La déconstruction de l'école

Ce journal du professeur de philosophie dans un lycée De Marseille, Renaud Garcia, tenu mensuellement de juin 2021 a juillet 2022 n'est pas très intéressant. Technocrititique, proche de Pièces et Main d'oeuvre, Garcia est notamment l'auteur d'un "Désert de la critique", chez L'échappée où il s'en prend au wokisme comme disent les gens de droite en les accusant de ne pas saisir le tournant totalitaire du capitalisme techno - on ne doit pas lire les mêmes références intersectionelles -, mais, comme tous les autres, s'en prend surtout à l'intimidation que ceux qui sont au croisement des discriminations feraient peser sur les discriminateurs. L'argument reste ridicule, tant les rapports de force ne sont pas au même niveau.

La déconstruction de l'école parle surtout du baroud d'honneur d'un micro-groupe de profs pour s'opposer à la généralisation de Santorin, le système de correction de copies de l'éducation nationale utilisé pour les examens. Garcia raconte comment ce combat s'est terminé par un fiasco, jusqu'à être contraint d'admettre la defaite et de devoir lui-même l'utiliser... Les tribunes contre Santorin étaient pourtant sensées : elles décrivent très bien ce que brise cette nouvelle numérisation et les limites de ces outils... Qu'est-ce qui fait que le mouvement n'a pas pris au-delà d'un petit cercle de convaincus ? Pourquoi est-il si difficile de s'opposer à la marche du monde ? Garcia apporte quelques brèves réponses derrière son dépit. Finalement dans ce refus à s'opposer, pour beaucoup, c'est d'abord la résignation qui l'emporte et la menace qui paralyse. Pour les mêmes, c'est l'intérêt supérieur des élèves qui prime : "leur excellence mesure la valeur de votre engagement". le prof n'existe que par les élèves. Santorin est moins pire que Zoom dans cette relation qui s'effrite. le risque c'est que demain, Zoom soit moins pire qu'un rapport machiné par des IA... Même si je suis loin de partager tous les avis de Garcia, notre incapacité à submerger un monde qui se délite me laisse toujours inquiet. A croire qu'on ne se mobilise vraiment que quand on n'a plus d'autres choix. Et cette perspective me rend plus inquiet encore.