Dans
la famille Martin, je demande la mère, la fille, le gendre, le fils, la fille…Que fait un auteur quand il est face à l'angoisse de la page blanche ? Où trouve-t-il l'inspiration? Avec brio,
David Foenkinos nous livre l'idée qu'il a eue… Il fallait oser, il l'a fait.
C'est décidé ! L'auteur à succès en mal d'inspiration va descendre dans la rue et écrira un livre sur la première personne qu'il rencontrera. C'est donc Madame Martin qui sera l'héroïne de son prochain roman. Ancienne couturière chez Chanel à l'époque où elle s'appelait encore Madame Tricot (ça ne s'invente pas !), elle est ravie d'autant que l'auteur a “une bonne tête d'écrivain”! Invité à boire le café chez elle, il réalisera que Madame Martin a une vie des plus ordinaires.
Son histoire pourra-t-elle intéresser les lecteurs? Question légitime. Elle lui présente sa fille Valérie, professeur d'histoire-géo, mariée, mère de deux enfants. A t-il bien fait de s'aventurer sur cette piste ? Il croit au hasard… car le romancier a plus d'un tour dans son sac. Il va se plonger dans le quotidien de cette famille, dîner avec eux, devenir le confident de certains, partager les angoisses des uns, les espoirs des autres… L'arrivée de cet écrivain va bouleverser l'équilibre déjà fragile de la famille et entrainer des bouleversements.
Autant vous dire que j'ai sauté à pied joint dans ce livre de 217 pages. C'est tout à fait le livre que je recherchais en ce moment : un livre drôle, bien écrit, plein d'ironie.
David Foenkinos se met en scène avec beaucoup de plaisir et de dérision. On l'aura compris l'auteur en mal d'inspiration, c'est lui !
Quel est le rôle de l'écrivain? Jusqu'où est-il lié à ces personnages? Où s'arrête la réalité, où commence la fiction?
J'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver
David Foenkinos dans son univers décalé, ses petites manies (notes en bas de page, obsession sur les noms de ses personnages, détails qui paraissent insignifiants).
La Famille Martin nous prouve une fois de plus que la réalité dépasse la fiction. Nous pouvons tous devenir un personnage de roman, il s'agit simplement de contrôler les techniques d'écriture, le rythme, le suspens et Foenkinos à ce sujet est maître en la matière. Il utilise ses personnages pour parler des problèmes de société, du pouvoir de la hiérarchie, de la violence psychologique au travail, mais aussi de l'usure du couple, de la routine et enfin de l'Amour. L'Amour avec un grand A qui nous emmènera loin mais je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir le roman…
Ne ratez pas le merveilleux passage où il règle ses comptes avec l'émission “le masque et la plume” :
“-Vous faîtes référence à l'émission le masque et la plume? J'ai écouté l'émission. C'est vrai qu'ils sont durs. Mais ils sont comme ça avec tout le monde. A chaque fois que je les écoute, c'est un massacre. Je trouve qu'ils vont trop loin. On peut critiquer une oeuvre sans déverser autant de haine. Franchement, j'ai du mépris pour eux.
-Ah, ne dites surtout pas ça ! Je risque de mettre vos répliques dans mon roman, et je ne veux pas qu'ils le prennent mal. Ils me terrorisent, vous savez. Dîtes du bien d'eux, s'il vous plait. “