Non, le scénario n'était pas de Goscinny, et il n'est en aucun cas auteur de cet album ! Ça se voit malheureusement vite, d'ailleurs.
Nous sommes quelques années après sa mort. Tabary, en solitaire, tente de reprendre la série. À côté de lui,
Uderzo s'en sort bien, c'est vous dire. Même s'il s'efforce de reprendre les codes, tout part de travers quand il veut en inventer d'autres. Faire de Dilat Laraht un satyre ? Ma foi, pourquoi pas, mais les choses se gâtent quand on voit le calife dans certains albums la bave aux lèvres, le contraire absolu de ce qu'il était à la genèse de la série. Iznogoud s'en tire plutôt bien : vu sa personnalité, c'était difficile d'empirer le tableau. Seulement voilà : il s'agit d'un antihéros dont les histoires sont destinées à un format court, sans quoi il faut inventer le plus possible de digressions dans le récit afin de tenir 46 pages.
Allons-y gaiement : si Iznogoud ne veut pas subir un châtiment terrible de la part de son vrai maître le diable, il n'a plus que dix jours pour devenir calife à la place du calife. Alors on essaye différentes stratégies, ça part un peu en vaudeville, puis on voit que ça ne marche pas, et certaines situations relevant d'un tirage de cheveux pur et dur permettent à l'auteur de faire aller l'histoire à son rythme : il tombe dans les pommes trois jours, comme c'est pratique.
Loin de moi pour autant l'idée de dire que tout était mauvais : il y avait l'idée du masque invisible, excellente ; le passage avec Hitler, désopilant même s'il disparaît bien trop vite et de manière prévisible, et un peu de suspense vers la fin quand on sent que la damnation est irrévocable. En-dehors de ça, c'est un album sans grand intérêt, idiot et rempli de laideur, pour ainsi dire raté. La preuve : Iznogoud s'en sort.