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Jacques Follorou (Collaborateur)
EAN : 9782213643168
252 pages
Fayard (19/05/2010)
3.17/5   6 notes
Résumé :

« J’ai décidé de parler pour être fidèle à l’idée que je me fais du métier de juge. Je franchis le pas pour dire que le pouvoir de l’argent a fini par vaincre la justice. Pour raconter comment la partie a été perdue par ceux qui croient au droit s’opposant à l’arbitraire.La justice a commis plus qu’une faute, un crime de lèse-majesté en cherchan... >Voir plus
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La juge Isabelle Prévost-Desprez a pour écrire ce réquisitoire bénéficié de l'assistance de Jacques Follorou, journaliste au quotidien le Monde et auteur de plusieurs ouvrages sur entre autres l'État secret et les parrains corses.

L'auteure, née en 1959 à Lille où elle a commencé des études de droit pour les finir à Paris et à l'ENM (l'École nationale de la magistrature), a été nommée auditrice de justice en 1983. L'année suivante, elle devient substitut du procureur près du tribunal de grande instance de Lille, puis près du tribunal de grande instance de Paris, elle est ensuite juge d'instruction à ce même tribunal en 1992. En 1998, elle est nommée juge d'instruction au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris (1998). En 2010 (au moment de la publication de son ouvrage) elle présidait la chambre financière du tribunal de grande instance de Nanterre.

Fille d'un médecin généraliste et originaire d'une région appauvrie,
le bassin minier du Nord, Isabelle Prévost-Desprez a très jeune encore développé une sympathie pour les moins fortunés de notre société moderne.

Son ouvrage constitue une plaidoirie pour le rôle du juge d'instruction, qui depuis la réélection de Jacques Chirac en 2002 a été quasi systématiquement affaibli pour disparaître sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Exploitant habilement le désastre juridique de l'affaire dite d'Outreau (dans le Nord-Pas-de-Calais), une sinistre affaire de pédophilie "que la machine judiciaire n'avait pas su gérer".

Le juge d'instruction, qui était responsable pour l'organisation des investigations visant l'établissement de la vérité a été remplacé par un juge de l'enquête et des libertés (JEL) sans beaucoup de pouvoirs face au parquet et au procureur de la république.

Le procureur était ainsi "consacré maître incontesté des poursuites" y compris celles relatives à des affaires financières parfois extrêmement compliquées.
On peut facilement s'imaginer le rapport de forces entre le procureur et des ténors du barreau à la solde d'un suspect richissime ou puissant !

Même la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a critiqué, en mai 2009, cette réforme judiciaire, disant : "que le procureur n'est pas un autorité judiciaire, au sens que la jurisprudence de la Cour donne à cette notion. Il lui manque en particulier l'indépendance à l'égard du pouvoir exécutif pour pouvoir être ainsi qualifié" (pages 223-224).

Cette problématique soulève, en effet, la question essentielle de la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, chère à notre grand Montesquieu.

Dans ce livre fort instructif sur la justice et la magistrature, Isabelle Prévost-Desprez illustre de façon très claire la difficulté et l'inconfort d'un juge d'instruction face au pouvoir et le monde de la finance. Elle ne puise pas uniquement dans sa propre expérience dans des dossiers ultra-complexes comme le dossier Bettencourt, la Banque Rivaud, le financement de la campagne électorale de Charles Pasqua, les ventes d'armes à l'Angola, les otages du Liban, la Société Générale etc. Nous voyons aussi défiler des collègues juges qui ont été à la une des médias, tels Thierry Jean-Pierre, Éric Halphen, Philippe Courroye, Renaud van Ruymbeke...


Si je dis inconfort, c'est en pensant aux campagnes de presse lancées contre les juges d'instruction, les ingérences politiques, la pression, le surmenage et la solitude. Sans oublier les lettres de menaces et la "visite" clandestine du bureau de la juge !

Et dire que Napoléon aurait dit que le magistrat était le personnage "le plus puissant de France".

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