La quatrième de couverture annonce qu'il s'agit d'une édition complète des nouvelles de l'auteur. Je ne doute pas que ce ne soit vrai, mais au total il s'agit de trois textes, ce qui ne fait pas beaucoup. Visiblement ce genre n'a pas réellement séduit et attiré l'auteur de
Faust, qui a préféré se consacrer aux textes plus longs en prose.
La première nouvelle, de loin la plus longue, « Entretiens d'émigrés allemands », a été écrite pour une revue dirigée par Schiller. La trame est assez étrange. Nous sommes en 1792, la guerre fait rage en Allemagne, quelques nobles personnes affrontent les chemins de l'exil. Des dissensions politiques s'expriment, pour les faire taire, la noble baronne qui dirige cette petite troupe, décide de bannir de la conversations les sujets d'actualité pour les remplacer par des récits, des contes, bref ce que l'on voudra pourvu que ce soit ailleurs et à un autre moment. Réfugiée dans un château, l'assemblée se livre au plaisir de la narration. C'est forcément un peu décousu, les histoires sont très diverses, mais cela ne manque pas de charme.
Le deuxième texte, « Les bonnes femmes », est une oeuvre de circonstances, écrite pour l'Almanach des Dames, selon les propos de
Goethe en six jours seulement. Il s'agit d'une sorte de conversation à bâtons rompus entre quelques messieurs et jeunes dames du beau monde, dont le point de départ sont des gravures de méchantes femmes destinées à être publiées dans l'Almanach. La conversation en vient à évoquer le rôle des femmes, à parler de leur éducation etc.
La troisième nouvelle, « Nouvelle » devait probablement être insérée dans Wilhelm Meister, même si le sujet semble conçu plus précocement. L'épouse d'un prince régnant, pendant une promenade à cheval, et suite à un incendie dans la ville, est confrontée à un tigre, échappé d'une ménagerie. Ce texte est le plus cohérent et le plus abouti des trois.
Le livre est complété par une sorte d'essai de
Claude Mouchard sur l'utilisation d'un récit tiré des Mémoires de Bassompierre, par trois écrivains,
Chateaubriand, Hofmannsthal et
Goethe dans « Entretiens d'émigrés allemands ».
C'est sans doute mineur par rapport aux pièces de théâtre et aux
romans, mais lire
Goethe est toujours pour moi un grand plaisir.