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EAN : 9782070709878
88 pages
Gallimard (15/04/1987)
3/5   5 notes
Résumé :
«Jésus marchait sous les étoiles. Il ne se réhabituait à vivre qu'avec précaution. Il ne fréquentait encore que des tombes et son passage en réveillait les hôtes. Si insignifiants qu'ils aient été, ils avaient eu son expérience du naufrage. Ils se levaient prêts à lui faire escorte, mais il les congédiait gentiment, les laissant empotés dans leur résurrection. Beaucoup par une vieille habitude ou pour retrouver leur veuve et leur orphelin voulurent aller en ville, m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il me semble que la poésie est comme une explication, mais qui n'explique rien".
Christian Bobin


Voici un étrange haïku chrétien :
Haïku parce que l'émotion naît toujours d'un poème de Jean Grosjean ; une émotion de même nature que celle d'un court poème japonais : juste suscitée mais profonde, authentique, naturelle et donc mystérieuse.
Dans son texte, toujours, se réveille un animal, une rivière, un paysage, un ciel étoilé, un parfum, une lumière, une couleur ou une fleur.

Chrétien parce qu'avec un magnifique décalage, Jean Grosjean nous conte cette période de quarante jours séparant la résurrection de l'ascension de Jésus et il inonde de toute sa poésie ce récit mystérieux.

A quelles distances sommes nous donc ici des récits évangéliques ?

et bien simplement à celle, immense, de la joie de vivre qui leur fait tant défaut.
Car si Jésus est triste, déçu et insensible aux hommes, la nature elle est gaie, vivante, réelle.

Aussi à cette distance, spatiale, qui éloigne les lieux décrits, et qui sont les nôtres, de la représentation habituelle de la terre sainte

Enfin à cette distance temporelle qui rend ce conte étrangement proche et mystérieux, toute religiosité en ayant disparu.

L'esprit de Jésus évolue naturellement presque parmi nous, nul ne s'en étonne mais tous espèrent. Trop.

Plus tard Jésus se sentira loin de son père, loin de Dieu, abandonné peut être, ne le voyant plus, ne l'entendant plus, le devinant caché derrière la beauté.
Jésus pleure...




Ah ! cette image de Jésus ne quittant pas notre monde terrestre dans une ascension prévisible, mais le repoussant, déçu, d'un léger mouvement d'orteil.
Comme elle est moderne, comme elle est intrigante….

Je ne suis pas attiré et ne connais pas précisément les récits bibliques. Mais en suivant le conseil d'un « ami » j'ai voulu lire ce texte d'un grand poète quelque peu oublié.
Et oui, il a raison : « cet ouvrage est vivant, incroyablement vivant ».
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Entre Résurrection et Ascension, Jean Grosjean livre son imaginaire de ces 40 jours de la vie de Jésus ressuscité, homme, mais différent des autres.

Ce récit très décalé emprunte des scènes évangéliques telles que celle des disciples d'Emmaüs, des apparitions de Jésus au Cénacle ou à Marie-Madeleine, de la pêche miraculeuse. L'auteur imagine ces rencontres auxquelles il confère sa vision très poétique, quelquefois assez éloignée des textes évangéliques, avec pas mal d'humour.

Les sentiments et réflexions qu'il prête à Jésus ne sont pas sans originalité en imaginant des contextes de lieux et de temps quelquefois très différents de la Palestine.

De très belles descriptions de la nature, des plantes, des arbres, du soleil et de la lune émaillent ce très court récit qui ne peut laisser indifférent, quelles que soient les croyances ou les incertitudes du lecteur.
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Christian Bobin en parle dans son livre "Prisonnier au berceau".
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Il n'entendit pas, derrière lui, un trot qui faisait rouler des cailloux. L'ânon de Bethphagé avait reconnu le maître des Rameaux et accourait pour appuyer ses naseaux humides sur la main de l'illustre passant. Jésus s'arrêta, regarda les grands yeux noirs d'une enfance où déjà venaient rôder les mouches. Il hésita un instant, puis il osa encore un geste de guérison, il toucha les paupières sanieuses de la bête. Les mouches tombèrent mortes. Une sorte d'intolérable reconnaissance illumina sombrement les yeux de l'ânon. Jésus se détourna, brusque, et reprit sa montée avec un peu de hâte.
L'ânon le suivit, la tête baissée pour cacher sa joie, mais il ne pût empêcher ses longues oreilles velues de frôler le poignet du messie. Alors Jésus se retourna, regarda encore une fois l'ânon et lui dit à voix basse : "Non, mon petit. Où je dois me rendre, tu ne pourrais me porter." Désappointé mais fidèle, l'ânon s'immobilisa. Désormais aucune race chez les bêtes ni chez les hommes n'aurait nostalgie plus profonde.
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On savait que l’automne, alors, était aux portes parce que le vent se mettait à rouler des nuées grises et des bandes de corneilles criardes sur les laboureurs qui sacraient et sur leurs chevaux qui secouaient leurs crinières étincelantes.
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Quand sonne le timbre du réveil et qu’en chemise on court éberlué à la fenêtre voir que déjà les naseaux du cheval jettent dans la basse lueur des lanternes les deux colonnes de nuées dont on sera précédé dans le froid nocturne jusqu’à on ne sait quelle aube improbable…
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La senteur entêtante des premières giroflées entrait par la porte comme un mélange de joie, de deuil et de doute.
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Houx panachés et aucubas marbrés arboraient d'imputrescibles gouttes de sang, et des rangées de mahonias tenaient prêts des bourgeons d'or pour quelque imprévisible avril. Tilleuls et cornouillers brandissaient leurs jeunes tiges aussi rouges que des jeunes filles qui courent vous rapporter votre auréole. Des platanes dont la ramure se perdait dans les nuées froides, montraient leurs flancs de boeufs blancs que quittent les plaques de bouse. Les pommiers tendaient, suspendues, les sombres sphères de gui qu'illuminaient les globules de ce nacre. A travers les noisetiers dont les chatons secouaient des gouttes de bruine, on voyait rôder les brèves pâleurs des horizons de décembre.
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Videos de Jean Grosjean (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Grosjean
Jean GROSJEAN – Dans l’univers de la Parole (Chaîne Nationale, 1956) L’émission « Le poème et son image », par Pierre Emmanuel, diffusée le 12 avril 1956 sur la Chaîne Nationale.
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