C'est l'histoire vraie d'un homme au destin peu commun,
Jacques Lusseyran, né en 1924, devenu aveugle à l'âge de 8 ans (à la suite d'un accident bête – comme le sont souvent les accidents), brillant élève auquel le gouvernement de Pétain refuse de passer les concours de Normale Sup à cause de sa cécité, résistant à 17 ans, trahi par un camarade, arrêté par les Allemands et déporté à Buchenwald. Libéré en 1945, il écrit son autobiographie, et part enseigner la littérature aux Etats-Unis. Marié trois fois, il trouvera la mort à 47 ans.
Cet homme m'a fait un peu penser, par son parcours atypique et sa manière de transformer son handicap, d'en faire une chance et même un privilège, à
Joë Bousquet. Ce qui m'y a fait penser aussi, c'est le lien entre cet homme et l'écrivain qui choisit de le faire exister par son livre.
Joë Bousquet et
Guillaume de Fonclare étaient tous deux voués à l'immobilité ;
Jérôme Garcin justifie ainsi le choix d'écrire sur
Jacques Lusseyran : « Une fois encore, une fois de plus, je pense à mon père, né à Paris après
Jacques Lusseyran, passé lui aussi par la khâgne de Louis-le-Grand, fou de littérature, amoureux de la langue du XVIIIe, éditeur accompli, mais écrivain empêché, dont la mort accidentelle en pleine nature, au printemps de 1973, à l'âge de quarante-cinq ans, dessine une ligne droite que je n'aurai jamais fini de vouloir prolonger dans des livres brefs peuplés de jeunes morts qui continuent de vivre, de lire, et d'écrire. »
J'ai été touchée par le parcours de cet homme charismatique, qui faisait de sa faiblesse une force et une joie, capable d'une intuition, d'une mémoire, d'une sensualité immenses. La plume de
Jérôme Garcin, sensible et chaleureuse, lui rend bien hommage.
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