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EAN : 9782262032562
192 pages
Perrin (01/04/2010)
3.5/5   2 notes
Résumé :

Blaise Pascal (1623-1662), mathématicien, géomètre et physicien, défenseur du catholicisme selon saint Augustin et ennemi des Jésuites, polémiste mordant tenté par le retrait du monde, est souvent obscurci par sa légende. Auteur à la fois du Traité du triangle arithmétique et de Pensées posthumes, inventeur d'une machine ancêtre de nos calculettes et surtout du calcul des probabilités, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai eu à la fois moins plus et moins que ce que j'espérais à la lecture de ce livre.

Beaucoup moins du point de vue de la biographie de Blaise Pascal, que Francesco Paolo Adorno évacue en quelques pages. J'ai trouvé cela assez frustrant ; le livre n'est pas épais – moins de 150 pages – et il aurait pu en ajouter une vingtaine pour approfondir l'histoire tout de même assez riche de ce janséniste si doué en sciences.

Mais tellement plus sur le point de l'analyse de la pensée de ce génie du 17ème siècle. Cette analyse, véritable reconstruction de la vision du monde selon Blaise Pascal à travers ses oeuvres (une méthode éprouvée de la collection Figures du Savoir chez l'éditeur Les Belles Lettres) s'est révélée pour moi particulièrement ardue à avaler, mais du coup d'une grande richesse d'enseignements sur la diversité infinie de la pensée humaine. Comme ces cachets très amers au goût qui protègent du mal au coeur en voiture.

Qu'est-ce qui a été si dur à avaler ? vous demandez-vous. Eh bien Blaise Pascal et moi chevauchons des paradigmes très différents à l'origine de nos visions du monde respectives. Pas de relation d'ordre à ajouter hein. Je ne suis pas plus près d'une Vérité Absolue que lui (tiens, même cette phrase ne lui aurait pas plu, je pense) ; nous sommes les produits d'époques très différentes. Je l'ai ressenti comme tel.
J'ai été formé et cultivé dans l'idée qu'il existe une séparation fondamentale et franchement opaque entre les domaines accessibles par la science et par la foi. M'intéressant surtout à la première, je vis avec l'idée qu'il faut à tout prix supprimer Dieu des équations et modèles de la science si l'on veut appréhender les choses avec précision et efficacité.
Pascal appartient à un temps où cette dichotomie n'est pas encore ne serait-ce qu'envisagée ; il faudra attendre le siècle suivant. Et lui-même ne peut considérer le monde autrement qu'en intégrant la Bible dans l'explication. C'est un de ses postulats, de ses axiomes. Envisager de remettre la véracité des révélations bibliques en cause est inimaginable.

Blaise Pascal est cependant un très grand et habile penseur. Il s'intéresse à la résolution par la raison des mystères de la nature (ses théories sur le vide sont là pour le prouver). C'est un maître en constructions épistémologiques. Ce que nous apprend Francesco Paolo Adorno, c'est comment il parvient à intégrer la raison, ce qui deviendra la science, dans une vision du monde dominée par l'Ancien Testament. Le Péché Originel a éloigné l'homme et la nature de ce que l'on peut appeler perfection, nous laissant un univers disgracieux et soumis au mal, mais un univers qui a ses lois qui peuvent être percées par le raisonnement, par une méthodologie logique. La raison est imparfaite, elle ne peut s'attaquer à l'explication du monde idéal d'avant le Péché, mais elle suffit à fournir des explications suffisamment valides pour nos esprits eux-aussi imparfaits. Encore faut-il savoir l'utiliser, et Pascal propose une méthode, basée plus sur l'induction, sur le raisonnement par récurrence, qui s'avèrera efficace.

Donner une place centrale au péché originel dans l'explication du monde est impossible pour moi, et c'est inévitable pour Pascal. D'où ma difficulté à digérer l'argumentaire et l'obligation de forcer ma nature. Mais grâce à l'auteur, la vision de Pascal se révèle pourvue d'une cohérence que je ne lui connaissais pas.
J'étais jusqu'ici persuadé que l'homme était un génie des sciences qui avait été « perdu » du jour où il s'était convaincu que l'approche scientifique se heurtait à un mur infranchissable qui séparait l'homme de la Vérité, que seule la réflexion théologique et surtout la foi pouvait espérer franchir. C'est par exemple un homme désabusé qui nous est présenté dans la pièce de théâtre L'Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeune de Jean-Claude Brisville.
Ce livre construit une vision de la pensée de Pascal qui supprime ce désoeuvrement face aux limites de la raison. Les deux facettes, raisons et foi, coexistent d'autant mieux qu'elles ne s'appliquent pas aux mêmes domaines. On ne ressent pas de déprime chez Pascal.

Lecture difficile et enrichissante donc. Mais je vais tout de même re-parcourir un vieux magasine Pour la Science consacré à Pascal pour retrouver un des interactions de l'homme avec son époque et avec la science.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L'esprit, l'autre faculté qui constitue l'âme de l'homme, a aussi été atteint et diminué par le péché originel. Sa blessure est tout aussi grave que celle subie par la volonté: seuls ont subsisté quelques restes de la sagesse possédée par Adam dans son état prélapsaire. Dans l'opuscule "De l'esprit géométrique", Pascal est encore plus précis: si la méthode géométrique est la seule qui puisse convenir aux démonstrations d'une vérité qu'on connaît déjà, c'est seulement par défaut. Cette méthode est bien loin d'être la véritable, mais elle est quand même la seule qui puisse convenir à la nature humaine telle qu'elle est "devenue". La véritable méthode, qui "consiste à tout définir et à tout prouver", échappe absolument à l'homme.
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Épictète enseigne l'humilité à l'homme en le confrontant à tous les maux qui l'entourent. A la conscience de la faiblesse de l'homme s'ajoutent l'orgueil et la présomption de penser que les moyens pour améliorer sa situation sont complètement en son pouvoir. Épictète ne tient aucun compte de la blessure que le péché originel a infligé à la volonté et à l'esprit humain. A cause de cette ignorance, il peut penser que l'homme, par ses seuls moyens, est en mesure de choisir le chemin de son salut. Voilà, selon Pascal, la source principale de l'erreur d'Épictète qui a remarqué dans l'homme "quelques traces de sa première grandeur", mais, puisqu'il a ignoré "sa corruption, a traité la nature comme saine et sans besoin de réparateur".
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Science et religion sont bien, pour Pascal, deux domaines radicalement différents ‒ à l'intérieur de chacun, c'est une faculté spécifique, ici la raison, là, la foi, s'exerçant légitimement qui impose sa démarche et son régime de vérité ‒ mais ils sont hiérarchisés : les vérités de la raison sont subordonnées à celle de la foi.
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Le péché consiste en un acte d'orgueil de la volonté qui se révolte contre l'ordre dans lequel se trouvait l'homme, et change le centre de sa vie. Au lieu de considérer Dieu comme le centre et l'objet de son amour, c'est l'homme que la volonté place au centre de son amour.
(L'anthropologie pascalienne)
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