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2,83

sur 54 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pensum coquin.
Mes paupières sont lourdes, oscillent et cillent entre hypnose et gros roupillon. C'est beau la mer à travers les yeux d'artistes, la méditerranée attirent autant les peintres que les retraités, mais à la longue, comme dit Benabar, cela doit quand même être un peu chiant d'être une mouette.
Deux semaines pour venir à bout de ce roman de Patrick Grainville. L'impression que ma montre retardait après chaque page. J'avais déjà failli sauter de la « Falaise des fous », son précédent livre. Amères impressions. Et bien la transhumance de l'académicien sur la côte d'azur m'a valu une bonne insolation. Pas de bronzette sur la serviette. Musée le matin, expo le midi et sites archéologiques le soir. A l'ombre du guide vert.
Pour autant, Patrick Grainville prouve encore dans ce roman qu'il reste un incroyable écrivain de scènes de sexe. Il métaphorise bien la chose. Si l'époque est au minimalisme, à la phrase stringuée, notre académicien très vert verse toujours dans l'opulence charnelle, pas d'économie d'énergie ou de mots. Ces passages, nombreux, ont le mérite de tirer le lecteur que je suis de sa somnolence face à tant d'érudition.
Obsédé aussi d'art, chaque phrase savante de Patrick Grainville interroge la création artistique à travers les destins opposés du Minotaure Picasso et du romantique suicidaire Nicolas de Staël, les deux commandeurs de cette oeuvre exigeante. La fureur de peindre réunit les deux artistes mais pendant que l'un capte la lumière, l'autre la reflète.
Le récit suit Milos, prénom d'héros mythologique ou de guide sur une ile grecque, et ses amours contrariés. le jeune homme est un Apollon insatisfait chronique, apprenti paléontologue qui cache sous ses lunettes de soleil des yeux d'un bleu absolu qui charment et terrorisent toutes les femmes. Les bras m'en tombent, pourrait commenter les Vénus de Milos, prénommées ici Marine, Samantha ou Vivie. Overdose d'états d'âmes qui ont saboté mon plaisir de lecture, Caliméro agaçant qui ne choisit jamais son camp, slalomant entre l'ombre et la lumière, la vie et la mort, l'euphorie et le désespoir. Toujours à se plaindre, à geindre entre deux gémissements érotiques qui le maintiennent à la vie.
Milos vit à Antibes et raconte le Château Grimaldi, bâti sur l'ancienne acropole de la Ville grecque d'Antipolis devenu le musée Picasso. C'est l'occasion de remonter le temps, de suivre le destin de Pablo P, génie narcissique qui vampirisa les femmes de sa vie et de ressentir l'insatisfaction chronique de Nicolas de Stael, cet écorché vif qui fit le grand saut sur les remparts de la ville. Grainville décrit les oeuvres majeures des deux peintres comme les poètes racontent les rêves. C'est plus charnel que figuratif.
Milos suit ensuite les traces de l'abbé Breuil, le prêtre préhistorien, Champollion de la grotte de Lascaux, jusqu'en Namibie, fasciné par l'art pariétal et nos ancêtres les tagueurs de grottes. Sauvageons.
Il séjourne aussi à Paris et à Londres, pour fuir ses chagrins d'amour et pour se perdre dans les plus grands musées.
Roman au style baroque sauvé par ses siestes crapuleuses mais au propos trop répétitif à mes yeux, moins bleus que ceux de Milos mais devenus vitreux par ennui. Merci quand même à Babelio pour cette masse critique car je sors de cette lecture avec une meilleure compréhension de certaines oeuvres majeures, de « Guernica » à « la Pisseuse », « des Footballeurs » au « Concert ».
Habité, Je me sens capable de repeindre... la girafe.
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En dépit des lignes qui vont suivre, mes sincères remerciements aux éditions du Seuil et à Babelio, pour l'envoi du dernier ouvrage de Patrick Grainville… Roman, où l'art a une nouvelle fois une place prépondérante et dynamique dans la narration.. .

Toutefois, je suis affligée de devoir exprimer « réserves, résistances et exaspération certaines » en dépit de tous les efforts déployés ! Au secours monsieur Pennac … me viennent avec soulagement Les droits imprescriptibles du lecteur que vous avez eu la très bonne idée de nous proposer dans « Comme un roman » … et je m'y accroche, ce jour, avec force, pour tenter d'exprimer au plus près les raisons possibles de mon abandon, aux 3/4 de l'ouvrage !!

« 1. le droit de ne pas lire.

2. le droit de sauter des pages.

3. le droit de ne pas finir un livre. (…) «

Ce n'est pas faute d'avoir désespérément persévéré, car tout semblait réuni pour me passionner : Deux figures mythiques de l'Histoire de l'Art, les couleurs de la méditerranée, certains lieux familiers, l'évocation d'une personnalité érudite et atypique de l'histoire de l'archéologie…Tout cela nous offre des passages flamboyants et des plus enrichissants, pour tous les curieux d'Histoire de l'Art !

Je reviens « au pitch »… et au fil de mon cheminement de lecture, lecture en montagnes russes :

Milos, jeune homme d'une très grande beauté, au regard bleu aussi extraordinaire que perturbant vit sa jeunesse, ses études d'archéologie et ses passions amoureuses sous le ciel de la Méditerranée, à Antibes, avec les figures tutélaires de deux peintres, Pablo Picasso et Nicolas de Staël ; Deux artistes qui ont hanté, vécu, peint dans ces paysages méditerranéens aussi inspirants que destructeurs, pour l'un!

Ainsi dans cette dernière fiction : deux artistes : Picasso et Nicolas de Staël, à Antibes, deux destins aux antipodes … Ces créateurs mythiques, vus, appréhendés par des personnages du présent. Milos, notre personnage central se forme pour devenir archéologue…Il aime Marine, entretient une passion charnelle avec Samantha, femme plus âgée, obsédée par l'oeuvre et la personnalité de Picasso…Mais « le bellâtre » est dans le mal-être, l'indécision, une sorte d'incapacité à vivre…dans une frénésie sexuelle, sensuelle, qui à contrario, finissent par le rendre mortifère…et de plus en plus désincarné ( par excès, justement de carnation !!)

Les scènes sexuelles surabondent… s'intégrant parfaitement dans un premier temps : sensualité aussi torride que cette ambiance méditerranéenne, que cet ogre amoureux, Picasso. le sexe et la mort, se mêlant… à juste raison…

La réticence , l'ennui exaspéré, ne tiennent pas à une censure primaire mais à une sur-sur abondance de ces descriptions, finissant par lasser, affadir , nous coupant brusquement et trop souvent dans le récit, lui , dynamique et enrichissant des existences de « nos artistes », dont le troisième larron : l' archéologue, l'abbé Breuil et ses innombrables aventures, pérégrinations…ayant capté, eux, toute ma curiosité !

Des multiples éléments lucides et finement analysés comme cette idolâtrie générale et obsessionnelle envers Picasso, dont notre auteur n'est pas totalement exempté, lui-même, même si il apporte de nombreuses analyses de cette idolâtrie universelle, « horripilante » :
« Elle avait vu, à Arles, le vieux photographe, Lucien Clergue, qui ne parlait que de son ami Picasso, des photos qu'il avait prises de lui, des conférences qu'il donnait sur lui. Sans citer tous les autres biographes, historiens de l'art, conservateurs de tous les pays captés, scotchés, engloutis et digérés dans l'oeil du cyclone, ses arcanes cannibalesques. (...) Vénérer ou décapiter le Totem. Etre ou ne pas être, à travers lui. l'Ogre de vie. (p. 45) »

Remarques acides et lucides sur le monde mercantile de l'art, l'obséquiosité ou l'indifférence des marchands, selon les modes…la création artistique et ses affres, les questions existentielles, la sensibilité exacerbée des créateurs, des chercheurs…L'omniprésence de la mort, du mal de vivre, du « Pourquoi vivre »…peindre, inventer, imaginer, pour conjurer les doutes, la peur, le désespoir, le vide…

.« - L'Etreinte- [Picasso ] de 1972, la dernière. Car il nous faut tous mourir, prolétaires et milliardaires. Amoureux. Névrosés ou pas . Pfft ! La dimension métaphysique des chefs-d'oeuvre est la plus essentielle. (p. 329)”

Des passages flamboyants, magnifiques pour camper ces artistes aux personnalités si contrastées… Picasso et Nicolas de Staël : le Jour et la Nuit ; la Lumière et les ténèbres, etc.

« N'empêche que sa peinture "dégénérée", selon les canons de l'esthétique hitlérienne, fait de Picasso l'artiste de la liberté, il rafle la mise. L'éternel embusqué de génie à résisté dans sa peinture. Pas de vagues dans sa destinée politique. L'art exige de la tranquillité... Calme et volupté. Qui lui jetterait la pierre, qui oserait ? Il ne sera jamais un héros, un Thésée, mais le Minotaure, la star de son dédale. Un monstre de flamboyance noire, de gaieté égoïste et cannibale. le roi des étés de Mougins et de Juan-les-Pins. Une gargouille discrète de Paris occupé. Un vampire en retrait, collé au plafond de son grenier. Un ogre planqué dans sa caverne, attendant que ça passe. « (p. 190)

Un aveu: j'ai , depuis bien longtemps, et malgré moi, des résistances quant au style et à l'atmosphère de l'univers de cet écrivain. En fait, j'ai éprouvé à chaque essai de lecture, des résistances aussi fortes que les éloges majoritaires de son lectorat, totalement justifiées pour un style foisonnant, prodigue, flamboyant… Ce qui , justement, me bloque pour ma part. L'impression de manquer d'air, de m'asphyxier, au fur et à mesure de la lecture !
J'espérais dépasser, avec ce nouveau roman, aux abords et thématiques des plus attractifs, cette difficulté. Un style magnifique, exubérant, en feu d'artifice…qui au fil, dévore de façon difficilement explicable mon espace de « lecteur »… Comme une raréfaction progressive de l'air !...

Appréciation des plus subjectives, arbitraires, que je me dois d'exprimer, au vu de ma lecture , qui fut d'une lenteur incompréhensible, inhabituelle. Je « tente » d'assumer cette appréciation à contre-courant, mais le regrette cependant ; j'aurais préféré être emportée sans réserve par ce roman, qui a plus d'un titre, regorge de qualités ,d'érudition.. et d'attraits!!

Le positif de cette lecture fut que je me suis plongée plus avant dans l'oeuvre et le parcours de Nicolas de Staël (que je méconnaissais) ainsi qu'une curiosité éveillée pour des recherches complémentaires sur l'abbé-archéologue, Breuil , dont je ne connaissais les prospections que dans les grandes lignes!
Un enrichissement certain pour tout passionné d'Histoire de l'Art, comme d'archéologie et questionnements sur les débuts de l'espèce humaine.....
Je ne résiste pas à citer cette phrase magnifique qui clôt le roman et remet au centre, l'esprit créatif de l'Humain :
"J'aime quand tu inventes. Inventer nous revêt de pourpre et d'or". (p. 342)

Alors ne vous focalisez surtout pas sur ces lignes, et l'aléatoire de toute « critique » et faites-vous votre opinion par vous-même !.
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Je développe depuis quelques temps le concept de la page 100.
Il est la chance laissée à un(e) auteur(e) pour me convaincre de continuer son livre, portée par le postulat d'une vie devenue trop courte pour la perdre dans des pages qui ne m'accrochent pas. Ce cota me donne assez de matière pour découvrir une écriture, une thématique, un intérêt pour la chose racontée.
Je n'abuse en général pas du concept, étant plutôt bon public, éclectique dans mes choix, et laissant souvent une seconde chance à un auteur qui ne m'a pas convaincue précédemment.

Vous me voyez donc venir...j'ai pourtant tenté de la dépasser, cette 100e !

Patrick Grainville me pose vraiment problème. Bien que toujours attirée par les romans ou documents artistiques, je cale sur ce Milos comme j'ai calé sur sa Falaise des fous.
Au risque de passer pour une prude, les sempiternelles élucubrations de sensualité concernant le jeune homme au regard bleu m'ont rapidement lassée et la documentation érudite abordant Picasso et Nicolas de Staël n'a pas contré cet ennui.

L'écriture de l'auteur est aussi très personnelle, chargée, alambiquée. D'aucuns diraient qu'il se regarde un peu écrire.

Dommage pour moi. Peut-être pas pour d'autres.
Regret d'une lecture ratée, et remerciements pour ce partenariat de lecture Babelio/ Seuil.
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Je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour cette masse critique spéciale.
Milos est un jeune étudiant en paléontologie, vivant à Antibes, ville où les peintres Pablo Picasso et Nicolas de Staël ont vécu. le Château Grimaldi -devenu le Musée Picasso en 1966- expose les oeuvres de ces deux artistes.
Milos a des yeux bleus, si clairs que les autres sont envoutés par son regard. Rapidement il va en être gêné au point de le cacher sous des lunettes fumées.
Sa mère l'a appelé par ce prénom en souvenir de son séjour en Crète avec son premier amant, sur l'île du même nom. Elle avait même pensé à l'appeler Minos, roi de Crète dans la mythologie grecque.
C'est une amie de sa mère, Samantha -historienne d'art- obnubilée par Picasso et ses relations amoureuses- qui va faire naître son intérêt pour les peintres Pablo Picasso et Nicolas de Staël.
Picasso, 1m63, mort en 1973 à l'âge de 91 ans et De Staël, 1m97, mort en 1955 à l'âge de 41ans. Picasso le roc égocentrique, sûr de lui, que rien n'ébranle, multipliant les oeuvres aussi vite que les conquêtes (et vice-versa). De Staël, passionné et angoissé, plus lent à créer comparé à Picasso, comme il le dit lui-même et qui, notamment en raison de l'éloignement d'une femme, se suicide en se jetant de la terrasse de son atelier. Deux hommes aux caractères et destins si différents (ou « antithétiques » comme aurait mieux dit Grainville)… Picasso et Oedipe. Picasso qui a peint le Minotaure aveugle, qui lui-même est un Minotaure, génie démiurge manipulateur, qui séduit les femmes, les délaisse, les quitte sans un regard, ou presque.
Cela va amener Milos (en compagnie de différentes femmes) à s'intéresser à l'oeuvre de ces deux hommes, d'Antibes à Paris en passant par la Namibie, et chercher la matrice des origines de l'homme.

Appréciant l'art, ce livre sur ces deux peintres avait un réel attrait pour moi. Ajouté à cela, la possibilité de découvrir un auteur que je n'avais jamais lu (connu pour « Falaise des fous » ou encore « le baiser de la pieuvre »).
Les multiples conquêtes de Picasso (Olga, Dora, Françoise, Marie-Thérèse, Jacqueline, etc., etc.) font bien entendu partie de l'image médiatique du peintre tandis que Nicolas de Staël est moins connu du grand public.
Si on connait déjà le pouvoir de séduction de l'artiste espagnol, l'attitude peu ‘'sympathique'' de Picasso envers les femmes l'est peut-être moins (il les use, les manipule, les trompe, les remplace, les rend folles- au sens premier-). Ce n'est pas forcément facile de lire tout cet étalage sur son triste comportement. Tout comme, pour moi, est dérangeante cette Samantha fascinée par cet homme qui envoutait et malmenait tant de femmes. Tellement obnubilée à faire la liste des muses dont il abuse.
Pour ma part, je crois que cela a définitivement rangé Picasso dans la catégorie des hommes peu appréciables, voire détestables. Même si j'aime ses oeuvres des périodes bleues et roses, ses sculptures et ‘'Guernica'' que j'avais pu admirer en Espagne, après avoir lu ce roman, je ne suis pas prête à retourner voir de sitôt une exposition qui lui est consacrée. Il m'est parfois difficile de ne pas mêler l'oeuvre et l'homme. A l'inverse, Grainville aura su éveiller ma curiosité pour les peintures et l'évolution artistique de de Staël.

Le style de Patrick Grainville est plutôt agréable. Encore faut-il toujours le comprendre. Bien entendu, il est normal, pour faire référence à l'art et la paléontologie, d'user des mots les plus appropriés, même si peu usités par tout un chacun. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien si la langue française possède un vocabulaire si riche. Pourtant, à la longue, ça peut quelque peu démotiver un lecteur lambda (j'ai passé beaucoup de temps à rechercher la définition d'adjectifs et de termes techniques et j'ai rarement lu un roman où se multiplie des termes comme phalanstère, stéatopyge, palimpsestes, dolichocéphale et j'en passe).
J'ai apprécié son style, notamment ces changements de rythme, ces passages de conversations ou longues descriptions à des phrases courtes, parfois hachées, d'autres musicales (« Et la voilà, le fer à la main, saisie d'une frénésie de va-et-vient pour aplatir le pli rebelle barrant le frêle maillot à bretelle »).
J'espère avoir un minimum de connaissances en mythologie grecque et ne pas être complètement néophyte en termes d'art et d'artistes.
De toute évidence, cela ne m'a pas toujours suffi. Des passages entiers sont restés abscons pour moi. J'ai été à diverses reprises perdue ou perplexe dans ce labyrinthe, véritable dédale de pensées, de références, d'images et d'allégories en majorité sexuelles, d'analyses et d'interprétations sur ces peintres et la vie des artistes de l'époque (Vie libertine avec Eluard, Man Ray, etc.) (Petite digression : le ‘'lien'' entre l'affaire du Dahlia Noir et certaines oeuvres de surréalistes comme Man Ray avait aussi calmé mon intérêt pour les photographies de l'américain).
Le fil d'Ariane pour me guider tout au long des nombreuses pérégrinations de cet écrivain était parfois trop mince pour que je ne me perde pas fréquemment. Et à force de se perdre, certains pourraient s'épuiser (les yeux notamment).
Lecture ardue pour celui qui ne connait pas à un niveau de détails quasi universitaires la vie personnelle et artistique des deux peintres (même après avoir fait l'étudiante studieuse en prenant le temps de refaire la chronologie de leurs relations amoureuses, par exemple). Lecture voilée, énigmatique lorsqu'on ne comprend pas tout des envolées lyriques et fantasmagoriques de l'auteur.
Quoi qu'il en soit, ce roman est une mine d'informations, d'anecdotes sur Picasso et De Staël pour le lecteur intéressé par l'art et la peinture. Grainville fait référence à tous ces personnages qui ont gravité autour d'eux (les amantes, les mécènes ou amis artistes, comme George Bataille, René Char, Lee Miller jusqu'à Lacan) ou encore certains noms de la paléontologie, notamment l'abbé Breuil. Il énumère les oeuvres majeures de ces deux peintres pour étayer son discours, fait mention de bon nombres d'autres artistes (les impressionnistes, ceux du bateau-lavoir, etc.) et on en ressort bluffé et étourdi par sa culture.
Roman cérébral et parfois sibyllin sur la vie orgiaque d'un Picasso démoniaque. Mais par la rencontre avec De Staël et son « Ciel à Honfleur », j'ai retrouvé un peu de mon humeur.
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L'exercice romanesque était périlleux et je l‘avoue j'ai durant la lecture de cet ouvrage subi parfois quelque altération de la perspective narrative . Oui exercice périlleux car il n'est pas facile d'ériger la stature de tels personnages : Pablo Picasso et Nicolas de Staël.
L'un met à mort, l'autre se tue.
Deux visions diamétralement opposées. le même ciel, le même soleil, la mer mer. Et pourtant deux destins. Singularité de perception qui sculpte la totalité de leurs oeuvres. Très ou trop documenté , le roman se trouve ralenti alors dans sa narration. Car sur la légende de ces deux êtres tutélaires l'auteur choisi d'apposer l'histoire de Milos, l'enfant aux yeux bleus, de ses amours, de ses obsessions, de ses questionnements. J'avoue que ce calque apposé provoque brouille le récit. Mais l'exercice pouvait être tenté. Peut être un peu plus de vision en filigrane aurait éclairci quelque peu la narration. Il aurait peut être fallu que les deux peintres hantent les mots, les images et ne vampirisent pas l'histoire de Milos.
Peut être plus d'impressionnisme… moins d'expressionnisme. Chacun.e élaborera sa propre vision.
Sentiment mitigé donc. Mais il est indéniable que les aficionados de Picasso y trouveront là belles matières, et que les amoureux De Staël décrypterons la partition du drame.

Astrid Shriqui Garain
Masse critique decémbre2020 – Editions du Seuil / Babelio
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Autant le dire en préambule : la lecture d'un livre de Patrick Grainville demande adhésion.  Son dernier roman Les yeux de Milos ne déroge pas à la règle. Dans ce roman on retrouve trois des ingrédients habituels de Patrick Grainville.
D'abord le style : baroque parfois grandiloquent mais toujours ciselé,  faisant honneur à la langue française.
Ensuite la peinture et les peintres. Comme dans La falaise des fous, auprès de Monnet, les Yeux de Milos nous entraîne dans les pas de Nicolas de Stael et de Pablo Picasso
Enfin, l'érotisme, la sexualité qui sont des thèmes récurrents des romans de Patrick Grainville.
Si l'adhésion à ses ingrédients n'est pas acquise,  la lecture du roman peut devenir rapidement difficile voire ennuyeuse.
J'ai adhéré différemment  aux trois ingrédients.
Plus la lecture du roman avance, plus la place de l'érotisme,  pour ne pas dire d'une sexualité très crue, prend  une place prépondérante.  Tout est scruté,  vu par le spectre des organes génitaux. A terme cette overdose donne la nausée  et escamote ( le mot est gentil) une grande partie du roman .
Pourtant le point de départ du roman avec le regard bleu  de Milos qui intrigue hommes et femmes,  accroche le lecteur et donne envie de le suivre dans ses liens autour de Picasso, De Stael ou encore l'abbé Breuil. le style de Patrick Grainville nous transporte dans l'oeuvre de Picasso, dans les grands à plats de Nicolas de Stael, dans les terres ocres de Namibie  ou dans l'humidité des grottes préhistoriques périgourdines ou niçoises.
C'est foisonnant, c'est instructif, c'est sensuel. ...
Et puis peu à peu la sensualité devient érotisme de bas étage  .
Je ne connais pas assez l'oeuvre de Picasso pour être objectif mais ne présenter la vie et l'oeuvre de Picasso que par ses oeuvres érotiques me paraît réducteur.
Bien évidemment la relation de Picasso avec ses femmes et compagnes est connue pour sa complexité et le caractère du peintre. Cela est rendu par Patrick Grainville  mais pourquoi toujours revenir exclusivement aux organes, phallus, vulves et trous !
Ce parti pris phagocyte le roman et celui ci devient ennuyeux et interminable.
C'est tout de même un comble alors que nous sommes avec Picasso et De Stael.
Page 277 Patrick Grainville nous dit : " Que peut l'artiste ? Créer contre la destruction. Affirmer l'autonomie de son Soi, de son geste solaire. Épancher, chanter la création libre. C'est un soleil dans le ventre aux milles rayons. Voici la haute mission et le combat vivant "
Malheureusement je n'ai jamais ressenti cette allégresse dans Les Yeux de Milos.
Je l'avais pourtant ressenti dans La falaise des fous.


Merci à Babelio et aux Éditions du Seuil pour l'envoi du roman .

Lien : https://auxventsdesmots.word..
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Patrick Grainville est un passionné, certainement un peu fou ou en tout cas désireux de retrouver une certaine folie, celle d'une époque et d'une bande d'artistes baignés par le soleil du sud de la France et le bleu éclatant de la méditerranée. Alors le lecteur en prend plein les yeux et les oreilles, se retrouve immergé dans la compagnie de celles et ceux qui s'égayaient sans fard et sans contrainte. Antibes, Nice, hantées par les figures de Picasso et de Nicolas de Staël qui trouvèrent dans la région la lumière propre à réchauffer leurs corps, échauffer leurs sens et irriguer leur art. Même si, pour le 2ème cela s'est plutôt mal terminé. L'auteur met en scène un couple, Milos et Marine, lui aux yeux d'un bleu incandescent, elle aux allures de sirène, partant dans les traces de ces deux monstres, bien au-delà de la méditerranée, convoquant les muses, les mythes, les mystères des origines et de la création. C'est dense, servi par une écriture charnelle, sensuelle. C'est dense, oui. Au risque de frôler d'overdose. Patrick Grainville a du style, de l'érudition mais j'avoue que le côté un peu "conférence sur l'art", tout excellent soit-il m'a quelque peu fatiguée voire agacée. J'ai alterné des sentiments de vrai plaisir lors d'envolées sensuelles et de vrai ennui en bas de l'estrade où discourait le maître. Les qualités du livre en termes de contenu et d'histoire de l'art sont indéniables mais on peut préférer des pentes plus romanesques. Je ne doute pas que ce livre saura éblouir les amateurs de ce type d'écriture. Pour ma part je vais me replonger dans l'éblouissement des toiles de Nicolas de Staël.
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Le paysage est grandiose, et pour cause c'est le sud de la France. La mer, les artistes, l'été donnent cette aspect rêverie trouble à l'atmosphère. Cette lecture a été laborieuse, ce n'est par l'art ou l'archéologie qui m'ont fait somnoler mais bien les personnages sans énergie sauf quand il s'agit de sexe, et qui divague sur l'art, Picasso, De Staël, l'archéologie. Milos, ce garçon dont les yeux bleus charment les femmes mais qu'il cache sous des lunettes noires, est constamment insatisfait: de sa vie, de ses amours, des choix qu'il doit faire ou de ceux qui sont fait, hésite entre une femme ou une autre.

Les sujets à première vue sont plus qu'intéressant, la période où Picasso fut au centre de la vie artistique antiboise puis cette désinvolture propre au sud de la France dans les années cinquante. Mais mon intérêt a été martelé par le marteau stylistique de l'auteur.
Je n'ai pas su saisir le sens de certains passages, je me suis perdue dans ses descriptions de paysages qui n'en finissaient plus mais qui m'ont donnée envie de m'allonger au soleil (soleil franchement absent de Paris pendant ma lecture).

En mettant en scène deux grand artistes contemporains comme Picasso, cette homme à la présence incontestable, et Nicolas de Staël, un homme probablement trop romantique et qui se suicidera, l'auteur sonde la création à travers deux destins opposés. Beau, le roman aurait pu l'être sauf qu'à vouloir intégrer trop de références, mythologiques et autre, on finit par divaguer sur un trop grand nombre de sujets sans en traiter un dans le fond.

Je ne retenterai pas l'expérience, mes goûts littéraires sont bien trop éloignés du style de l'académicien.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Dans son roman précédent, La Falaise des fous, l'auteur s'attachait à suivre le destin de Monet ainsi que d'autres de ses contemporains croisés au détour des falaises d'Etretat. Avec Les yeux de Milos, Patrick Grainville se situe cette fois sur la côte méditerranéenne avec Picasso et Nicolas de Staël.
Nous sommes à Antibes, Milos est encore tout jeune le jour où sa petite amoureuse Zoé lui lance du semble dans les yeux. Ce jour-là, le jeune garçon se rend compte que le bleu de ses yeux rend son regard envoutant, déstabilisant et que les gens obnubilés, ne voient pas l'homme derrière le regard. Il décide alors de se parer de lunettes noires, c'est comme ça que Milos devient un jeune homme et commence à découvrir les sentiments et la sensualité auprès des femmes, Marine puis Samantha. Cette dernière sera aussi celle qui fera naitre en lui l'intérêt pour le peintre espagnol qui vécut longtemps dans la région, Pablo Picasso. Mais à Antibes, qui dit Picasso dit aussi Nicolas de Staël, car même si les deux artistes n'ont rien en commun, ils ont tous deux influencé la vie culturelle de la ville et sont présents dans son musée. Milos va alors peu à peu s'intéresser aux destins de ces deux artistes.
La suite du roman fluctue entre la vie de Milos, jeune étudiant en archéologie, ses voyages sur des sites archéologiques, ses références à l'abbé Breuil, passionné de préhistoire qui sera d'une grande inspiration pour le jeune homme et la vie des deux grands peintres, entre tourments et relations amoureuses.
Un sentiment très mitigé ressort de cette lecture qui a été facilité en partie par un style fluide et entrainant mais une grande incompréhension subsiste dans cette volonté de l'auteur à rapporter toutes les scènes de la vie de Milos ou de Picasso au sexe. Il y a beaucoup de passages sans intérêt dont l'un où l'auteur arrive même à faire des allusions sexuelles lors de l'ouverture d'une bouteille de champagne. On finit même par croire que les fresques préhistoriques se limitent finalement qu'à un enchainement de vagins, phallus et autres vulves… C'est en grande partie la raison pour laquelle cette lecture a fini par devenir laborieuse et c'est dommage car ce roman était plein de promesses, la vie de deux grands peintres talentueux dans une belle région du sud entre mer et Provence. Heureusement certains passages biographiques intéressants ainsi que de belles descriptions de certaines oeuvres m'ont convaincu d'aller jusqu'au bout…
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Un double plongeon, pour ce roman, d'abord dans le bleu de la Méditerranée ensuite dans les yeux d'un jeune garçon d'un bleu inouï. En effleurant deux « stars » de l'art, Picasso et Nicolas de Staël, Milos, notre jeune héros, va également beaucoup effleurer les femmes. On retrouve ici la patte de l'auteur, qui a défaut d'inspiration, nous livre un roman à l'érotisme exacerbé. Déambule ainsi devant nous un jeune homme amoureux qui vacille entre deux monstres sacrés. L'action se déroule à Antibes, et la côte est omniprésente dans ces pages où le soleil distille son parfum immortel
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