Takuji Ishikawa et
Tsutomu Fujikawa nous permettent de connaître la très belle histoire d'Anikori Kimura
Anikori Kimura est né en 1949 dans une famille modeste de paysans, dans un pays encore très impacté par la Deuxième Guerre mondiale toute proche.
Anikori est un enfant intelligent et curieux de tout. Il veut comprendre le fonctionnement de toute chose, quelqu'en soit le prix à payer.
Il semble destiné à devenir paysan même si cela ne l'intéresse pas spécialement. Après quelques mois à travailler en ville, sa famille lui ordonne de rentrer au pays pour s'occuper de l'exploitation familiale.
Finalement après un mariage arrangé heureux, il s'installe chez sa belle famille dont il va cultiver les terres.
Au départ, en-dehors de son esprit curieux, rien ne le prédestine à s'éloigner du modèle agricole d'alors, à savoir produire plus avec le maximum d'intrants phytosanitaires possible pour un rendement toujours plus grand.
Il est même assez fier de suivre cette voie, comme le montre la page 41, quand il raconte comment il est le meilleur élève de l'année selon la coopérative locale car il est celui qui a utilisé le plus de pesticides possible.
Tout va basculer lorsqu'il se rend compte que sa femme est de plus en plus malade à cause de tout ces produits chimiques. Il va alors s'intéresser aux modes de culture et essayer pendant de longues années de supprimer tous les engrais et pesticides de ses cultures.
Il est pourtant admis par tous que la culture de la pomme ne peut se faire qu'avec cette chimie, les arbres étant bien trop fragiles. Et cela va se vérifier pendant des années pour Anikori qui voit ses récoltes successives être ravagées et les maigres économies de la famille fondre au même rythme.
Après des centaines d'expériences et presque autant d'échec, des années d'efforts, de nombreux moments de doutes et de désillusions Anikori Kimurava réussir son pari de développer une culture naturelle et biologique de la pomme au Japon. L'un de ses secrets observer et s'inspirer de la nature.
Son expérience est un modèle pour beaucoup de personnes dorénavant. Il donne des conseils, écrit des livres, participe à des conférences et continue son travail de paysan.
Ce livre est très joli, porteur d'un beau message d'espoir et de persévérance. Un monde meilleur serait possible, mais au prix de très gros efforts.
C'est aussi un livre qui montre les dérives d'un monde capitaliste et consumériste qui pousse chacun, quel que soit son domaine, à consommer toujours plus.
Pour Anikori, le modèle est de consommer plus de chimie, de s'endetter pour un tracteur, etc Et tout cela pour essayer de produire plus mais pas de gagner plus. Il se rend compte à un moment, avec ses premiers tests, que certe sa production diminue mais comme il n'a plus à acheter d'engrais et d'insecticides ses revenus ne sont pas forcément en baisse.
C'est toute la quadrature du cercle de ces professions à qui l'on vend un modèle unique et qui n'est vraiment rentable que pour les multinationales qui les pressurisent.
En dehors du scénario et de l'histoire que j'ai beaucoup aimé, j'ai également trouvé le dessin très agréable pour cet ouvrage emprunté à la bibliothèque de la Cité des sciences à Paris.