Descendre dans la rue pour trouver l'inspiration, on ne peut pas vraiment dire que c'est la trouvaille du siècle.
Pourtant, toutes ces personnes que l'on y croise dans la journée sont de potentiels romans qui ne seront peut-être jamais écrits. Et on doit très certainement passer à côté de grands best sellers qui ne demandent qu'à faire partie du palmares des meilleures ventes en librairie.
Il faut avouer que l'idée est tout de même follement attirante.
Je me suis dis que moi aussi je pourrais saisir ma chance. Ecrire un roman sur la première personne que je verrai lorsque je sortirai de mon immeuble et à moi le succès, les interviews dans les grands magazines littéraires ou sur les plateaux télé, les séances de dédicaces à n'en plus finir.
Alors, j'ai pris mon carnet, un stylo et j'ai tenté l'expérience.
Mon futur succès m'attendais là sur le banc en face de mon immeuble.
La dame tenait fermement dans la main droite un sachet dans lequel elle prélevait des morceaux de pain afin de les jeter au sol dans un geste las de la main gauche pour attirer les moineaux, les pigeons.
Mince, c'était peut-être la dame de la fameuse chanson des années 80 qui vivait sa vie par procuration et dont le balcon s'était probablement écroulé sous le poids des fientes.
Il fallait passer à la personne suivante et vite.
Je tournai la tête et aperçus le rôtisseur. Il embrochait des poulets au calibre poids plume. Je regardai les pigeons et un doute m'assaillit. Non, je ne préfèrais pas savoir.
Personne suivante. Une dame âgée qui me paraissait charmante. Je l'abordai en toute délicatesse et lui expliquai ma démarche.
Vous n'avez pas de chance me dit-elle, quelqu'un me l'a déjà demandé et il me semble que son roman est déjà paru.
David Foenkinos m'aurait-il donc menti ?
Il n'y a rien de simple dans tout cela.
L'écriture d'un roman n'est pas aussi aisée qu'il ne l'affirme.
Dommage. le succès n'est pas encore pour demain.
Il ne me reste plus qu'à me consoler avec ce doux moment passé avec "
la famille Martin".