Je m'appelle Isbjörg Je suis lion Elle s'appelle Isbjörg Elle est renarde
Isbjörg est en cage, avec pour seul horizon les murs verts de sa cellule, prostrée dans une attente qui va bientôt prendre fin. Après avoir été à l'isolement, après s'être enfermée dans un mutisme total, Isbjörg accepte de se livrer, se délivrer et se prépare à recevoir un ultime et unique interlocuteur, Pétur Péturson, l'avocat de la défense.
12 heures, c'est le temps alloué pour dénouer les fils d'une histoire au rythme de 12 chapitres, ouvrir les portes d'une mémoire défaillante, réinventée ou reconstruite entre souvenirs, rêves et fantasmes. Au fil des heures qui s'égrainent les secrets se dévoilent, les traumatismes ressurgissent. Au bord de l'asphyxie, des confessions s'échappent comme des bulles de savon explosant à la surface.
Vigdís Grímsdóttir à travers son héroïne Isbjörg, « celle qui est sauvée de la glace », orchestre le voyage intérieur d'une jeune femme de vingt ans à l'esprit vacillant. Pourtant Isbjörg a plus d'un tour dans son sac pour rester hors de l'eau, pour se protéger, se rendre inaccessible: elle crée ses propres mantras pour repousser les forces obscures, jongle avec les mots; des escapades poétiques porteuses de lumière pour retrouver ses ailes et sa liberté condamnée...
Isbjörg, une jeune femme borderline, en souffrance et à la personnalité complexe, est au final une insoumise, elle affronte son avocat comme un prédateur exécute sa proie, un envoûtement qui renverse les rôles de chacun.
Un chemin de croix libérateur et salvateur qui malgré l'enfermement lui permettra d'exorciser ses obsessions morbides, ses angoisses et ses peurs.
Isbjörg, jeune fille rebelle, se joue de son avocat comme
Vigdís Grímsdóttir se joue de son lecteur. Avec une écriture travaillée
Vigdís Grímsdóttir trouve les mots justes et joue sur des variations de forme, de style pour rendre ce voyage intérieur plus intense: réaliste lorsque Isbjörg se confie, poétique lorsqu'elle s'absente dans une réalité fantasmée.
Un huis clos explosif, lumineux, poétique, sombre et subversif sur fonds de critique sociale.
Je m'appelle Isbjörg Je suis lion a fait l'objet d'une adaptation théâtrale.
Une lecture bouleversante et parfois oppressante.
Un coup de marteau mais aussi un coup de coeur.
Je m'appelle Isbjörg Je suis lion (Ég heiti Ísbjörg, ég er ljón, 1989) a été traduit par
François Emion à l'occasion de la cinquième édition des Boréales de Normandie en 1996.