AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 827 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Vers la fin de ce 1er livre édité de Jean Giono, un personnage dit d'un autre, central, l'octogénaire alité qui n'a peut-être pas "fait" un AVC mais qui est probablement proche de sa fin et qu'on pourrait nommer voyant ou shaman.. : " Et, c'est là, qu'il s'est mis à parler, comme s'il avait été la fontaine du mystère. ça s'est tout construit : un monde né de ses paroles. Avec ses mots il soulevait des pays, des collines, des fleuves, des arbres et des bêtes; ses mots, en marchant, soulevaient toute la poussière du monde. ça dansait comme une roue qui tourne ; j'en étais tout ébloui. Tout par un coup, j'ai vu, net, l'ensemble des terres et des ciels, de la terre où nous sommes, mais transformé (..) je voyais au travers leur âme terrible (..) ".
Pour moi, Giono a écrit dans ce premier livre édité, quand il a 34 ans, ce portrait de lui-même, de son projet et de sa réalisation d'écrivain, de poète.. et j'en suis tout ébloui !
Il y aurait - et il y a - tant à dire sur ses oeuvres, mais je ne veux pas faire trop long car les longueurs ici me fatiguent.. (je vous conseille le texte de lamifrantz, page 4 ou 5)
Il y a dans Colline je crois 2 aspects de Giono assez différents ; celui qui m'éblouit, le poème audacieux, en roue libre, qui ne s'interdit pas grand chose, qui roule les métaphores inimaginables (par moi) pour dire les éléments (la Terre, l'eau, le feu, l'air etc..) et qui avait, je suppose, lu Rimbaud le voyant.. et un autre Giono que j'ai beaucoup moins rencontré dans ses autres livres (sauf dans Jean le Bleu, les Grands Chemins..), un Giono de dialogues, de portraits, de discussions entre des personnages et qui le rapproche d'un Pagnol (pour rester en Provence) par exemple.
Du coup (comme on dit aujourd'hui à tout de champ - de lavande bien sûr ), ce roman est un peu déséquilibré - à moins que ce ne soit de la richesse ? - je trouve, mais contient déjà tous les thèmes qu'il variera dans ses livres suivants : la relation de l'Homme à la Nature, le fantastique, le mystérieux, les superstitions, (qui sont peut-être un savoir plus important), les contes, l'isolement et l'intelligence intuitive, emprique, des gens d'en haut, le marginal, le différent, le paganisme, la foi, l'opposition hauteurs/vallée, le "progrès"/ l'écologie etc..
J'ai préféré Regain (qui pourrait se passer dans l'autre village en ruine..), le Chant du Monde (Le titre qui qualifie le dessein de Giono), Que ma Joie demeure etc.. mais celui-ci est quand même déjà très fort. Qui a écrit les collines, le vent, la terre .. comme lui ?
Amateur de romans de la mer, je dirais que Giono est à un incendie ce que Henri Quéffelec est à une tempête, son barde, son poète, son diseur le plus talentueux. J'aime la lyre de Giono !
Commenter  J’apprécie          20
Ma vieille édition du livre “Colline” ne comportait pas de résumé en quatrième de couverture, ni en page liminaire, comme on en trouve parfois sous la biographie de l'auteur dans d'anciens livres de poche.

Daté de 1929, c'est le premier roman publié de Jean Giono, qui sera complété par “Un de Baumugnes” et “Regain”, constituant la “Trilogie de Pan”.

J'ai été happé par la lecture de la première page et charmé par le style, l'ambiance provençale, si bien que j'ai enchaîné jusqu'à la soixantième page sans pour autant savoir de quoi allait parler ce roman.

Lisez la présentation du livre dans Babelio ; certes, l'histoire vous sera narrée mais vous serez moins désemparé dans votre lecture que je ne le fus.

Vous pourrez alors vous promener tranquillement dans les collines, au pays de Lure en Haute-Provence et écouter l'accent de Giono dans un texte au vocabulaire régional et ancien :
le raspail, les genestes, l'agachon, les avettes, l'esquirol, la dourgue, la fenière, le calen à huile, les bridons, le coutre, les bourasses, le capon, le rostre, le bavolet…

L'histoire est un support à cette balade dans la vie de la Provence d'autrefois, à ces descriptions du “réalisme merveilleux”.
Commenter  J’apprécie          360
Moi qui vit dans les collines de Manosque depuis plusieurs années, il m'aura fallu tout ce temps pour découvrir Giono avec ce premier opus de la trilogie Pan. Impardonnable. Je redécouvre les lieux parfumés de mes randonnées pédestres.
Ode poétique à la nature, à la vie qui forment un tout avec la mort. L'homme n'est rien qu'un petit élément qui prélève son dû à la nature et c'est déjà trop. C'est la leçon du père Janet mourant.
Giono nous livre la cruauté de la colline, un être tendre et furieux à la fois; la dureté des éléments l'eau qui manque, le feu qui ravage, la colline qui dévore les hommes.
Commenter  J’apprécie          41
Jean Giono (1895-1970) est un écrivain français. Romancier de la haute Provence, apôtre d'un idéal de vie naturelle et rustique, il évolua vers une philosophie et un art plus classique. Colline, très court premier roman de l'écrivain, paru en 1929, est aussi le premier volet de la Trilogie de Pan avec Un de Baumugnes (en 1929 également) et Regain (1930). La référence au dieu Pan donne la tonalité de cette trilogie puisqu'il était le gardien des troupeaux et sa mission était de les faire se multiplier. Dieu des forêts et des pâturages, protecteur des bergers, il est venu au monde avec des cornes et des pattes de bouc.
Montagne de Lure dans les Alpes-de-Haute-Provence. Perdu dans ce coin sauvage, les Bastides Blanches, « un débris de hameau » où vivent deux ménages dans quatre maisons : il y a Gondran, sa femme Marguerite et Janet le vieux beau-père ; Arbaud, son épouse et leurs deux filles ; Maurras, sa mère et un petit valet de l'assistance publique ; Jaume, veuf depuis que sa femme s'est pendue dans la grange, et sa fille Ulalie, et puis il y a Gagou, un simple d'esprit arrivé depuis quelques années. Ils sont treize, est-ce déjà un signe funeste ?
Janet, vieux et paralysé sait énormément de choses sur la nature, apprises sur le terrain en l'observant. Aujourd'hui, sur son grabat près de la cheminée, il parle ou radote et ses propos pas clairs font écho aux étranges sensations ressenties par Gondran et les autres ces derniers jours quand ils courent les bois et les champs, leur environnement semble se modifier, le vent, l'orage, les nuages, l'air, le silence pesant ensuite, quelque chose se prépare et le vieux leur conseille d'être sur leurs gardes. Lentement, la peur monte dans le hameau. Et quand la source va se tarir, qu'une des gamines va tomber gravement malade, c'est l'affolement dans la chaleur suffocante de l'été.
Le Janet qui continue a raconter ses trucs bizarres, les hommes qui commencent à voir des signes inquiétants ou se souviennent d'évènements passés suspects et ce chat noir qui annoncerait par sa seule présence des tragédies. L'angoisse augmente, les cultures sont abandonnées, la nature reprend ses droits et gagne du terrain « si tu laisses, une fois, tomber l'acier de tes mains, la foule verte submerge tes pieds et tes murs ».
L'apothéose survient quand le feu embrase les collines et fond sur le bled comme un dragon en furie, la bête immonde, « son ventre de flammes suit, sa queue, derrière elle, bat les braises et les cendres (…) le dard de sa langue tâte le vent pour prendre la direction ». A bout de force, épuisés, ravagés par la peur, les idées folles troubles les esprits, tous ces malheurs qui frappent subitement ne peuvent avoir pour origine qu'une malédiction ou une vengeance, et si c'était le vieux Janet, ce sourcier sûrement sorcier aussi qui cherchait à les embarquer avec lui pour son dernier voyage ? Seule solution pour contrer ses desseins, le tuer…
Excellent roman, riche de symboliques, ayant pour thème la montée de la peur quand les hommes n'en comprennent pas les causes et se cherchent un bouc émissaire pour en conjurer le sort. Roman très moderne aussi en ces temps où le réchauffement climatique nous implique tous, où les hommes réalisent que s'étant trop éloignés des préceptes enseignés par la Nature, ils s'en sont fait une ennemie, hier soumise à notre volonté, aujourd'hui décidée à nous détruire ?
Commenter  J’apprécie          30
Conte, récit poétique, on ne sait pas trop, mais ce coin de Provence où se passe le récit à des airs de légende. Giono y transfigure la région dont il vient en donnant vie - et quelle vie! - aux collines, aux arbres, à l'eau et au feu, ce feu qui comme une langue monstrueuse avale tout ce qu'elle trouve sur son chemin.
Janet se meurt. Janet, c'est le père de Marguerite, dite Gritte, et le beau-père de Gondran. Il se meurt comme il a vécu, mauvais, hargneux, revanchard et c'est de son oeil encore mobile, quand tout le reste est paralysé, qu'il jubile des malheurs qui s'abattent sur le petit hameau. La fontaine ne coule plus, il faut maintenant faire des kilomètres à tour de rôle grimper jusqu'à Lure qui domine les Bastides Blanches de son ombre, pour trouver de l'eau. La petite Marie tombe gravement malade. le feu, bientôt, gronde là-haut. Et Janet jubile. Lui seul sait où trouver l'eau souterraine. Sourcier, sorcier, il refuse de partir seul, c'est tout le village qui doit partir avec lui, et avec eux l'eau, la colline, les arbres, l'herbe.
Gondran, Jaume, Maurras, les hommes luttent contre les éléments, hésitent à croire les délires de Janet.
Car dans la bouche de Janet, la nature alentour commence à vivre, s'animer, comme dans les légendes japonaises.
C'est d'une poésie folle et profonde, on goûte les mots épais de Giono.
Lu au retour d'une semaine en Provence, j'ai retrouvé cette nature soumise à la force des éléments et ses belles collines arides. Une belle expérience.
Commenter  J’apprécie          270
Manifeste pour un nombre de mots limités dans les critiques sur Babelio
////////////////////////////////////////////////////////////////

Dans ce petit hameau -trois quatre maisons à flanc de colline- la nature semble se révolter , perturbant le quotidien paisible des habitants. Ces événements semblent avoir un lien avec l'agonie d'un paysan, cloué dans son lit, qui se met à "déparler" ou à halluciner.

Une langue chantante, poétique, bucolique, rendant la lecture très agréable pour un récit qui n'en reste pas moins mystérieux.
Un côté surnaturel qui m'a un peu déconcerté initialement, sans m'empêcher d'aimer beaucoup ce roman.
Commenter  J’apprécie          30
Quelque peu déroutée au début, je me suis ensuite volontiers laissée emporter dans cette histoire où les croyances villageoises frôlent la sorcellerie. Les mots de Giono et les descriptions empreintes de poésie qu'il fait de sa provence m'y ont évidemment aidée...
Commenter  J’apprécie          20
Lecture faite à mon père de ce roman. Nous avons partagé la vie de ces paysans, habitants les quatre maisons perdues entre les collines, près des monts de Lure, composant les Bastides Blanches. Une vie rude, en quasi-autarcie, loin de la ville, au milieu d'une nature puissante et sauvage. Un semblant de cohabitation mis à mal et remis en cause par une série d'événements semblant prêtée une volonté à la nature de punir ces hommes. Une lutte, un conflit plutôt qu'une cohabitation à cause de la nature des hommes et de leur manque de respect de la vie. Une écriture chantante qui nous fait vibrer et ressentir cette nature dans toutes ses manifestations et sa colère vis-à-vis des hommes.
Commenter  J’apprécie          142
De phénomènes bien étranges entourent les bastides blanches nichées dans les colline pendant que se meurt le vieux Janet taiseux sur tous les secrets de la nature qui entoure les familles des bastides. Un récit simple mais très angoissant, jusqu'au au dénouement.
Commenter  J’apprécie          00
J'avoue que j'ai eu quelques difficultés à rentrer dans ce livre ou tout au moins à comprendre où allait ce récit. Mais peu importe, dès les premières lignes je me suis sentie embarquée dans un texte d'une grande poésie, presque de la poésie en prose par moments. Même sans trop savoir où j'allais, je me suis sentie entraînée dans un torrent puissant avec Janet qui n'en finit pas de mourir, avec cette sensation de huis-clos en pleine nature, avec tous les malheurs qui s'accumulent sur cette petite communauté. Giono nous fait sentir le poids et la force de la nature, la petitesse de l'homme qui dans son besoin de compréhension émet des hypothèses qui relèvent de la coïncidence puis de la superstition. L'animisme qui se dégage de ce roman me laisse plutôt perplexe mais que le texte est beau, et prenant, avec cette tension qui monte et culmine avec l'épisode de l'effarant incendie de forêt. Un texte qui se prête particulièrement bien à l'oralisation et qui doit être une agréable lecture audio. La langue de Giono est poétique, mais aussi très riche, mieux vaut avoir un dictionnaire à côté, même si ce n'est pas non plus indispensable : Giono invente des mots (déparler), utilise des mots dans des emplois ou des tournures inhabituelles (panteler) ou des mots rares, vieillis ou locaux (avettes). Un roman bien plus sombre que son titre ne le laisserait supposer, un roman qui interroge et laisse perplexe.
Commenter  J’apprécie          240




Lecteurs (2228) Voir plus



Quiz Voir plus

Jean Giono

Né à Manosque en ...

1875
1885
1895
1905

12 questions
401 lecteurs ont répondu
Thème : Jean GionoCréer un quiz sur ce livre

{* *}