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EAN : 9782360542215
320 pages
Le Mot et le reste (20/10/2016)
3.25/5   6 notes
Résumé :
« Qui en France prétend connaître le rap ? Quel journaliste peut écrire sans faire de fautes de frappe ? » En 1991, NTM joue de ces interpellations pour s'en prendre à la critique facile d'un genre trop souvent dénigré. Ancré dans le champ musical depuis plus d'une trentaine d'années, le rap français, souvent réduit aux clichés, peine à trouver une pleine légitimité au sein de la culture hexagonale. S'éloignant des éternels débats, Sans fautes de frappe propose un é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est un livre intéressant qu'il m'a été donné de lire.
Parmi les genres musicaux que j'écoute le Rap et le Hip-Hop tiennent une bonne place. En tant que connaisseurs d'artistes maniant la langue de Molière comme de vrais esthètes, en tant que poètes ou romanciers, je ne comprends toujours pas pourquoi la plupart des médias s'acharnent sur ce genre. Ils ne comprennent toujours pas que comme toute création il leur faut gratter sous la vile surface afin de trouver les trésors…
Alors bien sûr, aujourd'hui il est rare d'entendre à la radio des artistes maniant bien la langue française, ou du moins en essayant d'en faire quelque chose de différent. Les radios et les adolescents qui achètent en masse donnent une mauvaise influence sur ce business. Les poètes de ce genre sont donc quasiment oubliés. Certains de nos troubadours n'ont donc plus que la verve lyrique qui claque, mais le langage reste dorénavant bien pauvre. Mais qui se penche sur les textes de rappeurs comme Iam, NTM, Doc Gyneco, Abd al Malik, NAP, Oxmo Puccino, Rocé (plus récemment peut-être Bigflo & Oli) est obligé de considérer qu'il y a un travail fait sur la langue qui est indéniable. Ils connaissent les règles des poèmes classiques et surréalistes, ils lisent des romans (en écrivent), ils font appel aux héros de la littérature classique et de la culture populaire, ils paraphrasent, ils métaphorisent, ils adaptent leurs textes dans un processus créatif. Il faut donc beaucoup de mauvaise foi, ou une profonde méconnaissance pour affirmer que la vraie musique est totalement morte et que ces personnes ne font que des babillages à jeter dans les caniveaux. Ils sont capables de discourir dans tous les niveaux de langues, même si certains déplorent l'inégalité de l'accès à la culture pour tous, et c'est ce que ce livre nous montre.

Bettina Ghio nous explique ici toute la richesse de la langue utilisée par ces auteurs, leur rapport à la littérature française classique avec par exemple des livres comme les Misérables de Victor Hugo ou Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand. Elle n'hésite pas à faire un parallèle avec le statut de Louis-Ferdinand Céline qui lui aussi avait été capable de modifier la prose française et d'apporter le langage parlé dans l'écrit avec Voyage au bout de la nuit. Plus encore, lui aussi il attaque l'état, ses institutions, quant à ses capacités à faire accéder la culture à un plus grand nombre, mais aussi à la police et ses tentations racistes en pleine période coloniale. Elle fait également un rapport à la littérature française par des ouvrages récents traitants de la banlieue ou d'autres thèmes. le but de l'auteur est de montrer que les mêmes revendications sociales et les mêmes textes existent chez les écrivains que chez les rappeurs mais que les premiers ne sont jamais attaqués par la justice, les derniers oui. Elle fait donc la critique que nos institutions vieillissantes et inadaptées acceptent bien la critique littéraire, mais jamais la critique orale.
Le rapport à la poésie française est indéniable. La construction des textes des rappeurs français en utilise les règles, mais ils ne le font pas tous de la même façon. Si NTM ou IAM utilisent la plupart du temps des rimes plates, les textes de Mc Solaar, Oxmo Puccino ou Rocé par exemple sont des trésors d'écriture et de conception. Si chez Mc Solaar le travail sur les sons et sur les beaux mots est un amusement, chez les deux derniers le travail de la rime est beaucoup plus rigoureuse. Et plus qu'un trésor d'écriture, c'est une réelle richesse auditive que ces personnes procurent. le jeu de la langue est indéniable à l'écrit, mais le flow si particulier à chacun nous fait vivre intensément chaque discours, comme un retour des anciens troubadours. Bettina Ghio nous fait aussi ce constat et cette analogie du rappeur et du troubadour. Elle est belle et ils en reprennent le rôle de dénonciation en poésie. Et si les rappeurs reprennent en partie les textes de chanteurs comme Renaud, Brel, Brassens et d'autres, des auteurs qui ne sont pas taxés aux de sous-culture, c'est qu'ils ont comme eux envie de faire des textes pour dénoncer.

Le rap c'est écrire pour la beauté de la langue mais aussi de l'oreille, c'est bien dommage de ne pas le comprendre encore à l'heure actuelle. le rap pâtît toujours de son manque de glamour et de son statut banlieusard.
Quand le rap dérape, les journalistes les attrapent et la prison sonne le glas ; quand le gouvernement avilit l'esprit de plusieurs générations, les rend hagards, forme véritablement des sous-cultures et donne tout son coeur à l'inégalité des chances, au manque d'accès à la « vraie culture »… et bien rien ne se passe et personne n'est inquiété.
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critiques presse (1)
Telerama
15 décembre 2016
Le livre de Bettina Ghio offre une grille de lecture aux non-initiés. On y découvre que toute une génération revendique l'héritage des auteurs classiques enseignés à l'école.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le même Akhenaton insiste sur le fait que, par cette pochette, l’idée était de « montrer ces quartiers sous un angle créatif quand la télévision en parlait exclusivement dans les émissions racoleuses sur l’insécurité ». Les disques d’IAM portent l’étendard de la critique à l’urbanisme contemporain. Ils dénoncent les aspects négatifs qui se dégagent de la grande ville occidentale moderne en établissant notamment des parallèles avec les divinités égyptiennes et le multiculturalisme propre de l’Egypte ancienne. De nombreuses références faisant appel à la métaphore du « côté obscur » de l’épopée cinématographique Star Wars permettent aussi de discréditer la civilisation actuelle, dont la misère des grands ensembles serait l’une des forces antagoniques. Des voix off renvoient à la période pharaonique, mais le rapprochement avec le monde contemporain reste évident : « l’esprit qui a construit ces monuments est immortel » (« Pharaon reviens », 1993).
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[…] Mais couchée sur les pages d’un livre, la violence des propos pourtant tout aussi intense, devient symbolique et par là, honorable. D’une certaine façon, ce que l’on ne permet pas aux rappeurs est autorisé aux écrivains, le livre jouissant en France d’une place plus respectable qu’un morceau chanté. 
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[…] Pour le littéraire, c’est la langue française qui se voit renouvelée, pour le linguiste, au contraire, elle se manifeste dans une version réduite et grossièrement déformée. […]
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Rap, la revanche des vaincus.
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