Il me semble que la poésie est comme une explication, mais qui n'explique rien".
Christian Bobin
Voici un étrange haïku chrétien :
Haïku parce que l'émotion naît toujours d'un poème de Jean Grosjean ; une émotion de même nature que celle d'un court poème japonais : juste suscitée mais profonde, authentique, naturelle et donc mystérieuse.
Dans son texte, toujours, se réveille un animal, une rivière, un paysage, un ciel étoilé, un parfum, une lumière, une couleur ou une fleur.
Chrétien parce qu'avec un magnifique décalage, Jean Grosjean nous conte cette période de quarante jours séparant la résurrection de l'ascension de Jésus et il inonde de toute sa poésie ce récit mystérieux.
A quelles distances sommes nous donc ici des récits évangéliques ?
et bien simplement à celle, immense, de la joie de vivre qui leur fait tant défaut.
Car si Jésus est triste, déçu et insensible aux hommes, la nature elle est gaie, vivante, réelle.
Aussi à cette distance, spatiale, qui éloigne les lieux décrits, et qui sont les nôtres, de la représentation habituelle de la terre sainte
Enfin à cette distance temporelle qui rend ce conte étrangement proche et mystérieux, toute religiosité en ayant disparu.
L'esprit de Jésus évolue naturellement presque parmi nous, nul ne s'en étonne mais tous espèrent. Trop.
Plus tard Jésus se sentira loin de son père, loin de Dieu, abandonné peut être, ne le voyant plus, ne l'entendant plus, le devinant caché derrière la beauté.
Jésus pleure...
Ah ! cette image de Jésus ne quittant pas notre monde terrestre dans une ascension prévisible, mais le repoussant, déçu, d'un léger mouvement d'orteil.
Comme elle est moderne, comme elle est intrigante….
Je ne suis pas attiré et ne connais pas précisément les récits bibliques. Mais en suivant le conseil d'un « ami » j'ai voulu lire ce texte d'un grand poète quelque peu oublié.
Et oui, il a raison : « cet ouvrage est vivant, incroyablement vivant ».