Comment, moi qui ne suis pas un croyant conventionnel, qui n'ai jamais ouvert un nouveau testament, puis-je trouver un intérêt à lire un commentaire d'évangile ?
Ce serait oublier notre culture occidentale, pétrie de cette histoire divine - de ces légendes peut être - qui modèlent notre façon d'aborder, de toiser le monde. de ces textes qui, sans que je les connaisse vraiment, hantent sans conteste les fondements de nos réflexions et nos attitudes.
Ce serait également oublier la poésie de Jean Grosjean.
Oh ce n'est pas la poésie qui habite les textes que j'ai lu précédemment, flagrante, un peu déstabilisante. Là elle rôde plus discrètement car nous sommes bien devant un vrai commentaire de l'évangile de Jean. Tout y passe: le sens caché, le style d'écriture qui font de cet évangile le préféré de l'auteur.
La poésie, discrète, nous la sentons, nous en jouissons dans des descriptions, dans cette façon d'aborder le personnage de Jésus, dans cette ironie de Jésus que Jean révèle innocemment. Une ironie bienveillante, presque paternaliste de cet homme qui toujours conserve son ascendant mystique. Et Jean Grosjean la relève dans de nombreux versets, il l'enchâsse comme une
pierre précieuse sur le bijou de son écriture.
Le poète Jean Grosjean ne pouvait qu'être emballé par le poète Jean
Ce que l'auteur aime aussi dans Jean c'est la « quelconquerie » du Messie, sa banalité, celle qui lui permet de toucher n'importe qui ;
le très-bas de
Christian Bobin. C'est une des formes du langage divin
Grâce à cette poésie, par les silences entre les mots, on devine beaucoup de la représentation qu'il se fait de Dieu.
C'est frais et cela permet de discerner l'homme que fut Jésus en deçà de la catéchèse obscure et rédhibitoire de mon enfance. Avant tout un simple homme, avant tout un homme simple.