Les yeux ouverts
le fardeau imaginaire
la mémoire vive
aucune formule ne restreint la légende.
Carnet Lambert
faites que quelque chose reste droit
n’importe quoi
mais qu’au moins cette chose reste droite
la vue devient de plus en plus faible
faites que je puisse voir encore.
Des hommes sont venus.
Ils parlaient fort pour se vendre
ils n’arrêtent pas de se vendre
entre les biscottes à beurrer et les nouvelles du jour.
Carnet Lambert, tout le monde le sait, ce n’est pas un secret.
Tout le monde le voit mais personne ne l’attrape.
D’une génération à l’autre
le Carnet est de plus en plus épais
de plus en plus fin
de plus en plus de mots incompréhensibles
de chiffres, de versions contradictoires
de plus en plus de clarté dans l’espace vide.
Plus touffu le motif des vivants
l’origine à la matrice revenue en elle
le souffle, la main s’ouvrait.
La colonne des noms
la profusion des dates
la fin d’avant la fin
rumeur du jour à l’aube
clarté de l’esprit silencieux.
J’ai été dépêché, j’ai vu des malfaçons, pages arrachées, recopiées, avidité du mensonge, annuaires du pouvoir, pauvre sifflement de moineau à l’agonie.
La commande automatique était prête.
La modélisation semblait parfaite.
Je sentais la lame sur ma peau.
De loin, un continent.
De très près
quarks, neutrinos
trou noir.
Pour revenir, des bactéries.
[Lecture]
Pierre Escot
"Triptyque de la peur"
Capsule #3 de la conférence "Lausanne-Quincampoix Express" proposée par les éditions art&fiction, réalisée à l'occasion de la deuxième édition en ligne des Littératures suisses d'automne au CCS (2020)
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