AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,12

sur 129 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Expérience étonnante que d'enchaîner sur René Frégni après Une vie française de Jean-Paul Dubois. Les deux récits possèdent à vrai dire quelques points communs qui poussent au parallèle : le lien d'un fils avec sa mère mourante, et le lien de ce même homme avec sa propre fille, tandis qu'à l'arrière-plan la femme aimée sort de sa vie pour toujours.
Mais là où Dubois pond 400 pages d'un babil superficiel qui ne m'a guère touché, ainsi que je l'ai dit ici même récemment, Frégni met quant à lui son lecteur groggy en une centaine de pages à peine.
Cela finit par devenir une habitude dans mes billets mais il n'y a aucune raison de le cacher : c'est en fréquentant Babelio que je me suis intéressé à Frégni et que l'on m'a donné envie de le lire. Si Elle danse dans le noir était mon premier, je peux assurer qu'il y en aura d'autres.
Frégni, c'est en somme la démonstration que la littérature n'a pas besoin de grands mots, et qu'elle est aussi forte par ce qu'elle dit que par tout ce qu'elle tait ou sous-entend. le texte est écrit dans une langue de tous les jours, on ne trouve pas la moindre ostentation dans ces phrases simples, mais quelle force transfigure cette écriture !
Un autre point commun entre Dubois et Frégni est que l'on se situe plus ou moins dans une sorte d'autofiction. Là encore, la comparaison tourne cependant court assez vite : quand Dubois virevolte à donner le tournis et disserte avec une complaisance qui gâche ses beaux élans, Frégni serre les dents et retient sa plume, pour faire sentir à merveille tout le grain d'une vie, ses rugosités, ses emballements, le socle d'émotions et de sensations sur lequel elle est bâtie. Frégni ne joue pas à l'écrivaillon. Il m'a même fait comprendre pourquoi j'avais toujours eu cette réticence à me proclamer écrivain malgré les quelques milliers de livres que j'ai vendus dans ma petite carrière d'auteur. Il le dit vers la fin de son roman : « Se faire un sang d'encre, c'est peut-être cela écrire, tracer des mots pour contenir son sang. Les écrivains sont des loups blessés qui laissent derrière eux une trace de souffrance ». Voilà, c'est simplement magnifique. Et je mesure maintenant que la distance qui existe entre un écrivain et moi est la même que celle qui sépare le loup blessé du cocker neurasthénique. Bref, je vais me contenter d'être un auteur, c'est déjà pas mal. René Frégni, lui, est un écrivain.
Commenter  J’apprécie          4410
Eblouissant…

Le récit couvre six mois : la maladie de la mère de l'auteur et son décès.

Il y a, certes, des passages douloureux qu'on lit la gorge serrée : il y évoque les nombreux mois de souffrance de sa mère qui, parce qu'elle porte un immense amour à ce fils qui refuse de la voir mourir, a accepté des traitements médicaux barbares et un acharnement thérapeutique qui l'ont martyrisée. Il se reprochera le reste de sa vie son entêtement à refuser l'inéluctable qui a conduit sa mère à supporter tant de souffrances.
Cette mort va le dévaster (‘'Jamais je n ‘avais connu une si atroce souffrance'') mais il refuse ce départ (‘'Dans son lit d'hôpital ma mère quittait son corps et entrait dans le mien où elle allait vivre désormais'') et décide de continuer à la faire vivre au-delà de la mort (‘'Elle, ma mère, ma si douce mère, j'allais l'emporter avec moi pour qu'elle ne manque jamais de lumière et d'amour sur tous les chemins de la terre'').

Paradoxalement, ce livre n'est pas triste. C'est un immense cri d'amour de l'auteur pour sa mère et pour sa petite fille qui l'aide à surmonter cette douleur (‘'Mon bébé, j'ai tellement besoin de toi, de ton bonheur, de ta vie. Tu n'imagines pas à quel point tu m'aides à me lever, à me coucher, à marcher. Ta force est immense''). Il est truffé d'anecdotes et de souvenirs gais et poétiques ; il y a aussi quelques belles rencontres. Les lecteurs de ''La fiancée des corbeaux'' et de ''Je me souviens de tous vos rêves'' sauront de quoi je parle...

A un journaliste qui lui disait, à propos de ce livre : « Proust disait que ‘'les morts vivent''. Grâce à ce roman qui est de toute beauté, vous avez offert à votre maman un ‘'cercueil de papier''. Vous lui avez offert sa résurrection», il a répondu : « Oui, ma mère n'est pas morte. Elle me tenait la main dans les rues de Marseille. Elle m'a ouvert les portes du monde et de la sensualité. Marseille était bleue dans le sourire de ma mère. Ma mère m'accompagne partout où je vais, elle veille sur moi et je veille sur elle. Rien n'est plus grand que cette douceur. Si j'étais passé sous les roues du tramway, enfant, elle se serait occupée de moi sans jambes. Je m'occupe d'elle, sans vie. J'écris des livres où elle est vivante et elle est partout autour de nous. »

‘'Elle danse dans le noir'' est exactement cela.
Commenter  J’apprécie          3425
"Elle danse dans le noir" est une magnifique ode à l'amour: l'amour d'une mère pour son fils, l'amour que l'on porte à sa mère, l'amour que l'on porte à son enfant.

Un concentré d'émotions communiquées au lecteur par petites touches grâce à une plume délicate et poétique.

Merci à mes amis de Babelio qui me l'ont fait découvrir
Commenter  J’apprécie          243
roman autobiographique l'auteur nous parle de sa mère décédée
de son enfance avec elle pleine de douceur et d'amour ,de sa fille
Marilou qui l'a sauvé du désespoir après son divorce et la mort de sa mère.Avec des mots superbesl'auteur par petites touches nous fait partager ses émotions SUPERBE !!!
Commenter  J’apprécie          190
« C'est un cri d'alarme, des mots d'amour,
Je suis là sans armes, seul, seul, dans le petit jour.
Je n'ai plus de larmes, mes yeux sont trop lourds,
Ma voix se lézarde, seul, seul, sur mes mots d'amour »

Ces paroles de Bernard Lavilliers résument à elles seules le récit poignant de René Frégni, - Elle dans danse le noir

L'année de la naissance de sa fille Marilou, sa maman tombe gravement malade et s'éteint après des mois de souffrance. Si Marilou le maintient dans la vie, l'univers de l'hôpital et la mort de sa mère le laisse brisé.
S'en suit le décès de son père et le départ de son épouse sur cette phrase assassine « Je n'ai plus de désir pour toi »….

Quatre ans.
Tous ces chocs affectifs en quatre ans.

Ecrasé dans la douleur, seul au bord du précipice, il va mal.

Il a perdu ses racines, et il cherche ses mots.
Son cahier est là, mais l'écriture est en sommeil, et les mots ne sortent pas.

Et puis… une phrase jaillit et toutes les émotions enfouies se révèlent enfin sous la plume sensible de René Frégni.
Des mots pour alléger sa peine,
Des mots déchirants,
Des mots de révolte face à la réalité trop forte de la vie.

Teintés d'émotions et d'une douce mélancolie, les mots glissent pour mieux faire ressortir les sentiments.
Bouleversant, ce récit est un chant d'Amour aux femmes de sa vie.



Commenter  J’apprécie          184
Dans ce roman largement autobiographique, l'auteur dépeint la solitude et la douleur vécues lors de son divorce quand il a compris que sa femme ne l'aimait plus et que désormais, seule sa petite Marilou et l'écriture, le reliaient à la vie. Cela le projette des années en arrière et lui rappelle ce qu'il a ressenti à la mort de sa mère.
Il nous raconte les mois qui ont précédé la douloureuse disparition de celle tant aimée qui lui avait donné la vie. L'auteur ne nous épargne rien des visites à la clinique et des couloirs dont on finit par connaître par coeur, et dans tous les détails, les multiples tableaux, ni des traitements lourds et handicapants qui semblent faire à sa mère plus de mal que de bien. Il décrit avec des mots pudiques mais très réalistes, sa révolte face à l'inéluctable. Il nous dépeint ses errances, ses faiblesses et ses doutes alors que sa petite Marilou venait à peine de naître et lui offrait alors le bonheur d'être père.
Il relie les deux événements et compare avec beaucoup de finesse les deux situations de perte, tout en nous montrant avec justesse comment l'amour de sa petite Marilou l'a aidé à accepter la maladie de sa mère, en lui faisant vivre des moments très forts.
Ce faisant, il nous parle aussi de toutes les femmes, celles qu'ils croisent dans la rue les jours d'été quand les robes se font légères, celles qu'il a aimées ou qu'il rêve d'aimer un jour.
Mais la plus belle de toutes parmi les femmes restera sa mère. Pour le petit garçon qui sommeille en lui, elle le sera pour toujours. Et il nous le dit avec des mots très doux rendant son récit totalement bouleversant.

Beaucoup d'écrivains ont parlé de leur mère, mais René Frégni le fait avec ses mots à lui, des mots sensibles, pudiques, pleins de tendresse pour celle qui est, d'après lui, la seule personne qui l'a aimé tel qu'il était. Il le lui rend bien cet amour infini, dans ce bel hommage. Il a trouvé les mots justes pour nous parler de cet amour particulier qui unit une mère à son enfant, même devenu grand.
Bien entendu, comme dans tous les romans de l'auteur, il fait référence à sa vie personnelle, là il nous parle de sa séparation douloureuse avec sa femme et de la solitude qui fait si mal, mais aussi de l'amour qu'il porte à Marilou, sa fille.
Il évoque aussi les partages qu'il a pu avoir avec certains détenus. L'histoire de Jacky par exemple, nous donne à lire une scène déchirante lorsque la femme de ce détenu, ne pouvant plus en supporter davantage, est venue une dernière fois au parloir avec sa fille lui dire adieu.
René Frégni n'a pas son pareil pour nous faire entrer dans sa vie intime sans pathos, en toute simplicité, et nous en ressortons bouleversés car il touche à ce que nous avons de plus profond en nous, parfois bien enfoui. Quand l'amour n'est pas là, il lui reste les mots...et quels mots !
C'est un très beau livre. Comme dans tous ses romans ou récits, la vie est là, la nature nous invite à nous émerveiller de chaque petite chose qu'elle nous offre, et notre enfance finalement n'est pas si loin même si nous avançons en âge. Il suffit de lui tendre la main.
C'est un livre intense car très court (140 p.) et encore une fois, c'est une belle découverte car je ne l'avais jamais lu.

Prix Paul Léautaud 1998.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
Commenter  J’apprécie          170
Le livre a pour sujet le cancer et le deuil, deux thèmes extrêmement durs que je connais malheureusement bien, c'est pourquoi j'ai été autant touché par ce roman autobiographique, il me parle directement. Malgré ces sujets durs, le livre est beau, poétique, la plume est légère et enchanteresse. L'auteur dédie ce livre à sa mère et c'est d'autant plus beau une fois qu'on a fini le récit. Il nous parle de cette femme qu'il a perdu, de sa maman comme un enfant égaré ou cherchant un sens à sa vie, cette perte qui le hante, qui lui fait peur mais toujours avec cette vérité douce-amer. Il y a mis son coeur, toute son âme et c'est avec une grande sincérité qu'il nous livre ses sentiments parfois enfouis. Il y parle aussi d'autres femmes de sa vie, dont sa fille avec il entretient une relation complexe car la mère de sa fille est partie du jour au lendemain.
Les drames s'enchaînent mais c'est toujours avec une influence poétique, une prose douce que l'auteur nous entraîne dans sa tête et son coeur. J'ai bien aimé cette lecture mais elle m'a fait monter les larmes aux yeux par moment, j'ai besoin d'une petite pause littéraire pour m'en remettre.
Commenter  J’apprécie          172
Je suis bien embêtée....
Car, que puis-je rajouter aux excellentes analyses et lumineux billets remplis de sensibilité et d'émotion qui défilent sur l'écran concernant ce livre de René Frégni ?
Qu'une maman aimante qui nous quitte, c'est un monde qui s'écroule, un monde de caresses, de rires et de gronderies, d'odeurs de cuisine et de linge frais, de larmes retenues et de colères factices, de goûters et de berceuses, de conseils avisés et de sacrifices gratuits, en somme, juste un amour qui peut tout donner et tout pardonner.
À te lire René, on ne désespère pas de l'homme s'il a été aimé d'une telle femme, parce que, quel que soit son destin, elle l'a rendu meilleur. Et que pour lui seul et l'éternité, elle danse dans le noir.
Commenter  J’apprécie          126
J'ai lu deux fois ce livre. La première, c'était il y a quelques années, en vacances, au bord d'une piscine. Mes parents et moi avions rencontré René Frégni à l'entrée de la fantastique librairie de Banon, à l'ombre d'un arbre. Nous avions eu l'occasion d'échanger avec lui, et d'acheter ce livre, qu'il m'a dédicacé. Un homme adorable. Déjà à l'époque j'avais apprécié cette lecture, même si au bord de la piscine ma concentration n'était pas idéale...
J'ai donc décidé de relire ce livre plus sérieusement maintenant. Un livre qui me plonge dans mes souvenirs de vacances, avec la toponymie qui lui correspond. Ce livre autobiographique chante l'amour familial, l'amour d'un père pour sa fille, d'un fils pour sa mère. L'auteur exprime avec justesse sa tristesse et son amour, sans trop en faire.
Ce livre chante aussi le pouvoir des mots, dans un style subtilement imagé. Une forte tendance à la synesthésie qui me plaît beaucoup aussi. Les passages sur les Baumettes sont terriblement émouvants sans pour autant être plaintifs ou larmoyants. Ils reflètent pour moi l'ensemble de ce livre: des sentiments vifs y sont exprimés, l'ensemble est très touchant mais ne tombe pas dans le larmoyant. Un juste milieu, un équilibre précieux.
Commenter  J’apprécie          73
...ça saigne dans la sincérité ,la poésie mais pas le maniérisme que frôlait parfois le trop esthète Giono ,ça déballe tout avec une force brutale et douce à la fois ! J'aime que l'on n'attende pas les instants ultimes pour crier sa "condition humaine", et avoir le courage d'effacer sa pudeur en hurlant de toute son âme :" oui j'en ai crevé de souffrance de voir s'en aller ceux que j'aime, comme une bête tapie dans son terrier, j'en ai vomi, j'en ai crevé..."...Ces mots on les dits à ses derniers instants car on sent bien qu'ils résument tout et faute de temps on veut conclure avec enfin une once de sincérité...Dans cette espèce de sublimation d'une existence on a envie de dire enfin sans détours : "quel enfer celui des sentiments" !!...La est la grandeur de l'homme, dans l'inégalité du combat qui devrait susciter un minimum de solidarité entre "frères d'armes" que nous ne sommes lamentablement pas....
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (303) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1713 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}