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EAN : 9782748901825
412 pages
Agone (23/08/2013)
3.76/5   17 notes
Résumé :
A la fin des années 1960, la concurrence internationale et la peur du déclassement transforment un populisme de gauche (rooseveltien, conquérant, égalitaire) en un "populisme" de droite faisant son miel de la crainte de millions d'ouvriers et d'employés d'être rattrapés par plus déshérités qu'eux. C'est alors que la question de l'insécurité resurgit. Elle va embourgeoiser l'identité de la gauche, perçue comme laxiste, efféminée, intellectuelle, et prolétariser celle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En quelques mots : les Démocrates ne touchent plus l'Amérique moyenne parce qu'ils ne veulent plus froisser le monde des affaires (ils ont des intérêts) et donc ils perdent leurs atouts sur les questions économiques. Les liens de cause à effet entre le système économique (libéralisation, dérégulation, libre marché etc) et l'état catastrophique des situations financières n'étant plus une ligne de conduite électorale, les Républicains en profitent pour gagner du terrain politique, avec toute leur fils de puterie qui leur est propre, par les débats (enfin acharnements fanatiques, dégueulis de sophismes, hypocrisie crasse, discours à sens unique) sur les valeurs morales, véritable coeur de l'Amérique. le rationnel n'a plus pied dans ces marécages putrides vomissant les sacro-sainte Constitution et autre Bible poussiéreuse dans un concert de braillements anti-avortement, pro-armes, anti-homosexualité, anti-évolutionnisme ou encore contre le social pour arriver à un final paroxystique : le droit ultime à se foutre dans la dèche et à en redemander.

Le combat contre le progressisme est perdu d'avance, mais ce n'est pas la victoire (et la mise sur pied des changements qu'il crie nuits et jours) que recherche le politicien Républicain radical, c'est la culture de la haine, la position de victime (alors qu'ils sont au contraire toujours en position de force, majoritaires) afin d'embrumer l'électeur dans l'émotion et dans une rage dichotomique entre l'intellectuel riche, cosmopolite, hérétique et arrogant et le "vrai" américain travailleur, humble, pieux, simple, qui ne demande qu'à être laissé tranquille et n'affiche pas une superficialité mondaine à coups de cafés latte, voitures étrangères et autres nourritures végétariennes (le vrai américain ne peut que poser comme paradigme le divin barbecue-bière - démagogie très prisée lors d'une recherche d'électorat, dont ne se prive pas un Bush fils par exemple). S'en suit un véritable sabordage masochiste produit par un Républicain préférant son droit à la liberté (liberté pour les entreprises tentaculaires s'entend, blague à part, droit à l'auto-destruction) et à l'auto-flagellation plutôt que de soutenir ces odieux snobs élitistes déconnectés du réel (en cela, le réactionnaire ne se fera pas prié pour étaler ses valeurs authentiques bien qu'il se gardera bien de quitter son domaine luxueux ou d'envoyer ses enfants dans une école commune) et du chemin juste (l'Amérique est en perdition en mains de ce réseau d' universitaires bourgeois). "Baissez les salaires, licenciez, menacez de décentraliser, mais par pitié, acceptez ces cadeaux fiscaux !". Le Républicain accepte les absurdités économiques car il n y voit que la main vile du libéral (ouais libéral = démocrate, contrairement en Europe) et ne voit pas l'ombre pourtant si criante de son "conservateur vertueux", ou plutôt ces questions sont sans lien avec ce dernier et ne l'intéresse pas car l'importance revient aux questions morales. le parti Démocrate est ainsi en stagnation du fait de sa volonté centriste, sa perte de désignation des maux par la lutte des classes. Mais le problème profond de cette Amérique vient sans doute de l'enracinement maladif du religieux, dont rien ne peut conjurer les "tant que". Une Bible, un Fusil.

A noter que l'auteur parle presque exclusivement de son Kansas natal, très documenté au passage, il n'a que pu pleuré devant cette anomalie (?) qui est la risée du pays. A savoir qu'il n'a pas toujours été critique envers les Républicains ayant grandi en compagnie de la frange millionnaire de sa ville, son revirement (pas sur tout) ne viendra que plus tard. L'analyse sociologique (outils ignoré du Républicain, ce qui l'arrange bien) s'arrête au mandat du Bush fils, il aurait été intéressant d'observer le Kansas de l'ère Trump et encore plus celle d' Obama.
A noter que je déteste la politique (aparté, je ne crois pas trop au concept de partis, qui est plutôt malsain pour l'esprit critique. le véritable problème des Etats-unis provient d'ailleurs de ce manichéisme politique ne pouvant satisfaire pleinement l'électeur et favorisant les stratégies ad hominem/personam au détriment du discours intrinsèque) donc ce qui précède n'a pas caractère à la brillance.
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Comment les pauvres scient la branche sur laquelle ils sont assis !

Je me suis toujours posé cette question et enfin quelqu'un y répond. Thomas Frank a enquêté dans son Kansas natal, dont la vive tradition populiste de gauche y a disparu depuis quelques temps. Là-bas il a vu s'exaucer le rêve des conservateurs; une fraction de la classe ouvrière leur procure les moyens politiques de démanteler les protections autrefois arrachées par le monde ouvrier. Frank avance différentes explications que l'on peut étendre à tous les états Unis ainsi qu'à d'autres pays. L'auteur nous montre que la droite américaine n'a pas attendu R.Nixon, R.Reagan et G.W.Bush pour découvrir l'usage qu'elles peuvent faire des sentiments traditionalistes, nationalistes ou simplement réactionnaires d'une fraction de l'électorat populaire. Il n'oublie pas non plus de souligner la part de responsabilité de la gauche dans ce phénomène.
Une très bonne analyse très éclairante, accompagnée d'une excellente préface de Serge Halimi plus centrée sur la France.
Un seul regret, les nombreuses coquilles de cette édition.
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