Comme l'écrit
Frédéric Ploquin dans la préface, « ce récit glace le sang tant la haine transpire de chacune de ces lignes ». Constat partagé par l'auteur, qui intitule l'un de ses chapitres : La haine s'est emparée de nous.
Nouveau Monde éditions publie ces « confessions d'un soldat de l'OAS », âgé aujourd'hui de 82 ans et qui a, selon l'expression consacrée, payé sa dette à la société. Trois ans de prison. Pas cher pour les actions qu'il revendique aujourd'hui – mais qu'il a niées en 1962 devant le tribunal.
Ce livre est une contribution à une vérité que l'histoire officielle tend à oublier : l'issue dramatique de la guerre d'Algérie qui contraignit plus d'un million de Français à quitter l'Algérie et qui fut marquée par des enlèvements et des massacres - une épuration ethnique, terme aujourd'hui utilisé par les historiens.
Edmond Fraysse (c'est un pseudo), ancien du 18e RCP est affecté après le putsch d'avril 1961 au 22e RTA stationné à Batna. C'est là qu'il s'affilie à l'OAS et commet ses premiers attentats. Il s'agit tout d'abord de faire sauter des maisons et des magasins appartenant à des cadres du FLN, signalés par le commissaire de police local. On passe ensuite à des assassinats ciblés.
Un changement radical a lieu au lendemain de l'assassinat du pharmacien européen de Constantine par le FLN. le groupe de Fraysse décide de le venger en exécutant un musulman inconnu dans un cortège funéraire. Il choisit ensuite de lancer une grenade au milieu d'un marché arabe, faisant deux morts et six blessés.
Edmond Fraysse a basculé dans le terrorisme aveugle – il préfère le terme de contre-terrorisme. C'est l'enchainement : désertion, clandestinité, intégration dans les commandos Delta, assassinats de civils, de policiers et de soldats français, lutte contre les barbouzes…
Les commandos Delta, structures punitives ou escadrons de la mort de l'OAS, assassinèrent plusieurs centaines de personnes – Européens considérés comme traîtres à l'égard de l'Algérie française et musulmans – entre mai 1961 et juin 1962. Ils contribuèrent ainsi à creuser un fossé infranchissable entre les deux populations, provoquant « un suicide collectif » selon l'historien Michel Mathiot.
Comme le souligne Ploquin, l'auteur n'exprime pas le moindre regret pour ses actes. Il ne recherche pas la sympathie du lecteur. Son récit, agrémenté de chapitres dédiés aux prémices de la guerre (décret Crémieux, massacres de Sétif…) ou à la légion nord-africaine de Lafont, est intéressant et facile à lire. C'est un témoignage pour les historiens.