Ça ressemble à un scénario de film d'espionnage: dans la forme d'abord tant l'écriture est concise, passant d'une époque à une autre, d'un plan à l''autre, de Biarritz à Addis-Abeba, de Lourdes à Djibouti sans grande transition. Ça y ressemble aussi dans l'histoire, peu vraisemblable, et dans la mise en scène: personnages puissants — rien de moins que le Négus, le Roi des Rois, et ses enfants illégitimes, beaux comme des dieux —scènes d'échanges de tirs, de séduction et de sexe, pour varier les plaisirs. Tout y est. Et ça n'a presque rien de québécois si ce n'est le héros dont le nom n'est pas James Bond mais le père Larochelle, un jésuite pétri de ruse et touché par la chance (à défaut de la grâce), sans foi ni loi, un peu caricatural comme l'est
Jean Dujardin dans OSS 117. Notez que l'action se situe dans les années de révolution tranquille au Québec où beaucoup de prêtres ont défroqué. On croit d'ailleurs entendre par la bouche du cynique Larochelle — qui ne cache pas son agnosticisme voire son athéisme — la révolte de l'écrivain lui-même contre l'emprise des institutions religieuses. On trouve aussi au passage une critique d'autres institutions, telles l'administration française, diplomates et leur cour d'expatriés en Somalie, et conservateurs du musée du Louvre.
Un moment de lecture agréable mais qui ne me laissera sans doute pas un souvenir impérissable...