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Stéphane Carn (Traducteur)
EAN : 9782709630719
457 pages
J.-C. Lattès (06/05/2009)
3.4/5   63 notes
Résumé :
Durant des millénaires, une île isolée au coeur du Pacifique a développé une flore et une faune suivant des règles d'évolution défiant toutes les règles des théories scientifiques. Restée préservée par son éloignement de tout contact humain, elle est totalement inconnue des cartes et des routes maritimes, à part une mention rapide dans le journal du capitaine de la Rétribution au 18e s à la recherche des révoltés du Bounty.
C'est pourquoi, l'équipe de télé-ré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Sympatoche , puissance 10 .

Un sens of wonder très maîtrisé .. drôle à souhait , périlleux ET effrayant … toussa , toussa ….

Ce roman est un des quelques must sur la thématique de la biosphère étrangère .
Le texte m'a rappelé que sur notre propre monde il existait des biosphères étrangères ( Les abysses , les poches dans les banquises , des grottes profondes … ) …
L'auteure qui est bien placée pour le savoir , part ici de l'hypothèse d'une ile mystérieuse , pour nous balader dans un univers qui prouve que le vivant peut s'organiser sur des bases radicalement différentes et variées en fonction des milieux et des stratégies de reproduction .
Il y a vraiment dans ce roman un remaniement profond et fondamental , de l'ordonnancement des espèces , qui fait par exemple que le distinguo entre les végétaux et les animaux n'a plus de réelle pertinence , entre autres extrapolations …

Les vingt premières pages sont entre les voyages de la calypso , ceux du regretté Sieur Cousteau , et ceux de la croisière s'amuse .
C'est désopilant ... tellement bien pensé .. tellement caustique et tellement pas méchant et bien vu que c'est irrésistible .

Le drame , qui n'est pas absent est traité d'une façon assez spéciale .
Je dirais d'une façon abrupte et amortie en même temps et cela créé une ambiance assez particulière un peu aigre douce par moments , avec parfois une mélancolie drôle ou encore une drôle de mélancolie , sourire

Il y a une pilule à gober au début :
Une île dans les 40e rugissants n'a jamais été explorée par l'homme ni contactée par une forme de vie classique depuis le cambrien .
La vie y a pris des chemins différents des chemins qu'elle a pris dans le reste du monde .
Les hypothèses sont aussi crédibles et argumentées que avenantes..

C'est de la hard science excessivement digeste dans un roman pour tous les âges .
Ce n'est pas que drôle , c'est une balade hallucinante sur une île mystérieuse dont les habitants sont d'une voracité extrême .

Le lecteur croise une profusion d'images solides , d'espèces crédibles .
L'auteur démontre une grande maîtrise de l'histoire des espèces animales fossiles avec les classiques extrapolations portants sur les parties molles non conservées par la fossilisation .
Elle se livre également à une réflexion autour des espèces contemporaines qui nous environnent en mobilisant les sciences du vivant en général .

J'ai beaucoup aimé ce roman burlesque et bien documenté .
Je reconnais que la fin peut avoir un peu de mal à passer mais perso : j'ai accepté de tout gober .

On devait vraisemblablement adapter ce roman au cinéma ...
J'espère que ce sera réussi et que cela se fera , car cet univers est fabuleusement somptueux et l'histoire contient une savoureuse satire .
Avec un humour nuancé , souvent de situation , qui se réfère à cet environnement spécifique .

Ce texte affiche pourtant quelques défauts , autour des structures profondes de certains des personnages et dans la donne autour de quelques situations qui sont occasionnellement caricaturales .
Un peu de lourdeurs qui se dépassent allègrement ( à mon humble avis ) car cette ile hallucinante est une véritable claque et parce que beaucoup de choses autour de la nature humaine sont bien vues et gentiment dénoncées .

Ces réflexions sur la nature humaine sont données sans aigreurs , sans véhémence et sans violences , une attitude dont beaucoup de nos contemporains devraient s'inspirer …
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L'histoire d'une île, isolée au mileu de nulle part, entourée de 2500 km d'océan pacifique, en dehors de toute route commerciale, connue mais non explorée (on aurait du mal à gober l'existence d'une île inconnue quand même).
Sur cette île, depuis des millions d'années, s'est développé un nouvel écosystème. Une faune et une flore hyper-compétitive, hyper-agressive qui feraient passer les plantes de le jour des Triffides, pour d'aimables bégonias desséchés et la créature d' Alien pour un aimable bisounours en manque d'amour.

L'auteur nous offre un roman plein d'action, avec des descriptions hallucinantes des nouvelles espèces impitoyables et trash, se livrant à une guerre d'extermination, championnes de la survie et de la perpétuation.
Un livre d'action mais aussi de hard science sur la biologie (pour une fois qu'on ne parle pas de physique théorique...) assez poussée mais très digeste et instructive bien que parfois un peu donneuse de leçon sur l'homme et son avenir.

Des dialogues plein d'humour, des personnages intéressants. L'oeuvre aurait pu mériter 5 étoiles, mais les développements de l'intrigue et des nouvelles créatures dans le dernier quart du livre décrédibilisent un peu l'ensemble. Oui, ces développements seront du plus bel effet dans une éventuelle adaptation à Hollywood (action, trahison, créatures encore plus surprenantes si c'est possible), mais ils font tâche (pour moi) dans la cohérence du roman. Pas au point de gâcher l'ensemble, mais suffisamment pour émettre un bémol à une critique qui sinon aurait été beaucoup plus enthousiaste.

Bref, un excellent divertissement malgré une pilule finale assez difficile à avaler.
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Je suis un très bon public quand il s'agit d'histoires qui mêlent des récits d'explorations et des catastrophes, qu'elles soient climatiques, dues à des animaux dangereux, à des virus, ou à n'importe quoi d'un peu étrange et inquiétant.
Avec "Fragment", j'ai été servie !

On a une île qui n'a encore jamais été explorée, une faune et une flore déroutante , une émission de télé-réalité, des scientifiques qui se tirent dans les pattes, des enjeux financiers et politiques, une catastrophe planétaire annoncée, et tout ça forme une intrigue qui se lit à toute vitesse malgré les 500 pages du roman.

Bien sur, la crédibilité de l'histoire est très mince mais ça ne m'a pas gêné du tout.
J'ai eu l'impression d'être moi aussi en train de fouler une terre vierge, de découvrir des plantes et des animaux fabuleux et terrifiants, j'ai eu peur de ne pas en réchapper et j'ai aussi été émerveillée par certaines découvertes incroyables.
Ce récit d'aventures est palpitant et j'ai trouvé que les descriptions des plantes et des animaux de l'île étaient vraiment originales et faisaient autant rêver que frissonner d'effroi.
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Étant friand de Botanique et de Biologie, le roman de Warren Fahy me semblait tout à fait approprié comme lecture.

Déjà, j'ai eu une réticence au début de l'histoire. Mon esprit cartésien a malheureusement écrasé celui de l'imaginaire. Imaginons une île totalement oubliée de la conquête des êtres humains. Imaginons que cette île a toutefois été découverte au XVIIIème siècle, mais que capitaine de bord a décidé de l'ignorer. Imaginons qu'avec toutes les expéditions, même les plus éloignées (Antarctique), personne n'a eu l'idée – pas même les plus grands scientifiques tels que Darwin, Linné, de Bougainville,… – de poser le pied sur cette île. Imaginons maintenant qu'une équipe de scientifiques passe au large de ladite île et soient obligés d'y faire escale parce qu'ils ont reçu un appel d'urgence. Voilà ce qu'on essaye de nous faire gober et voilà pourquoi je n'ai jamais réussi à rentrer dans l'histoire.

Le mot qui revient le plus à mon esprit avec ce livre c'est “trop“ : trop long (500 pages), trop démesuré (des insectes qui font deux fois la taille d'un tigre du Bengale), bestiaire trop parfait dans leur anatomie, trop hollywoodien,…

Dans son récit, Warren Fahy sème le trouble. Il utilise des noms familiers pour ses créatures qui ne sont en rien ce qu'elles représentent. Ainsi le rat des Henders n'est qu'un mélange entre la mangouste (l'arrière-train) et la mante religieuse (la partie supérieure), une alliance horrifiante. Les fourmis disques sont loin d'être des fourmis telles que nous les connaissons. Ce sont des bêtes sphériques capables de rouler sur elle-même, mais aussi d'être aussi bien sur le dos que sur le ventre. J'ai lu également les spiders-tigres dont je ne me souviens plus la forme. Quoi qu'il en soit, il est difficile de se faire une idée sur la faune tant leurs noms sont contradictoires. Toutefois, une fiche des deux premiers animaux se trouve à la fin du livre, bien que j'aurais préféré qu'elles se trouvent dans le récit, lorsque les scientifiques font une autopsie.
Si la faune est bien décrite, la flore – à ma plus grande déception – est totalement absente. Les mousses sont des sortes d'animaux.

Curieusement, j'ai davantage apprécié la seconde partie, avec l'arrivée de la créature des Henders. J'ai l'impression d'avoir lu un livre orienté Fantastique et non Science-Fiction. On y trouve une sorte d'humour bienvenue. Cela dit les quinze/vingts dernières pages m'ont paru potache.

J'ai eu l'impression que « Fragment » n'était davantage qu'un scénario, qu'un roman. le tout est cependant très dynamique et se lit très facilement. À mon sens, Il y a du bon et du moins bon dans ce livre. Dans la première partie, j'ai préféré les discours scientifiques de Geoffrey Biswanger.
Je n'ai pu m'empêcher de penser à une chanson à chaque fois que j'ai lu le nom de Warbuton (Stars of Warburton).

On notera également un discours omniprésent moralisateur sur l'impact de l'être humain sur son environnement, ce qui pourrait déplaire à certains. Pour ma part, cela ne m'a pas dérangé plus que ça. J'ai même été plutôt d'accord avec tout ce qui a été dit. Pas plus tard qu'il y a deux jours, j'ai vu un beau spécimen d'un bon quintal, jeter un emballage plastique par la vitre de son véhicule.
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Henders
Imaginez une île en plein milieu du Pacifique, à 2500 kilomètres de la terre la plus proche… Une île qui n'a jamais été explorée mais qui a été mentionnée par certains marins dans leurs journaux de bord, dont le premier, le capitaine Henders, au XVIIIème siècle, lui a donné son nom… Une île dont on ignore tout mais qui aiguise la curiosité de certains scientifiques, comme par exemple celle de Nell Duckworth une botaniste, qui a l'opportunité inouïe de s'y rendre avec une équipe de… téléréalité ! Sealife, ce show américain, embarqué sur le Trident, un magnifique bateau explorateur, ambitionnait ni plus ni moins de faire vivre au jour le jour un tour du monde maritime dans les plus beaux endroits de la planète : l'Ile de Pâques, les Galapagos… et même l'île de Pitcairn et ces célèbres réfugiés. Alors que le show s'enlise quelque peu, un signal de détresse venant de l'île d'Henders est capté par l'équipage. Voici une belle occasion de relancer l'intérêt des téléspectateurs qui pourront assister en direct à un sauvetage et mettre le pied, en compagnie d'une dizaine de candidats, de trois cameramen et de plusieurs scientifiques, dont Nell et Andy le biologiste, sur un territoire vierge. Mais à peine ont-ils débarqué sur l'île qu'ils sont assaillis par une armada de « bestioles » toutes plus sanguinaires les unes que les autres… Seuls Nell et Zero, un cameraman, parviennent à échapper au massacre.
Force est d'admettre que sur cette île, préservée de toute présence humaine, la flore et la faune se sont développées selon des règles totalement différentes de celles que l'on connait, les plantes et les animaux sont pratiquement indifférenciés, la vie et la mort extraordinairement imbriquées dans une spirale qui ne semble avoir ni début, ni fin. C'est une énigme incroyable qui se présente aux scientifiques qui s'écharpent sur l'origine de cette biosphère inconnue et sur le sort qu'il faut lui réserver. En effet, importer sur la terre habitée n'importe lequel des spécimens d'Henders reviendrait à causer à plus ou moins court terme l'extinction de toutes les espèces, y compris l'homme… Mais l'île d'Henders est-elle peuplée uniquement de monstres ? Ne pourrait-elle pas abriter une forme de vie inoffensive ?
Je suis toujours partante pour lire ce genre de bouquins : un mélange aventure & science-fiction, agrémenté d'un scénario catastrophe, le gage d'un page turner distrayant, idéal sur la plage !
Alors oui, c'est un peu « too much » et la fin est carrément inepte. Dommage car l'ensemble est plutôt réussi mêlant adroitement science et roman, sans oublier un petit côté écolo heureusement pas trop moralisateur.
Petit bonus, à la fin, des fiches illustrées des quelques charmantes « bestioles » : la fourmi-disque, le rat de Henders…
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
« Des guêpes japonaises géantes, expliqua le Dr Cato, d’un ton docte.
— Un escadron d’une trentaine de ces tueuses peut massacrer toute une ruche de 30 000 individus en quelques heures, précisa Nell.
— Leurs larves se nourrissent d’un aminoacide qui décuple leur énergie et leur permet de voler à 32 kilomètres heure sur près de 100 kilomètres, fit Cato.
—  Waouh, répondit Pound.
— Une seule de ces guêpes géantes peut tuer 40 chenilles à la minute. Elles les découpent avec leurs mandibules. Des éclaireurs répandent une phéromone pour marquer leurs proies, puis elles attaquent en meute, expliqua le docteur. Leurs dards injectent un venin si puissant qu’il dissout la chair humaine. Au Japon, elles tuent chaque année une quarantaine de personnes.
— Et nous avons dû revoir ces chiffres à la hausse, ces derniers temps !
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xxi e siècle…
22 août
14 h 10
Le Trident fendait l’eau de sa proue laissant derrière lui le sillage trifide d’un trimaran. On aurait dit la silhouette effilée d’un vaisseau spatial semant dans sa course une triple traînée de fumée blanche, dans un univers céruléen. Les orages qui le poussaient vers le sud depuis trois semaines s’étaient dissipés du jour au lendemain et la mer ne reflétait plus à présent que le dôme du ciel, uniformément bleu.
Le bateau explorateur de cinquante-cinq mètres, conçu pour sillonner les mers du globe, approchait du centre géographique des 90 millions de kilomètres carrés d’océan qui s’étirent de l’Équateur à l’Antarctique – un immense espace dont profitent généralement les cartographes pour y déployer les lettres des mots : « OCÉAN PACIFIQUE SUD ».
Le Trident avait été affrété par la production de Sealife, une célèbre émission de télé-réalité diffusée sur le câble. Il était conçu pour héberger confortablement non moins de quarante passagers et abritait à présent un équipage de figurants triés sur le volet qui faisaient mine de manœuvrer le colossal trimaran, quatorze authentiques marins qui s’en chargeaient réellement, six scientifiques et une équipe technique constituée de huit membres – sans oublier un superbe bull-terrier répondant au nom de Copepod.
L’émission, mi-reality-show, mi-docufiction, relatait au jour le jour et pendant une année entière les aventures du Trident et de son équipage, lancés dans un long périple autour du monde qui devait les amener dans les endroits les plus exotiques, les plus mystérieux et les plus sauvages de la planète. Durant les quatre premiers épisodes hebdomadaires, le casting constitué de jeunes scientifiques, de marins et de techniciens – tous très télégéniques, à la fleur de l’âge et dans une forme éblouissante – avait déjà visité l’île de Pâques et l’archipel des Galapagos, propulsant Sealife à la deuxième place des hit-parades télévisuels. Mais après ces trois semaines de gros temps, durant lesquelles les orages s’étaient succédés pratiquement sans discontinuer, la cote de l’émission menaçait de fléchir.
Nell Duckworth, la botaniste du bord, examina son propre reflet dans le pare-brise tribord de la cabine de pilotage, en rajustant sa casquette de base-ball. Comme tous les autres experts scientifiques qui avaient été sélectionnés par la production, elle avait moins de trente ans. En fait, elle venait tout juste de célébrer son vingt-neuvième anniversaire, une semaine plus tôt, mais elle avait dû le fêter dans les relents mentholés d’un détergent, au-dessus de la cuvette des toilettes du bord. Elle eut néanmoins le plaisir de constater qu’elle avait perdu quelques kilos… C’était le bon côté du mal de mer : ça faisait dix jours qu’elle n’avait pratiquement rien pu avaler. Ses nausées avaient fini par passer en même temps que les orages, et elle avait trouvé à son réveil un ciel et une mer d’un bleu resplendissant. Mais ce qu’elle guettait dans la vitre, ce n’était ni l’apparition d’une nouvelle ride, ni une explosion intempestive de taches de rousseur – non, jusque-là, le mauvais temps et sa fidèle casquette avaient suffi à protéger son teint de rousse. Ce qu’elle y avait vu, c’était le regard morose que lui renvoyait son reflet.
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Il avait fait sonder les fonds autour de l’île, sans parvenir à trouver le moindre endroit où accrocher leur ancre, détail en soi peu banal.
« Eh bien, Mr Eaton, que dites-vous de cette île ?
– Curieux endroit », fit le lieutenant.
Il avait abaissé sa longue-vue, mais se hâta de la porter à son œil en apercevant Frears qui était tombé à genoux, au bord de la crevasse. Dans l’objectif grossissant, il le vit se pencher au-dessus de la corniche rocheuse et laisser échapper un objet – sans doute l’entonnoir de cuivre qui lui avait servi à remplir les tonneaux. L’ustensile rebondit sur la paroi de pierre avant de couler.
Un éclair pourpre était apparu dans son dos. D’énormes mandibules rouges, surgies de la pénombre crépusculaire, qui se refermèrent sur lui, enserrant sa tête et sa poitrine comme dans un étau, et le happèrent en arrière. À cet instant, le Retribution s’enfonça dans un creux qui déroba le matelot à la vue d’Eaton.
De la falaise leur parvenaient des cris, étouffés par la distance.
« Mon capitaine !
– Eh bien, lieutenant ? Qu’y a-t-il donc ?
– Je n’en sais trop rien, mon capitaine… »
Eaton tâcha désespérément de stabiliser sa longue vue, malgré la houle qui faisait tanguer le pont sous ses pieds. Entre deux vagues, il vit un second matelot s’agripper au bord de la fissure, s’y hisser tant bien que mal et s’avancer à quatre pattes dans la brèche.
« Ils ont envoyé quelqu’un d’autre ! »
Un autre rouleau vint lui cacher la scène et, un moment plus tard, le navire se cabra. Eaton eut juste le temps de voir le deuxième homme sauter du haut de la crevasse.
« Mais que se passe-t-il, sacrebleu ! fit le capitaine Henders, en tirant de sa poche sa propre lunette.
– Il a sauté… les hommes le hissent dans la chaloupe… ils ont remis le cap sur nous, mon capitaine… Ils s’en reviennent en toute hâte ! »
Eaton abaissa sa longue-vue sans quitter la brèche du regard, hésitant à croire ce qu’il avait vu.
« Et Frears ? Est-il sauf ?
– Je ne sais pas, mon capitaine, mais j’en doute.
– Que lui est-il arrivé ? »
Le lieutenant secoua la tête, l’air désemparé.
L’équipage de la chaloupe souquait ferme pour rejoindre le Retribution. L’homme qui avait sauté à la mer restait affalé à la poupe de l’embarcation, comme terrassé par un soudain malaise, tandis que ses camarades s’efforçaient de le calmer.
« Bon Dieu, qu’avez-vous vu, Mr Eaton ?
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— […] Elles sont en majeur partie constituées des fragments dangereux de certaines bactéries qui flottent dans l’air autour de nous, mais elles ne sont toxiques que si elles pénètrent dans le flux sanguin de l’organisme. Prenez l’eau du robinet – on peut la boire sans problème, mais en intraveineuse, cela suffirait à tuer la plupart des gens. Un verre d’eau distillée laissée à l’air libre devient une solution mortelle au bout de quelques heures, à cause de tous les débris bactériens en suspension dans l’air.
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Quand Andy devait donner un cours à l’équipage du Trident, il arrivait toujours en pleine forme devant ses « élèves », lesquels commençaient invariablement par le chahuter. Le jour où le jeune biologiste s’était finalement aperçu de leur manège, il avait piqué une crise d’une ampleur volcanique qui avait fait la joie de ses ouailles – et celle de l’audience aussi, apparemment, puisque la production avait insisté pour qu’Andy maintienne et poursuive ses cours. Pendant les trois semaines catastrophiques que le Trident venait de vivre, ses explosions verbales, aussi colorées que ses chemises, avaient été les seuls épisodes comiques de l’émission.
Mais pour l’instant, Andy se préparait à faire cours. Il tripota nerveusement le micro accroché à sa mince cravate de cuir jaune, près du col de sa chemise Lacoste rayée bleu, blanc, orange, jaune, violet et vert, qui faisait irrésistiblement penser à des plaquettes de chewing-gum bigarrées. Pour accompagner les rayures horizontales de sa chemise, il avait choisi un bermuda rayé verticalement, mais cette fois dans les tons verts, roses, oranges, rouges et jaunes – le tout rehaussé de magnifiques baskets vert pomme, taille 48.
Devant lui, sur son vaste bureau blanc, l’attendait son matériel pédagogique : une dizaine de marionnettes en latex représentant un assortiment d’animaux marins.
« Alors, ça y est ? râla Andy. On peut commencer ? »
Zero Monroe, le chef cameraman, en profita pour insérer une nouvelle carte mémoire dans sa caméra numérique – celle d’avant avait envoyé un message full au beau milieu de la leçon précédente. L’incident avait été programmé sans l’assentiment de Zero, dans le but manifeste d’agacer Andy et de déclencher une autre de ses crises de nerfs cataclysmiques qui réjouissaient tant la production.
Zero appliqua sa caméra contre son œil droit, et ouvrit l’autre vers Andy.
« OK, vas-y ! » lança-t-il.
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Vidéo de Warren Fahy
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