Vincent Gerber, historien et fondateur de la plateforme internet ecologiesociale.ch et
Floréal Romero, agriculteur et promoteur des thèses de
Murray Bookchin se sont associés et ont rassemblé leurs compétences et leur enthousiasme pour donner naissance à cet ouvrage modeste par son nombre de pages mais ambitieux dans son propos.
Murray Bookchin et l'écologie sociale libertaire se compose de deux parties. La première propose quelques repères biographiques et rappelle l'itinéraire du précurseur de l'écologie politique, définit le municipalisme libertaire, et livre des pistes concrètes pour penser le monde à venir. La seconde partie est un florilège d'extraits choisis dans la bibliographie de Bookchin.
Murray Bookchin, dès les années 50 dénonce l'utilisation d'additifs dans l'alimentation ainsi que ses dangers, explique déjà avec une simplicité adamique, frappée au coin du bon sens, comment l'écologie est récupérée et dévoyée au profit d'une pensée unique et inaltérable, nommée capitalisme. Il rappelle avec une lucidité stupéfiante que les problèmes écologiques ont des racines sociales qui nécessitent pour leur résolution, une modification profonde, un changement institutionnel radical de la société. Il explique comment la grande force de la société actuelle est de maintenir la population dans un état de manque continu et de dépendance artificielle, face à l'Etat, au travail, à l'argent, l'éloignant chaque jour un peu plus de ses besoins fondamentaux : se nourrir, se loger, se vêtir, conserver sa santé, assouvir ses besoins sociaux, culturels et d'épanouissement personnel. Pour faire passer la pilule, un vocabulaire libéral pervers et propagandiste a vu le jour : « capitalisme vert», « écocapitalisme » « individualisme farouche », « auto-entreprise », « développement durable », ou « croissance raisonnée», tous euphémismes d'une société peu sûre d'elle, utilisés pour transformer ses dimensions les plus prédatrices en vertus et faire d'une pierre deux coups en justifiant des mesures contraignantes ou répressives, via le redéploiement de la fiscalité sur les plus pauvres, des taxes punitives, de nouvelles normes plus favorables aux pollutions, des amendes.
Oui, mais alors, puisqu'il est si fort et qu'il parle comme un livre, que propose-t-il ce
Murray Bookchin en remplacement du « croître ou mourir » ? Il s'intéresse, comme devrait peut-être le faire chacun d'entre nous, à la démocratie directe, à la promotion d'une société décentralisée gérée localement, humaniste, basée sur des rapports de proximité, sur l'intérêt général, une saine concurrence, sur la base d'une confédération de communes libres, et un projet municipaliste libertaire bien éloigné du pillage généralisé actuel.