un regard ou presque, lui fera comprendre son erreur.
Mais dehors, il y a celui qui a fait cela, et pire encore, et qui tourne autour de la réserve, comme le loup autour de l'agneau. Angoissant ? Oui, car l'impunité le rend capable de tout, il joue avec les nerfs des indiens qu'il méprise. Au passage, l'auteur nous montre comment une bonne action, même une très bonne action, approuvée par tous, peut comporter sa part de mal (et de malheurs pour autrui).
Comme dans Un été avec Kim Novak d'Hakan Nesser, des commentaires nous montrent le narrateur devenu adulte. Il n'est pas parti cultivr des Jacaranda en Uruguay, il a repris le combat paternel pour la justice – et a toujours nommé ses chiens Pearl, comme celle que son père avait adoptée pour guetter le moindre bruit, le moindre son, signal d'un danger en approche.
Je terminerai par cette citation :
"justice sera faite. Et cela nous aidera, je crois. Cela t'aidera même si maintenant tu sembles croire que non, que rien ne t'aidera, même pas l'amour immense qu'il y a dans cette pièce."
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Louise ERDRICH Dans le silence du vent.

Je ne quitte pas les États Unis. Après un western dans le Wyoming, je suis dans le Dakota du Nord, et plus précisément dans une réserve d'indiens. Ces territoires réquisitionnés par le gouvernement américain et attribués avec largesse aux peuplades amérindiennes. Attention ces réserves dont ils ne doivent pas sortir ou peu mais où n'importe quel autre citoyen américain peut aller et venir sans avoir à se justifier. Oui, deux poids, deux mesures. N'est-ce pas de la ségrégation, du racisme, de l'ostracisme ?

Joe, une jeune garçon de treize ans, fils d'un juge et d'une mère avocate, tous les deux au service des affaires amérindiennes, vit en harmonie dans ce foyer aimant. Il grandit paisiblement, entouré de trois amis, véritables camarades. C'est Virgil Lafournais dit Cappy, Zack Peace, et Angus Kashpaw, tous compagnons, à la vie , à la mort. Mais cette harmonie va être brisée par l'agression et le viol de la mère de Joe. Traumatisée, elle sombre dans une profonde dépression. Joe et ses amis, face à l'incapacité des services policiers, juridiques décident de chercher le coupable. Ces jeunes gens, en pleine adolescence voient leurs jeunesse perdue et ils vont grandir plus vite, devenir des adultes, avant l'heure. Joe n'aura de cesse de trouver l'agresseur et de faire justice. Sera-t-il un fin limier ? Parviendra-t-il à redonner le sourire à sa mère. le foyer va-t-il se disloquer ou faire front commun ? N'oublions pas que les parents sont tous deux au service de la justice !

Plongeon en apnée dans ce drame qui sape l'innocence de ces jeunes adultes en quête de leur autonomie, de leurs premiers émois amoureux, de la recherche de leur identité. C'est la fin de leur insouciance. Louise ERDRICH, en fine spectatrice nous trace le portrait de cette jeunesse recluse dans ces réserves, elle est elle-même amérindienne et connaît bien les lois, faites par les blancs et applicables aux non blancs, ces indiens auxquels on a tout pris. Elle nous transmet les légendes que colportent les anciens, respectés de tous et veillant les uns sur les autres. Ces populations se réunissent et s'entraident. Mais la justice entrave leurs actions. Il est formellement interdit de poursuivre en justice des non Indiens qui commettent des délits sur la terre allouée à ces indiens. Je conseille la lecture de ce roman qui dépeint la culture , les croyances, les rêves de cette jeunesse brisée. Je vous recommande son dernier roman : »L'homme qui veille la nuit », paru début 2022, l'histoire de son grand-père, romancée mais basée sur des faits historiques. (28/04/2022).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Lecture agréable au style fluide, du genre thriller. Des aperçus intéressants sur la situation économique, juridique, administrative des indiens d'Amérique du Nord. Sur leurs coutumes aussi.
Il y a pas mal de longueurs : on y passe beaucoup de temps à manger, boire, à faire les courses, le plein de carburant et changer les pneus. Mais surtout à manger. Les quantités de nourriture ingurgitées dans ce roman sont vraiment hallucinantes. Cela fait un peu délayage, l'histoire aurait gagné en rythme avec cent pages de moins.
Ce n'est pas un grand livre mais on peut l'emporter avec soi pour passer quelques jours de vacances.
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Le récit est avant tout l'apprentissage de la vie d'un jeune garçon, Joe surnommé Oups par son grand-père Mooshum, confronté à la brutalité, la violence et l'injustice mais aussi la vie de la communauté amérindienne parquée dans une réserve où leurs droits sont restreints, dont les terres ont été confisquées, volées et où les non-amérindiens ont tout pouvoir, où règne l'injustice envers cette communauté qui, ne l'oublions pas, était présente lors de la découverte du continent. 

De la même façon que Joe arrache des pousses d'arbres autour de sa maison, il va s'investir d'une mission : celle de sauver sa famille, touchée par un dramatique événement, qui transforme la douceur familiale en cahot.

Des petits arbres avaient attaqué les fondations de notre maison. Ce n'étaient que de jeunes plants piqués d'une ou deux feuilles raides et saines. Les tiges avaient tout de même réussi à s'insinuer dans de menues fissures parcourant les bardeaux bruns qui recouvraient les parpaings. Elles avaient poussé dans le mur invisible et il était difficile de les extirper.

Joe découvrira que son père, qu'il admire n'est qu'un juge de petite affaires se résumant à des conflits dans la communauté, que sa mère si vivante se transformera en fantôme silencieux, que le couple uni qu'ils formaient est au bord de la désintégration et que tout l'équilibre de sa vie est compromis.

Il aurait mieux valu n'importe quoi plutôt qu'elle prenne l'escalier dans cette suspension glacée des sentiments. Elle portait une robe bleue toute simple, ce soir-là. Pas de bas. Une paire de mocassins noirs Minnetonka. Tout en montant marche après marche, elle regardait droit devant elle et sa main tenait fermement la rampe. Ses pas étaient silencieux. Elle semblait flotter. Mon père et moi l'avons suivie jusqu'à la porte de la chambre, et je crois qu'en la regardant nous avons tous les deux eu l'impression qu'elle s'élevait vers un lieu d'extrême solitude dont on risquait de ne jamais la ramener.

Trouver le coupable va devenir son obsession et  va mettre à jour des dossiers sombres, des trafics , des non-dits, des révélations dans lesquelles celle que l'on a répudiée car différente va sauver celui qui va se transformer en monstre, où la justice ne sera pas rendue à la hauteur du crime, où la trahison peut survenir de personne que l'on aimait....

Je devais faire ce que je devais faire. Cet acte était devant moi. Dans l'étrange lumière, une sensation d'affolement m'a à ce point submergé que les larmes me sont montées aux yeux et qu'un seul son étranglé, un sanglot peut-être, un déchirement de souffrance, a jailli de ma poitrine. J'ai croisé les poings dans les mailles du tricot et les ai pressées contre mon coeur. Je ne voulais pas laisser échapper le son. Je ne voulais pas donner une voix à ce bouillonnement de sensations. Mais j'étais nu et tout petit face à sa puissance. Je n'avais pas le choix. J'ai étouffé les sons que je produisais de sorte que je sois seul à les entendre sortir de mon corps, répugnants et étrangers. Je me suis allongé par terre, j'ai laissé la peur me recouvrir, et essayé de continuer à respirer pendant qu'elle me secouait comme un chien secoue un rat.

L'auteure porte un regard sans complaisance  mais aussi avec tristesse sur une communauté qu'elle connaît parfaitement puisqu'elle en fait partie (mère amérindienne et père germano-américain) et s'inspire, je pense, de ses propres souvenirs pour construire ce roman. Elle relate les traditions et croyances de son peuple en intégrant entre autre des petits contes, légendes, racontées  par Mooshum, des cérémonies de purification, mais en intégrant également la présence d'un personnage blanc, le père Travis, qui lui aussi a ses souffrances, ses blessures.

La narration est faite par Joe lui-même, adulte, qui porte un regard à la fois bienveillant? indulgent sur l'enfant qu'il était, sur sa famille avec les figures marquantes de Clémence et Edward, sa tante et son oncle, Sonja et Whitey qui tiennent la station-service, elle, objet de tous ses fantasmes d'adolescent et lui, jaloux et alcoolique élève des chevaux et surtout Mooshum, le grand-père, passeur de légendes, d'histoires et mémoire de la famille.

Durant ma lecture j'ai beaucoup pensé aux deux romans de Harper Lee :  Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur , Va et poste une sentinelle,ou le coeur est un chasseur solitaire  et Frankie Addams de Carson Mc Cullers qui sont aussi des romans d'apprentissage dans la littérature américaine, à travers un événement familial ou douloureux, le jeune adolescent passe de l'enfant à l'âge adulte.

C'est une écriture limpide, pleine d'émotions, de sensations, tendre envers ce jeune garçon brutalement confronté au désarroi de ses parents, au silence qui entoure le drame, on sent la tension montée, l'intrigue est bien construite, le regard lucide sur la perte de repères de certains : alcool, violence, désoeuvrement dûs pour la plupart à la perte de leurs terres, traditions, dignités mais aussi à la perte des immensités, de la nature et de ses habitants, à son respect.

J'ai aimé l'ambiance de cette communauté, des réunions chamaniques, où tout le monde se connaît, s'entraide ou pas, le respect des ancêtres, l'écoute des jeunes pour perpétuer les souvenirs qui risquent de disparaître.

Parler d'un peuple, son peuple à travers une fresque romanesque est une façon de continuer à exister, à perpétuer leur savoir et leur rendre justice dans leurs luttes. Ils restent des voix que portent les livres et que ces voix entendent dans le souffle du vent.
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Dans une réserve indienne du Dakota, Géraldine, une amérindienne, se fait violer. Son fils de 13 ans va mener l'enquête…



Les Indiens ont été "privés du droit de poursuivre en justice des non-Indiens qui commettent des délits sur leurs terres". Effarante loi qui condamne les Indiens à subir celle des blancs (et leurs délits) sans pouvoir se défendre ! L'action se déroule en 1988 mais l'auteure précise dans sa postface qu'il en est de même aujourd'hui… Enchevêtrement de lois qui empêche toute poursuite judiciaire !

Ce roman ne pourrait être qu'un réquisitoire contre les méchants blancs qui oppriment les gentils Indiens. Mais non ! Il est bien plus que cela, c'est un grand roman ! Magistralement écrit.

L'auteure s'est glissée avec aisance dans la peau d'un jeune adolescent torturé, perturbé par le viol de sa mère. Avide de justice, il part à la recherche de la vérité. Mais il est aussi un jeune, avec des copains et des préoccupations de son âge. L'auteure jongle sans cesse entre la gravité de la situation et l'apprentissage des adolescents en matière de filles, d'alcool, de cigarettes… Certaines scènes sont d'une cocasserie incroyable… (le striptease de Sonja ou la confession de Cappy…)

Les personnages secondaires mettent du piment dans l'histoire et sont autant de jalons sur le chemin escarpé de Joe pour devenir adulte comme par exemple, Mooshum, nourri au sein des légendes indiennes, et qui apporte une touche d'humour et de tendresse.

C'est un grand roman en ce sens qu'il raconte une histoire avec de multiples personnages et immerge le lecteur dans un univers dépaysant mais c'est aussi une violente diatribe contre l'injustice dont sont victimes les femmes amérindiennes.
Lien : http://krolfranca.wordpress...
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C'est drôle parce que moi, le vent, je l'associe pas trop au silence. Ou alors il faut mettre des boules quies avant de s'exposer. Et là on comprends mieux, on ressent toute la violence du vent mais au lieu de l'entendre on entend ses propres bruits, ceux de l'intérieurs (c'est justement pour ça que je déteste mettre des boules quies, ça me fout les jetons d'entendre mes bruits du dedans). Ou alors, autre possibilité, le vent fait tellement de bruit qu'au bout du compte ce tumulte sert à dissimuler tout le reste, les hurlements, les pleurs, les appels à l'aide. Oui, oui, sans doute, c'est sans doute ça…

C'est bon, ne vous inquiétez pas, c'est pas pour noyer le poisson que je m'interroge comme ça sur le titre. C'est juste histoire de commencer par le commencement, de commencer tout court en réalité. Une fois n'est pas coutume et je vais le signaler sans plus attendre : ce livre est magnifique ! C'est mon premier Louise Erdrich et certainement pas mon dernier, c'est une évidence.

Encore un roman sur l'enfance, la construction d'un être, encore un roman sur la justice ou l'injustice (ce qui revient souvent au même), encore un roman sur la condition d'un peuple relégué au rang de sous-hommes, encore encore encore donc. Mais attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, encore ça ne veut pas dire une fois de trop, non, il faut en écrire des tonnes et des tonnes des livres comme ça, il faut continuer à montrer ce qui se passe, il faut nous mettre le nez dedans puissance mille, il faut le faire pour espérer que les choses changent un jour. Mince espoir mais bon...
Si je disais “encore” c'est parce que j'ai pensé - en lisant - au Montana 1948 de Larry Watson ou à L'oiseau moqueur de Harper Lee. J'y ai pensé parce que ces histoires ont un point commun, un narrateur enfant “au moment des faits”, Scout, David et ici Joe sont trois enfants qui voient s'effondrer leurs illusions sur le monde des adultes au travers d'une affaire relevant de ce qu'on appelle communément (pompeusement ?) la Justice avec un grand J. Dans les trois cas d'ailleurs, je viens de le remarquer, un des parents de l'enfant occupe une fonction en rapport avec la loi, avocat, juge ou shérif. Dans les trois cas la notion de justice est toute relative et dans les trois cas on se prend en pleine face des préjugés raciaux issus d'un autre temps mais qui apparemment ont la vie dure.

Voilà, ça c'est pour expliquer le “encore”. Après, ce qui change ici, ce qui fait que ce livre acquiert une toute autre dimension (à mes yeux), c'est justement un peu une histoire de boules quies, une histoire d'intériorité quoi (pour ceux qui ont suivi). Oui, je pense que pour écrire Louise Erdrich doit mettre des boules quies et écouter ses bruits du dedans. Et les bruits qu'elle entend là-dedans, les silences qu'elle entend aussi, résonnent avec force dans son écriture parce que ce qu'elle écrit entre en résonance avec une partie de sa propre histoire. Les affaires indiennes, ça lui parle, et pour cause : d'origine Ojibwe par sa mère, elle souhaite honorer la mémoire de ses ancêtres de la réserve de Turtle Mountains. Donc c'est ça le secret, Louise Erdrich est vraiment DANS le silence du vent, elle sait de quoi elle parle, le vent lui murmure ses secrets dans le creux de l'oreille et elle parvient à placer réellement le lecteur dans la peau du jeune Joe. Avec lui, on apprend que les cris silencieux sont souvent ceux qui déchirent le plus le coeur et ceux qu'on ne peut pas cesser d'entendre, jamais…
Implacable et magnifique, de A jusqu'à Z.

Alors oui, Dans le silence du vent vous trouverez beaucoup de grandes questions, la perte de l'innocence, l'égalité devant la loi, la possibilité ou non de se reconstruire après un traumatisme, l'influence de l'histoire familiale sur le développement d'un enfant (ce genre de trucs bien légers on est d'accord) et, bien entendu vous devez vous en douter, la plupart des réponses iront se perdre dans le vent… C'est la vie, c'est comme ça, Bob Dylan le savait déjà ♪ ♫ The answer, my friend, is blowin' in the wind....
Lien : https://tracesdelire.blogspo..
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C'est le plus abouti des romans de Louise Erdrich que j'aie lu; presque un roman policier avec son lot d'infractions de délits et de meurtres, de coupables, d'enquêtes, et d'ambiance lourde d'angoisses. Rien ne manque au genre et pourtant s'en dégage en même temps une fraîcheur juvénile: celle de Joe, le protagoniste et narrateur, un caractère finement analysé et tellement bien dépeint par la romancière qu'on croirait le côtoyer dans le quotidien de sa vie d'ado sur sa réserve indienne. "Dans le silence du vent" 'est un roman que j'ai lu rapidement tant il est facile d'y entrer, de se laisser porter puis de tomber sous le charme de l'écriture dans l'envoûtement de son univers qui nous fait passer avec Joe le seuil tourmenté de la puberté, en allers-retours entre le cocon de l'enfance protégée et l'angoisse de la vie adulte responsable.
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Dés les premières pages, on est persuadé qu'on tient un très bon roman, l'histoire est rapidement captivante.
Dakota du Nord, dans une réserve indienne. Géraldine, une employée à l'administration tribale, est sauvagement violée. Elle en gardera de graves séquelles physiques et psychiques.
Les soupçons sont vite orientés vers des blancs.
Son mari, juge à l'administration tribale, ne peut que se résigner devant une situation inique : l'impuissance de la loi tribale face aux crimes commis par les non-Indiens sur la terre des Indiens.
Ce viol sera-t-il impuni ? Confortera-t-il le rapport 2009 d'Amnesty International : ‘une femme amérindienne sur trois sera violée au cours de sa vie ; 86% des viols et des violences sexuelles dont sont victimes les femmes amérindiennes sont commis par des hommes non-amérindiens ; peu d'entre eux sont poursuivis en justice'.
Joe, son fils âgé de 13 ans, refuse cette fatalité. Dans sa quête de justice et de vengeance, il ira jusqu'à demander au curé : ‘C'est quoi les Péchés qui Réclament Vengeance devant Dieu ? le meurtre, la sodomie, escroquer un ouvrier, opprimer les pauvres, lui répond-t-il'. Joe conclura que la sodomie incluait le viol.
Cette histoire très inspirée de la réalité, m'a énormément appris sur l'univers des tribus indiennes, l'obsolescence et l'iniquité des lois américaines qui les régissent.
Ce roman qui a reçu le National Book Award en 2021, m'a fait découvrir une talentueuse écrivaine : Louise Erdrich.
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