Ari Gounongbé, psychologue et auteur d'une thèse de doctorat sur l'expérience psychique de l'acculturation vécue lors du contact entre Blancs et Noirs, dans le champ de la littérature africaine, relève la souffrance du colonisé : « non seulement nous avons été colonisés, mais nous en sommes honteux, et la honte génère le secret. Car nous avons le sentiment d'avoir trahi notre culture. Les Africains ont ensuite mis en place des stratégies pour restaurer cette identité blessée, notamment par l'écriture ». Et
Ari Gounongbé, de passer en revue les attitudes[4] permettant, « dans l'oeuvre littéraire, de contrôler les stimulations provenant du contact de cultures ». Tout d'abord l'écriture elle-même constitue un instrument de décharge contrôlée, d'élaboration consciente de censure et de sublimation d'affects. Ou encore le pardon, chez
Senghor, « mais le pardon cache souvent une agressive rancoeur » complète le psychologue. La négritude, apparue dans les années 1930, se conçoit comme idéalisation de la culture africaine. « le processus consiste à faire un retour aux sources africaines, en extraire des éléments (objets, comportements, valeurs …) dévalorisés par l'Européen et les survaloriser ». Par la scotomisation, l'écrivain met à distance le vécu psychique de l'acculturation. « Il cherche ainsi une certaine sécurité ou réassurance du moi dans la description de sa culture d'origine. »
Métissage culturel et métissage de l'oeuvre, idéalisation de la métropole ou encore la thématique du procès fait au héros du roman sont encore des stratégies dans le processus d'acculturation. À propos de celui-ci,
Ari Gounongbé analyse : « le procès apparaît comme l'une des caractéristiques de l'identité acculturée (…). C'est fondamentalement le processus d'acculturation qui se développe en soi qui est condamné ; par ce mécanisme le moi essaye de justifier cette nouvelle identité dans la mesure où ayant été jugée, elle mérite d'exister dans les limites qui sont désormais les siennes ». Ces expériences, par leur approche psychocritique de la littérature d'Afrique noire francophone, dressent un tableau riche de la création d'anciens pays colonisés et, partant, ouvrent un espace de dialogue et de rencontres. »
Olivier Bonny
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