Chiens de sang est mon second
Karine Giebel mais finalement le premier vrai roman que je lis d'elle (
Maîtres du jeu étant un mini recueil de deux nouvelles). Court roman, certes, mais roman quand même.
En quelques mots, l'histoire : il a fallu d'un instant, d'une mauvaise rencontre, d'un hasard pour que la vie de Rémy et Diane bascule pour de bon. Mais détrompez-vous : il ne s'agit pas de l'histoire d'un couple en galère. Non, non. Juste de deux courses poursuites racontées en parallèle. Celle d'une femme, dans la forêt, d'une malheureuse traquée, qui a vu ce qu'elle ne devait pas voir. Et celle d'un homme, dont le seul crime était d'être SDF et qui se retrouve être le gibier dans une chasse à l'homme mortelle. Rémy et Diane ne se connaissent pas mais ils vont, chacun de son côté, flirter avec la mort.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce roman est vraiment haletant. Hyper efficace. Hyper tranchant. Les phrases sont souvent courtes, percutantes, focalisées sur l'action pure, sur un sentiment précis, une impression, une pensée. Un style où le superflu n'a pas de place et mon dieu, moi qui déteste tant les styles alambiqués : je suis comblée. Disons que ce style brut te pousse à tourner les pages, avidement. Même si, à la base, tu n'avais pas beaucoup de temps à accorder à ta lecture. Résultat : il m'a fallu deux jours pour le lire alors qu'en ce moment, j'ai beaucoup de travail. Je ne pouvais pas m'empêcher d'y revenir, à chacune de mes pauses.
Bien sûr, certains pourront reprocher au roman de manquer d'originalité. Après tout, l'histoire de ces chasses à l'homme ont été évoquées dans d'autres oeuvres et on ne plonge donc pas dans un univers hyper innovant, ni plein de surprises. Cela n'enlève rien au talent de l'auteur qui a réussi à nous offrir un panel de personnages hyper réalistes, intéressants et pour certains d'entre eux, touchants. Cela ne rend leur traque que plus horrible et j'avoue que tout au long du roman, j'ai croisé les doigts pour qu'ils s'en sortent…tout en me doutant que ça ne serait pas le cas. D'une certaine manière, j'ai été surprise par certains évènements arrivés en fin de roman et surtout, j'en ai apprécié les dernières pages, terriblement amères, désabusées et pourrait-on dire, cruelles.
Car il y a toute une critique de la société dans
Chiens de sang. Sur la société de consommation qui nous pousse à vouloir posséder et qui met de côté ceux qui ne possèdent pas. Sur cette société qui traite les sans papiers comme des chiens (le fait que les camarades de Rémy soient tous des sans papiers, des clandestins n'est évidemment pas un hasard !). Sur cette société où ceux qui ont le pouvoir s'en sortent toujours… Rien de nouveau dans le soleil mais cela apporte une autre dimension à un livre que je recommande donc chaudement.
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