Je ne vais pas être très originale après 187 critiques mais j'avais quand même envie d'apporter ma petite pierre à l'édifice :-)
Si j'avais souffert avec
American gods, ce n'est pas du tout le cas avec ce joli récit fantastique destiné de prime abord à la jeunesse, et qui a reçu le prix Hugo 2009 du meilleur roman.
Quand je dis « joli », c'est une façon de parler puisque cette curieuse histoire débute avec le massacre d'une famille dont réchappe seulement un bambin. L'enfant se réfugie dans le cimetière voisin où il va être littéralement adopté par les fantômes, et notamment le couple Owens.
Les premières pages m'ont immanquablement évoqué l'univers de
Tim Burton, je trouve que la filiation entre Burton et
Gaiman est évidente. Je m'étais déjà fait la réflexion avec
Coraline. Mais les références de
Gaiman sont aussi littéraires, c'est un hommage à peine déguisé à Dickens et
Kipling. Cela devrait donner envie de relire ces piliers de la littérature anglaise.
Nobody, le bien nommé, va se recomposer une famille, se faire des amis (le personnage de Silas, ni vivant ni mort, est sans conteste l'un des plus intrigants) mais surtout, va devoir se garder du meurtrier des membres de sa famille, surnommé Jack, toujours à sa recherche.
Dans une ambiance macabre et poétique, le jeune Nobody Owens entraîne le lecteur dans son sillage, au cours de ses années d'apprentissage ponctuées d'aventures parfois dramatiques, souvent drôles et même touchantes. Les morts ont plus d'épaisseur que les vivants, qui sont d'une certaine manière, moins intéressants et « humains » que les trépassés. On s'attache sans peine à ces figures singulières, issues du folklore occidental.
Faut-il en déduire que le monde des vivants est bien plus dangereux, noir et cruel que le royaume des morts ? Possible. Mais le talent de
Gaiman consiste aussi à brouiller les pistes et rendre poreuses les frontières entre ces deux extrêmes. Nobody Owens est pour le moins un héros tout à fait original, et je gage que vous regarderez désormais les vieux cimetières pleins de tombes moussues d'un autre oeil.
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