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Ludovic Frobert (Autre)
EAN : 9782917659847
288 pages
Editions Libel (15/11/2019)
4.75/5   4 notes
Résumé :
« En retrait, alignés tous les quatre sous cette vilaine pluie, nous l’observons légèrement de biais, lui, notre père, seul, maintenant figé. Benjamin, Camille, Émile, Xavier, les quatre frères, soudés, nous assistons en réalité à son enterrement à lui, François-Vincent Raspail. Alors même qu’en ce 17 décembre 1876 au Père-Lachaise nous menons pourtant en terre notre sœur, Marie. C’est la partie tragique de l’histoire des Raspail, de notre petite République des Rasp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Spontanément, j'ai toujours tendance à me "méfier" des ouvrages historiques qui utilisent le biais du roman pour "dire" l'histoire. Non pas que je remette en cause la qualité des auteurs qui s'essayent à l'exercice, mais disons que le mélange des genres me met toujours un peu mal à l'aise, me laisse perplexe ... Par conséquent, même si j'avais coché l'ouvrage de Ludovic Frobert lors d'une récente Masse Critique, j'ai démarré ma lecture encore empreint de cette méfiance.

Autant le dire, je n'ai pas changé d'avis à son issue. le mélange des genres ne me paraît pas pertinent. Encore que, pour le coup, l'expression "Roman vrai" prend tout son sens sous la plume de l'auteur. Il n'y a à vrai dire que très peu de passages romancés dans le livre, et l'écriture elle-même (dialogues, scènes de débat à l'Assemblée, etc.) n'est jamais qu'une mise en forme accessible des nombreuses sources que l'auteur a consulté pour rédiger cette monographie. Ma véritable réticence est davantage dans les séances de spiritisme. L'auteur lui-même le reconnaît et s'en explique dans un texte situé en fin d'ouvrage.

Une fois passé ces quelques réserves, que reste-t-il ? le souffle de l'Histoire. Ni plus, ni moins. Quoiqu'ayant fait des études d'histoire, et qui plus est en histoire contemporaine, la figure de Raspail et plus largement l'histoire politique du 19ème siècle me sont largement inconnues. Et c'est particulièrement vrai pour l'homme au coeur de cet ouvrage. François-Vincent Raspail. Un républicain intransigeant, d'une gauche radicale au sens où on l'entend aujourd'hui, qui jamais ne cède à ses convictions, et ce quelles qu'en soient les conséquences pour lui et sa famille. L'auteur s'attache à nous montrer le combat de cet homme et de ses enfants, se concentrant pour le temps présent sur les quelques années d'un Second Empire finissant, mais opérant de fréquents retours en arrière pour éclairer son propos. Ce faisant, ce n'est pas seulement le portrait d'un homme qu'il brosse, ni même l'histoire d'une famille. Ludovic Frobert nous donne à voir une histoire politique et sociale du 19ème siècle, et c'est passionnant.

Encore faut-il, je crois, avoir un minimum de culture historique pour en profiter pleinement, d'autant que les notes, nombreuses (personnages, situations, etc.) sont toutes renvoyées en fin d'ouvrage. Et cela rend leur lecture bien fastidieuse ... D'autant plus dommage qu'il s'agit d'un bel ouvrage et d'un beau travail éditorial, agrémentés de nombreuses gravures.
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La maison d'édition lyonnaise Libel publie le nouvel ouvrage de Ludovic Frobert, historien de l'économie qui est aussi l'un des spécialistes du socialisme français du XIXe siècle et le grand connaisseur de l'histoire des canuts lyonnais. le texte est agrémenté d'un certain nombre d'illustrations tirées des gravures diffusées dans les journaux du temps. Ces illustrations ne sont pas que décoratives : elles renforcent le récit en éclairant le contexte des événements qui sont évoqués dans les différents chapitres, en rendant compte par exemple de l'effervescence des réunions publiques à la fin du Second Empire ou de l'envahissement de l'Assemblée par le peuple le 4 septembre 1870.

L. Frobert délaisse le domaine de la science historique pour proposer ce « roman vrai » des Raspail. À travers le parcours de cette famille de la gauche radicale, l'ouvrage ambitionne en effet de sensibiliser un public plus vaste que celui des spécialistes des idées politiques. Les membres de ce clan soudé autour de son chef François-Vincent Raspail (1794-1878) ont bel et bien existé, de même que les événements historiques dans lesquels ce récit les fait revivre. de sorte que si l'historien délaisse apparemment la science pour la fiction, la part d'invention s'inscrit toutefois dans les certitudes de sources que le spécialiste maîtrise parfaitement.

Mais ce « roman vrai des Raspail » prend surtout la forme d'une auto­biographie familiale narrée par ­Benjamin, l'aîné des fils, élu député en 1849. Si le père est connu comme l'un des représentants du socialisme radical, on ignorait tout de la petite communauté très active qu'il ­composait avec ses enfants, quatre frères et une soeur, tous soudés dans leur soutien indéfectible aux combats du père et à la diffusion de son oeuvre scientifique et politique.
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Le roman vrai des Raspail est le livre idéal pour sortir du roman national. À sa lecture riche et rythmée, on vit littéralement l'histoire au coeur d'une famille unique et exemplaire. L'auteur prête sa plume à Benjamin, l'un des 4 enfants Raspail. Récit au jour le jour des années 1869/70, souvenirs des années 1830/1850, alternent avec bonheur : journal de bord, relevés astronomiques, carnets de spiritisme, le voyage dans l'histoire est aussi varié dans sa forme. L'immense documentation ne nous noie pas, au contraire : elle est au service du récit et du sens profond de cette histoire qui explore les sources du socialisme en France et puise à son plus fort affluent, Raspail et sa famille, les siens comme les soyeux de Lyon ou les quelques irréconciliables de l'Assemblée. Pour Raspail, la famille est une cellule-mère qui imprime - au propre comme au figuré - toutes les autres, de la commune à la Nation. Des Républicains, voyage dans l'histoire intense, subtil et émouvant en fait la vivante et vibrante démonstration. Magnifique.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de la #massecritiquebabelio
Je remercie les éditions Libel pour cet envoi.
Je dois dire qu'à la réception, j'ai ressenti une certaine appréhension quant à la lecture de cet ouvrage. J'ai eu peur qu'il soit indigeste...
C'était une erreur. Dès les premières pages, on entre dans le vif du sujet avec la découverte de la famille Raspail et notamment du père, François-Vincent, figure du socialisme. Il est au coeur de ce récit qui se déroule principalement en 1869-1870 avant la fin du Second Empire.
Le découpage des chapitres au regard des événements permet une lecture facile. J'ai beaucoup appris sur cette période de notre histoire. L'amorce d'idées politiques et sociales qui sont toujours autant d'actualités : socialisme, réforme, association... La cacophonie des échanges qui ont lieu à l'assemblée n'a pas beaucoup changé depuis.
Enfin, ce livre est agrémenté de reproduction en noir et blanc qui en rehausse la qualité.
C'est une belle découverte que cet auteur et cette maison d'édition.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dans l'intervalle, je remerciai longuement mes électeurs à travers les organes amis de la démocratie lyonnaise. J'avais appris qu'à Lyon, lors de la proclamation des résultats le 18 mai aux Terreaux, place de l'Hôtel de Ville, les onze noms furent énumérés et que la foule avait acclamé le mien et scandé «Amnistie ! Amnistie !», réclamant la libération de mon père. Mon élection, bien súr, constituait d'abord une protestation contre les iniquités faites à Raspail, une manière de reconnaître les torts et souffrances infligés au grand apõtre, au grand martyr et aux valeurs, aux attentes qu'il représentait : celle d'une République sociale, écrivais-je, «qui devait réaliser sur toute la terre la doctrine que le Christ -le premier et le plus grand des socialistes - n'avait pu que souhaiter et que prédire». J'assurais encore à mes électeurs que la pléiade de onze socialistes qu'is venaient d'offrir en un seul faisceau à la Législative ne me trouverait jamais à l'arrière dans le combat et que le peuple de Lyon ne regretterait pas d'avoir envoyé le fils de Raspail à la conquête de ses droits.
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- Les électeurs se sont déplacés. Aux dires des membres de nos comités qui étaient en vigilance constante dans tous les bureaux de Lyon depuis ce matin, près de trois électeurs sur quatre sont venus et ont déposé leur bulletin. A l'heure de la fermeture, l'administration a parfois rechigné, puis a laissé nos partisans s'assurer de la sécurité des urnes.
- Ils ont raison. Comment être sûr qu'ils ne vont pas tricher ? Tous les coups sont permis, car ils savent qu'ils risquent la fessée.
- Oui, nos partisans étaient peu convaincus de la sécurité des boites en sapin où n'importe qui pouvait glisser à loisir ce qu'il voulait lorsque plus personne n'aurait été là pour surveiller. Ils ont soulevé des objections. L'administration n'a pas osé s'y opposer, et on leur a laissé couvrir les joints de bandes de papier et poser tous les cachets de cire qu'ils voulaient. Les volets et les portes de chaque bureau ont subi le même sort.
- C'est une banque, ce n'est plus un bureau de vote !
- Vrai, mais une banque que contrôle le peuple. Bref, ce n'est pas une banque.
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- C'est vrai qu'on dirait un théâtre parfaitement adapté aux effets de manches, aux péroreurs et autres amateurs de parades.
- Oui, notre père l'a écrit dans son Réformateur dès 1834. La République, c'est ici, mais aussi bien au-delà. C'est la discussion franche entre semblables, partout, la délibération au quotidien, directe, sur les différends qui peuvent éloigner, mais non séparer, la conciliation telle qu'elle ne peut se développer, d'abord, que dans la commune.
- Il a parfaitement raison, il nous faut mener la réforme ici dans ce théâtre, mais aussi partout ailleurs, la commune, le canton, le département et ainsi de suite. C'est le vrai mouvement.
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Des libertés, oui, sur le plan politique, mais il ne fallait pas exagérer outre mesure : nous demeurions sous le régime impérial. Ces libertés étaient limitées à une représentation surtout significative de la France des notables et prête à concéder des libertés civiles et politiques très mesurées et très circonscrites pour ceux qui demeuraient des citoyens sporadiques, de seconde zone ; ce libéralisme se déclinait encore, et même surtout, sur le plan économique, permettant l'essor de la haute banque, de la bourse et des grosses compagnies. On était loin de la République.
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"Art. 1 : Un État civilisé est le multiple de la commune et la commune est le multiple de la famille."
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