AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782296045163
164 pages
Editions L'Harmattan (16/11/2007)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Elle a été la première à avoir présenté une thèse de doctorat sur la littérature négro-africaine. Avant elle, Senghor avait publié son anthologie, préfacée par Sartre, sous le titre Orphée noir. Cette thèse, soutenue à l’Université Libre de Bruxelles, était intitulée : Les écrivains noirs de langue française. Ces écrivains noirs, ce sont ceux d’Afrique, ceux de l’exil, ceux qui n’ont pas choisi de partir et qui se sont retrouvés là-bas, aux Amériques…
Quand... >Voir plus
Que lire après Les grands figures de la Négritude : Paroles privéesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce nouvel opus de Lilyan Kesteloot qu'on ne présente plus, s'inscrit dans le sillage d'une entreprise de fondation. L'oeuvre de L. Kesteloot fait si résolument corps avec la dynamique instauratrice des littératures africaines, que la propre aventure intellectuelle de son auteur, véritable conversion qui a propulsé cette coloniale aux avant-postes de l'édification d'un continent littéraire nouveau, s'est transformée en affaire de famille. Sa trajectoire existentielle sera à jamais infléchie par la rencontre avec les personnages-phares de cette littérature et de l'Histoire africaine, ces êtres d'exception qui constituent désormais sa famille d'élection. Sa mémoire est toute tapissée de ces figures fascinantes fondatrices de notre modernité.
Ces personnalités hors du commun, qui ne sortiront plus jamais de sa vie, L. Kesteloot les a connus, les a côtoyés et tutoyés, y compris au firmament de leur gloire. L. Kesteloot nous propose, selon une logique de l'invitation, d'entrer en contact avec ces personnalités, de percevoir à travers anecdotes et clins d'oeil, leur caractère, leur sensibilité, leur personnalité profonde.
Un parcours privé, c'est-à-dire un angle de présentation qui dévoile les à-côtés, les menus gestes, les petits faits vrais sans lesquels les grandes oeuvres ou la grande Histoire demeureraient inintelligibles. Elle excelle à saisir sur le vif les postures typiques et manières d'être, de même qu'à faire apparaitre chacun de ces personnages au plus intime de sa palpitation. En nous livrant une ou deux choses qu'elle connait d'eux et qui sont au coeur de ce que chacun d'eux est vraiment, elle fixe, en quelques instantanés rapides et incisifs, un précieux portrait qui jaillit le trait dominant respectif de cinq personnages protagonistes essentiels de notre Histoire et éclaire d'une lumière inconnue ces personnages qui nous semblaient si familiers.
Loin de ratifier les clichés et les stéréotypes, ni de reproduire l'effigie de ces personnages déjà figés dans leurs statues, L. Kesteloot dévoile sans trahir des facettes peu connues de ces personnalités. Les renseignements tenus pour certains reviennent, se précisent en s'amendant, s'avèrent ou se dénient. Chacun de ces êtres est perçu au delà des poses et des attitudes convenues avec sa façon unique de vivre et de sentir. D'où à la fois les effets de reconnaissance mais aussi la saveur des surprises et des paradoxes. Senghor ou le contrôle tyrannique de soi mais aussi la rectitude morale, Amadou Hampaté Ba l'homme de la tradition mais aussi le désir de consécration universitaire, Cheikh Anta Diop savant rigoureux mais aussi gourou qui enflamme son assistance. Avec F.. Fanon le témoignage s'efface pour laisser place à la fascination pour le révolutionnaire intransigeant. Enfin A. Césaire, à l'origine de tout, est surpris en père pélican.
Le texte regorge de scènes mémorables restituées avec émotion et efficacité, remettant ces personnages dans le contexte au sein duquel ils baignaient. le lecteur, en prise directe sur l'événement, pénètre dans les coulisses du Congrès de Rome, assiste quasiment au décès de Cheikh Anta Diop, partage la passion et les émotions de F. Fanon et de Mongo Béti. Ce zoom sur les détails significatifs suscite des éclairs d'intelligibilité et une intuition du vrai nous mettant mieux à même de comprendre l'origine et la signification de certains actes.
Ainsi s'éclairent les décalages, les non rencontres, les cheminements parallèles, les conflits et les réconciliations entre acteurs majeurs de la modernité africaine.
Cet ouvrage, dont la cohérence repose sur le regard de L. Kesteloot, regard distancé, attentif aux détails, ni réquisitoire ni panégyrique, s'arrête toujours aux frontières de l'intime. Elle veille à ne pas forcer l'intimité, car le voyeurisme n'est pas sa pente. C'est pourquoi, ce qu'elle dit, hors du tout pathos, est juste et humainement profond. Elle a le talent rare d'allier rigueur intellectuelle et sens de la nuance, pertinence du jugement et liberté de ton, tendresse et lucidité. D'où un ouvrage tout en délicatesse, sans artifice ni tricherie, dans lequel celle qui passe pour très fin connaisseur des oeuvres littéraire nègres cède la place au témoin capital, compagnon de route des auteurs. Elle parvient à restituer comment leurs pensées s'incarnent, les mots qui les révèlent, les gestes mémorables et met à jour leurs manières d'être et leurs tournures d'esprit. Ni fuite dans l'inessentiel, ni dérive dans le sensationnel, elle excelle à capter, en un mot, ce qui condense une vie et mérite d'être gravé.
En tendant le fil qui relie ces différents visages, se compose l'autoportrait du mouvement de la Négritude. Ce livre très personnel, tout en feinte et en pudeur, témoignage véridique et subjectif qui se lit d'une traite est un moyen pour L. Kesteloot de déposer, au sens juridique, une vérité sur ce moment clef et sur ces individualités incomparables dans toutes les acceptions du terme, par leur personnalité respective spécifique autant que par les positions qu'ils incarnent dans l'Histoire.
S'y dessine aussi en creux le portrait de L. Kesteloot, toute effacée et tout en modestie, au service des autres, en une posture de transmission : elle opère un passage de témoin entre générations ; passeur de l'info, d'une info sûre, livrée avec tendresse. Cet ouvrage, porté par une entrainante sincérité, tonique et rafraichissant, qui se boit comme du petit lait, n'aurait pas été possible sans l'assistance amicale d'Ari Gounongbé, qui incite et stimule la confidence. Par sa qualité d'écoute et de transmission, il a su recueillir et mettre en mots la parole de L. Kesteloot, mêlant sa voix à la sienne jusqu'à composer une tresse unique où se répondent éclats de vie, leçons de lecture et souvenirs. _ L. Kesteloot nous entraine dans un for intérieur qui ne ferme jamais pour garder en mémoire et participer à la célébration pudique de l'amitié qui la lie à chacune de ces personnalités. Egard et tact signes maître de cette entreprise.
Le lecteur qui regrette, le charme ayant si bien agi, dans cet ouvrage où tout est intéressant parce que rien n'est futile, que L. Kesteloot n'en dise pas plus, doit accepter que la suite peut-être lui appartient. C'est à nous de regarder cette Histoire en face.
Mamadou BA
Lien : http://ethiopiques.refer.sn/..
Commenter  J’apprécie          10
Cinq portraits, quatre témoignages de grandes figures noires, dans les mots d'une grande universitaire, recueillis par un psychologue curieux du parcours de cette femme blanche, belge, enfant de la colonisation.
Ari Gounongbé a semble-t-il porté ce projet pendant au moins une décennie : parler d'une femme, qui a grandi au Congo et a dédié sa vie à la compréhension des oeuvres d'hommes qui ont forgé grâce à leur littérature, leur talent, leur génie et leur personnalité, les jalons du concept pluriel de négritude. Ce livre vient certainement à propos, au moment où disparaît la plus célèbre figure de la négritude, le grand Aimé Césaire.
D'abord un contexte historique, Lilyan Kesteloot est le témoin, certes d'hommes exceptionnels, dont les portraits sont tout à fait vivants, mais aussi d'une époque, celle de la décolonisation où des hommes de plume et de pensée, ont construit les chemins d'une indépendance politique, mais aussi littéraire, poétique et scientifique.
J'ai lu ce livre d'une traite, emportée par le récit d'une expérience précieuse, qui a vécu dans une même vie des rencontres désormais exceptionnelles, qui a été témoin de la créativité, de la complexité, mais aussi de la souffrance, parfois du manque de reconnaissance d'hommes noirs africains : Hampâté ba, Léopold Senghor, Cheikh Anta Diop, et antillais, Frantz Fanon et Aimé Césaire. Nous connaissons leur production, leur renommée et leur importance historique. le regard de Lilyan, dans les mots d'Ari, leur restitue leur épaisseur d'homme, être vivant le plus souvent conscients de leur valeur, mais pris aussi dans la tourmente de l'histoire dont on peut seulement mesurer aujourd'hui si elle retiendra leurs noms.
Le livre est parcouru de la rencontre amicale, confiante, mais ô combien prudente entre Ari Gounongbé et Lilyan Kesteloot. C'est sans doute à travers les précautions, les hésitations de la parole, la tendresse des témoignages que ce dessine le portrait d'une femme sincère, engagée et persévérante. J'ai eu le sentiment à travers ce livre, que cette femme, jusqu'au bout avec une grand modestie, se voulait le passeur de voix désormais célèbres, révélateur de pensées qui ont révolutionné la vision sur l'Afrique et la négritude.

Claire Mestre
Commenter  J’apprécie          10
Formidable livre sur les grands noms de la littérature africaine de langue française, mais aussi dialogue très intéressant avec la grande philologue, Lilyan Kesteloot, qui a connu, côtoyé et développé des amitiés avec tous ces grands auteurs au cours de ses séjours et missions en Afrique.
Commenter  J’apprécie          10
Lilyan Kesteloot a été la première à avoir présenté une thèse de doctorat sur la littérature négro-africaine. Avant elle, Senghor avait publié son anthologie, préfacée par Sartre, sous le titre Orphée noir. Quand on demande au professeur Kesteloot pourquoi elle s'est intéressée aux écrivains africains et à la littérature orale de ce continent, elle n'a pas d'autre réponse que le silence de l'évidence. Dans cet ouvrage elle confie au professeur Ari Gounongbé son intime perception de Léopold Sédar Senghor, d'Aimé Césaire, Frantz Fanon, Cheikh Anta Diop et Amadou Hamapté Ba.

Lien : http://www.editions-harmatta..
Commenter  J’apprécie          00


autres livres classés : lettresVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (19) Voir plus



Quiz Voir plus

Pas de sciences sans savoir (quiz complètement loufoque)

Présent - 1ère personne du pluriel :

Nous savons.
Nous savonnons (surtout à Marseille).

10 questions
412 lecteurs ont répondu
Thèmes : science , savoir , conjugaison , humourCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..