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3,84

sur 319 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Journal d'un fou… d'amour.
Poprichtchine, fonctionnaire au Ministère, est amoureux de Sophie, la fille du directeur qui l'ignore royalement. Les journées du non zélé conseiller titulaire sont occupées à tailler les plumes de Son Excellence et à imaginer une rencontre avec l'objet de ses fantasmes.

Comme il travaille peu ou mal - son chef de bureau ne cesse de le lui reprocher - et reste de longs moments allongé sur son lit, il a le loisir d'observer et de réfléchir, railler et critiquer tout. La canaille administration, les Juifs, les étrangers, les francs-maçons, la France, les vils artisans, les stupides finnoises, les marchands, les avoués, personne ne semble avoir grâce à ses yeux, sauf les chiens : « Je soupçonnais depuis longtemps que les chiens étaient beaucoup plus intelligents que les hommes. » Dans son délire paranoïaque, il va même jusqu'à donner la parole aux cabots et lire leur correspondance pour obtenir des informations sur sa dulcinée.

Sur le ton du comique grinçant, Gogol se sert génialement de la démence de son héros pour critiquer les privilèges sociaux d'un monde inégalitaire qui fait perdre la raison au pauvre et au misérable, sans la possibilité d'un amour rédempteur. C'est une vision, noire et pessimiste, sinistre même de la société russe et de l'âme humaine, et très émouvante.
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Ayant beaucoup aimé « le manteau » et « le nez », j'avais très envie de continuer à explorer l'oeuvre de Nikolaï Gogol et je n'ai pas été déçue du voyage.

Voir ce fonctionnaire commencer à interpréter les actes des autres, à entendre parler les chiens, sombrant peu à peu dans un délire de type psychotique, avec des éléments de dépersonnalisation est jubilatoire.

On voit le raisonnement basculer peu à peu ; au départ, on a un homme obsessionnel, dans sa façon de tailler ses plumes ou classer ses documents, avec un journal tenu scrupuleusement qui commence le 3 octobre. Les dates deviennent farfelues après le 8 décembre.

Cela donne par exemple An 2000 puis, 43e jour d'avril ou 86e jour de Martobre. Entre le jour et la nuit et on arrive à : Jo 34e ur Ms nnaée. 349 reirvéF…

A mesure qu'on avance, il n'est plus le petit fonctionnaire, brimé par sa hiérarchie, mais pense être le roi d'Espagne, son délire se structure, la persécution infiltre le raisonnement, le contact avec la réalité s'estompe, tout est sujet à interprétation.

Il est un amoureux aigri et se croit aimer en retour, tenant des propos sur la femme qui ne manque pas piquant : « La femme est amoureuse du diable. Oui, sans plaisanter. Les physiciens écrivent des absurdités, qu'elle est ceci, cela… Elle n'aime que le diable. »

le dialogue avec les chiens est savoureux, (notamment la scène où il va dérober, dans la corbeille du chien les billets écrits par celui-ci), tout comme ses élucubrations sur sa prise de fonction comme roi, ou sa perception de l'asile qu'il croit être son palais.

Nikolaï Gogol a très bien montré les limites floues entre la raison et la folie, comment on bascule insensiblement vers le délire psychotique.

Tout au long du récit, on trouve des réflexions extraordinaires, des perles de lucidité : « L'Anglais est un grand politique. Il essaie de se faufiler partout. Tout le monde sait que, quand l'Angleterre prise, la France éternue. »

J'ai beaucoup aimé cette nouvelle et j'ai du mal à en parler, les mots me manquent, peut-être la peur de déformer la pensée de l'auteur… j'aime son univers, ici on n'est plus dans la drôlerie du « Nez », on a franchi une frontière, on est passé de l'absurde à la folie et Nikolaï Gogol sait très bien en parler. On remarque, au passage, l'attrait qu'exerce le nez chez cet auteur…

Note : 9/10
Challenge 19e siècle
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Pour moi, c'est une relecture. C'est le seul texte de Gogol a être écrit à la première personne ainsi que sous la forme d'un journal. le narrateur est un tout petit fonctionnaire, un noble cantonné à un tout petit emploi de bureau. Bref, un personnage typique dans la prose de Gogol, mais le seul que l'on observe, en quelque sorte, de l'intérieur. Au début tout paraît normal, il se plaint beaucoup de sa situation, injuste d'après lui, il est amoureux de la fille du directeur du Ministère. Mais très vite tout déraille, il commence à entendre des chiens parler, et en peu de temps sa folie s'amplifie : il se prend pour le roi d'Espagne. Les dernières pages, écrites dans un asile psychiatrique, sont de plus en plus déconnectées de toute réalité et complètement absurdes.
Ecrite en 1835 et regroupée plus tard par l'auteur avec quatre autres nouvelles (Le portrait, le nez, le manteau, La Perspective Nevski) sous le titre de Nouvelles de Saint-Pétersbourg, ce récit perd beaucoup, à mon goût, à être lu isolément. Vraiment, découvrir ce personnage à côté des fonctionnaires du Nez et du Manteau, que j'ai hélas un peu oubliés, serait préférable à cette lecture isolée et lui donnerait sans doute plus de sens. C'est cependant intéressant, la folie du héros fait souvent sourire et tourne parfois à des scènes qui relèvent du fantastique.
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Très courte (trop ?) nouvelle de Nikolaï Gogol, déstabilisante à souhait.
Lu adolescente, relu aujourd'hui, passé mes 40 ans. Je ne me souviens plus de mes sentiments de l'époque. Je sais que je l'avais trouvé étrange. Etrange c'est sûr, un petit aspect fantastique aussi, et puis un côté ancré dans la réalité (la vie de bureau d'un ministère de la Russie tsariste).
Déroutant et angoissant de suivre la déchéance psychiatrique du personnage. Je crois qu'au fond les textes traitant de la folie me font un peu peur (je ne suis pas sûre de relire "le Horla" De Maupassant, que j'avais pourtant aimé, adolescente, et que j'ai conseillé à mes filles !).

Challenge Solidaire 2020
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Un vrai journal de fou !

C'est l'histoire d'un petit fonctionnaire, Poprichtchine, dont on suit la lente descente en folie à travers la lecture de son journal intime.

Gogol nous embarque dans les méandres sinueux du cerveau de ce pauvre homme, qui devient de plus en fou, et donc de plus en plus seul, isolé et ce jusqu'à son enfermement dans un asile.

Néanmoins ( j'allais presque écrire nez en moins parlant d'une oeuvre de Gogol !) ce fou ne nous raconte pas que des âneries .
A travers son délire se glissent quelques pensées bien senties.

Beaucoup de dérision, de déraison et d'humour.
Un agréable moment de lecture que je recommande.
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J'ai honte. J'ai honte d'avoir ri aux malheurs de ce pauvre homme.
Jeune fonctionnaire, il est loin de se tuer à la tâche, assez insignifiant qui tombe amoureux de la fille de son patron. Cela en devient une obsession et jour après jour nous assistons à sa descente aux enfers. Il devient de plus en plus incohérent, entend les chiens parler et leur vole leur correspondances, s'imagine en grand personnage, héritier de la couronne et sombre totalement dans la folie.
J'ai fait preuve de bien peu d'empathie en riant à son infortune. Toutefois le dernier chapitre clôt cette nouvelle avec beaucoup d'émotion.
J'ai beaucoup aimé la plume de Gogol et la lirai sûrement à nouveau.
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Dans cette nouvelle fantastique, Gogol nous livre l'histoire du personnage principal Poprichtchine à travers un journal intime.
Si les premiers jours semblent refléter le déroulement de ses journées, son travail, la relation avec ses collègues, les écrits deviennent de plus en plus embrouillés. Les choses dérapent lorsqu'il commence à entendre parler la chienne de la fille de son Directeur pour qui il éprouve des sentiments. On peut alors sentir la folie gagner le personnage de Poprichtchine.
J'ai vu dans cette nouvelle un personnage à la vie très rangée et quelque peu monotone perdre petit à petit pied avec la réalité. J'y ai vu le résultat d'une vie solitaire, d'un homme qui se sent méprisé à cause de son poste de subalterne et qui tout à coup s'imagine qu'il est un personnage important que l'on veut évincer, réduire au silence.
J'y ai vu un homme ordinaire et banal, un anonyme, basculé dans la schizophrénie et la paranoïa jusqu'à se perdre totalement.
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C'est vrai que Nicolas Gogol est un conteur hors pair. Il le prouve une fois de plus avec "Le Journal d'un fou" une nouvelle parue en 1835.
Propichkine, quadragénaire russe, est conseiller titulaire et taille des plumes dans un ministère à Saint-Pétersbourg.
Il éprouve de l'amour pour Sophie, la fille de son directeur mais cette dernière l'ignore voire le méprise. Mais bien plus qu'une déception amoureuse, Gogol dépeint des vies moroses et écrasées par le poids des dirigeants. Son ton est à la fois comique et tragique.
Ecrit à la première personne, "Le Journal d'un fou" raconte la lente conversion d'un petit fonctionnaire qui perd pied avec la réalité. Il entend les chiens parler, devient le roi légitime de l'Espagne, Ferdinand VIII, qui doit sauver son pays...
Les dates du journal que tient Propichkine dérapent comme sa pensée et le regard de cet homme sur le monde est à la fois attrayant, parce qu'il voyage en pensées, et terrifiant puisqu'il finit par appeler sa mère à l'aide.
J'aime beaucoup la prose de Gogol mais j'ai quand même été un peu gênée à certains moments : il a des propos caricaturaux sur les femmes (La femme n'aime que le diable), les juifs et les franc maçons. Je sais que c'est une satire mais il insiste un peu trop pour les 5 étoiles.


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Fabuleux «Journal d'un fou» et merveilleux conteur que Gogol!
Dans cette nouvelle Gogol narre benoîtement la descente aux enfers de son personnage «Poprichtchine»
De l'anecdote, petite folie douce, au delirium tremens prononcé et définitif il nous entraîne dans la folie avec une progression rigoureuse et dans le récit, et, dans la forme de la narration
Poprichtchine tient son journal et dis souvent « … je me tais... » semblant en avoir trop dit ce qui ne l'empêche pas de délirer beaucoup surtout au début sur les chiennes bavardes et épistolières
Au bout d'un moment il semble effectivement au lecteur qu'il n'y a rien d‘anormal qu'un chien puisse parler et surtout être un fervent épistolier.
Tenez voyez « Kador » de Binet adepte de la « critique de la raison pure » de Kant (comme Cripure de « sang noir » de Louis Guilloux)
Ceci dit après avoir jeter un oeil à mon chien il m'a semblé le voir rigoler mais bon comme il venait de finir son sudoku...
Puis la fantaisie douce et même pas amère cède le pas à un délire puissant et jubilatoire
Dans cette narration il y a un coté sensé et bien vu qui côtoie l'absurde et qui font bon ménage: c'est l'art de Gogol
On relèvera donc :
- Un délicieux petit passage épistolaire très vivant, spontané et drôle du fait de sa canine-touch
- Un personnage capricieux qui prend la mouche tout seul «Tu mens, maudit cabot !» là on ne peut s'empêcher de revoir le commissaire Juve et le journaliste Fandor «Tu Mens tu mens tu mens... Il ment»
- Des leçons de politique, façon ménagère (ou ménager), leçons de géographie originales pour les nuls, leçons d'astronomie pleines de poésie qui fait penser à Méliès
- Des relents de don Quichotte avec ses bastonnades à l'asile
- Des piques aux finnoises qui aiment le propre et aux français mahométans Ah ces ukrainiens !
- Et un aphorisme à la S.Tesson - « Tout le monde sait que, quand l'Angleterre prise, la France éternue. » qui semble tirer de celui de Klemens Wenzel von Metternich-Winneburg (si si c'est vrai)«Quand Paris s'enrhume, l'Europe prend froid. » mais comme Gogol aime chambrer les français il y introduit une petite inversion revancharde
L' intronisation  de Poprichtchine  à l'asile fait penser à « chalet 1 » d' André Bâillon ( à lire absolument) ou/et « force ennemie » John-Antoine Nau
Tout au long du récit on rit car le personnage ne semble pas malheureux : on arrive même à voir la vie à travers ses yeux. Au terme, la société a rattrapé le fou et le traitement qu'on lui inflige semble bien inapproprié.

Ce qui n'empêche pas Gogol, pince sans rire, de faire une ultime pirouette pour nous émerveiller une dernière fois.
Fabuleux !
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Longue nouvelle ou court roman, cet ouvrage raconte l'histoire d'un fonctionnaire chargé de la taille des plumes d'un ministre du tsar.
Un jour, il entend deux chiens s'échanger des potins, en particulier sur la fille des ministres ; il réussit ensuite à se procurer la correspondance échangée par ces deux chiens
Puis il perd la notion du temps...
Ecrit à la première personne, Journal d'un fou décrit la lente déchéance d'un homme seul ...
Un ouvrage qui m'a redonné envie de me plonger dans la littérature russe.
À suivre ...
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Que l'on m'apporte mon ..........?............. Les soirées sont fraîches à Saint Petersbourg, et voyez- vous... d’ailleurs... selon moi... je le crois encore bon... sauf un peu de poussière... Eh ! sans doute il a l’air un peu vieux... mais il est encore tout neuf... seulement un peu de frottement... là dans le dos...

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