Gandahar, tome 14 : Les riches heures de Lunatique

Une paix silencieuse enveloppait comme un suaire San Francesco del Deserto. Je collais à eux trois, serrés dans le canot. La nuit tombait sur la lagune d’où montaient des effluves de sel et de choses pourries. Le garçon fredonnait. La vie des gens se signalait par mille lueurs. Le canot s’arrêta devant l'hôtel Irisio. Rolf et la fille se tenaient par la main. Le garçon suivait et sifflait. La chambre était déserte. Mon corps reposait au fond d'un cercueil de bois fraîchement verni calé entre deux chaises. Une flamme vacillait au bord d'une bougie consumée. La fille en alluma une autre, mais, ne sachant qu'en faire, la tendit à Rolf qui la reposa sur la table. Le couvercle était accoté au mur.

Extrait de « Postumo » de Anne Campion