C'est un véritable cri d'amour, une ode à l'Espagne et à son peuple.
Cette passion, l'auteur nous la dévoile en convoquant sans cesse l'art et l'Histoire de ce pays avec une érudition, un langage et une grammaire magnifique.
La première partie du livre est un plaidoyer qui regroupe l'ensemble des textes et articles que l'auteur publia dans le but de venir en aide aux Républicains.
Il y fait part de sa rage et de sa colère face, entre autres, aux gouvernements Français et Anglais qui prônent la non-intervention et non -assistance et laissent les franquistes massacrer, avec l'aide des Allemands et des Italiens, le peuple espagnol.
La seconde partie regroupe de nombreux manifestes et pétitions signés par l'auteur en sa qualité de président du Groupe des Amis de l'Espagne ainsi que des lettres échangées avec les principales figures de la lutte en Espagne que l'auteur avait rencontrées au cours de ses différents séjours.
Ce livre ne vous racontera pas la Guerre d'Espagne mais vous montrera l'engagement de beaucoup d'intellectuels dans la lutte contre le fascisme et pour la liberté, engagement qui malheureusement ne permettra pas d'éviter une Guerre Mondiale.
Commenter  J’apprécie         260
Edition établie par Jean-Paul Morel regroupant divers textes , conférences ou courriers du critique d'art et essayiste Elie Faure , 1873-1937 ( Neveu d'Élisée Reclus ) .
Jean-Paul Morel , est par ailleurs en collaboration avec Martine Courtois l'auteur d'une biographie d'Élie Faure .
Cet ouvrage montre à l'envie l'érudition de l'auteur , son amour et sa compréhension du peuple espagnol et accessoirement son dégoût des militaires factieux associés à l'église catholique dans leur volonté de mettre sous le joug un peuple peu enclin à se laisser faire .
Mort au lendemain de la chute des Asturies , le 29 10 1937 , Elie Faure ne connaîtra pas la suite de l'histoire du drame espagnol , la déception étant trop forte , ces forces l'abandonnèrent .
L'ensemble de ces textes visionnaires , prémices de ce que les dictatures allemande et Italienne seront pour le déclenchement de la seconde guerre mondiale , passeront sous un silence assourdissant , malgré l'inlassable obstination de Faure à prévenir les pouvoirs en place .
Commenter  J’apprécie         200
A propos du film de Buñuel " Terre sans pain " ( Las Hurdes ) :
Voulez-vous vous faire une faible idée de cette misère qui a abouti à la révolte des mineurs asturiens , que les femmes , les enfants , les vieux ravitaillaient en munitions et vivres ( les jours où il y avait des munitions et des vivres ) , quand ils ne venaient pas combattre et mourir à leurs cotés ?
" Las Hurdes " , ce village espagnol dont un film ( naturellement interdit ) de Buñuel , le premier des cinéastes espagnols ,nous a révélé la condition par d'irrécusables images . Pénétrez , si vous en avez le courage , dans cet épouvantable enfer terrestre , parmi les crétins , les goitreux , les infirmes , les monstres dégénérés . Croupissez avec leur famille dans le plus atroce dénuement matériel , la plus complète déchéance morale , l'endémie à perpétuité , la faim chronique , l'anémie , le paludisme , la tuberculose , la diarrhée , l'ophtalmie des enfants aux yeux pleins de mouches , la maladie et la mort tapies sous toutes les pierres et dans toutes les sources avec les ordures qui fermentent , tout cela en échange d'une toute petite part éventuelle de paradis . Et encore ! Il paraît ( c'est un évêque espagnol qui parle ) , il paraît que la vie qu'on mène là " n'est pas conforme à l'enseignement du Christ " . Si vous doutez encore , écoutez ce cri d'une vieille femme qui eut fait tressaillir d’orgueil Dostoïevski ou Shakespeare : " Si j'avais dix ans de moins , je partirai seule sur la route . J'arriverais peut-être bien à un cimetière " .......
Témoignage de Margarita Nelken concernant Elie Faure :
Une fois, à Tolède, je le priais de dire quelques phrases aux volontaires républicains.
Il parla à ces jeunes ouvriers et paysans des Volontaires de Valmy, des combattants de la Commune et de la signification de La Marseillaise.
Dans la voiture, tandis que nous revenions vers Madrid, tout à coup il me dit
_ J'ai oublié de demander pardon.
_ Pardon de quoi ? demandai-je.
_ De ce que nous, les français et les autres peuples, nous ne faisons point.
Prétendre persuader le monde que l'association de ce haut clergé gavé d'or et d'ignorance, de ces sinistres généraux d'opérette et de boucherie et de ces propriétaires fonciers abrutis par des siècles de domination sans contrainte et d'inculture sans élégance, représentent l'esprit et la morale est bien la plus lugubre des farces.
Ce sont les professeurs d'esprit et de morale qui massacrent les innocents.
On a semé l'injustice, on récolte la vengeance.
Et l'on s'étonne que la vengeance ait pour compagne soit la haine, soit le mépris.
Suzanne Flon lit Elie FAURE
Suzanne FLON lit une page de
Elie Faure.