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EAN : 9782702167540
280 pages
Calmann-Lévy (01/04/2020)
3.71/5   24 notes
Résumé :
"L’air empestait le plastique. Avec le temps, j’avais cru que j’oublierais. Que je m’y habituerais. Mais ça ne passait pas. L’odeur acide et piquante des polymères s’insinuait partout. Toujours."

Calvin travaille de nuit à l’usine pétrochimique de Poghorn. Le jour, il traîne au bordel, parcourt les montagnes avec son chien et fabrique des pilules hallucinogènes à base d’amanites tue-mouches. La vie. La routine. Jusqu’à ce que la femme de son frère, Ki... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Dès les premières lignes du roman, l'odeur et le goût du plastique sont là et ne nous quitteront pas, tout comme elles ne quittent pas Calvin. Il est le narrateur. Il est cet homme qui travaille de nuit à l'usine pétrochimique ProSol « La chimie au service des environnements » : revêtements plastiques, peintures et solvants, chimie fine, agriculture, agroalimentaire, parfums de synthèse, recherche et développement, innovations en carburant durable et écologique, c'est ce que l'on peut lire sur le panneau rouillé à l'entrée du site. Pas d'autre choix possible que ce travail.
Surnommé « le chimiste » par ses collègues de travail, il vit seul avec son chien Job, il a un frère marié et sa mère qui perd un peu la mémoire est soignée dans un établissement.
La vallée de la Bez dans laquelle s'écoulent les eaux polluées de la ProSol, le Rauc, vers lequel sont acheminés les produits chimiques fabriqués par l'usine pour le traitement des orangers de l'AOOR et le bourg proche de Poghorn sont le décor fictif de ce roman noir.
Bières et alcool permettent d'évacuer les tensions, et un peu d'affection est trouvée auprès des prostituées. Mais, pour fuir cette réalité, Calvin a trouvé un moyen qui lui permet en plus d'améliorer ses revenus. Il fabrique des bonbons avec « les mycéliums d'Amanita muscaria, les tue-mouches, les rouges avec les points blancs », une drogue qu'il appelle la Mô. Il se définit d'ailleurs ainsi : « le frère aîné, l'ouvrier dealer de Mô qui vivait dans une cabane de palettes au milieu d'une vallée parcourue de nuages toxiques ».
Deux évènements vont perturber très sérieusement cette routine, quand Kimiyo, la femme de son frère frappe à sa porte, le visage en sang, celui-ci l'ayant frappé et plus tard, quand la télé annonce que la ProSol va fermer l'usine pour une délocalisation.
L'usine est une source incommensurable de pollution et ses rejets imprègnent l'atmosphère de toute la région d'une odeur de plastique et de produits chimiques. La ProSol nuit fortement à la santé des gars qui y travaillent, tout en leur fournissant un emploi qui leur permet de vivre, là est l'ambiguïté. Et, du jour où l'annonce de la fermeture intervient, la question va se poser de savoir ce que vont bien pouvoir devenir ces gens.
Amanita concentre en un seul lieu une extrême noirceur, l'exploitation à outrance de l'homme par l'homme dans un seul souci de rentabilité faisant fi de sa santé, sans se soucier aucunement du respect de la nature. Julien Guerville, dans cette fiction évoque cette industrie polluante qui met à mal l'homme et son environnement et qui n'hésite pas à délocaliser pour des profits encore plus grands sans se soucier des dégâts humains. Il raconte aussi ces hommes qui essaient de s'unir et font preuve de solidarité à la fois dans le travail, mais aussi face à la perte de l'emploi et qui doivent également faire face aux écologistes très déterminés. La grève et l'occupation de l'usine de même que les négociations et les manipulations dont font preuve les dirigeants et les politiques ne sont pas oubliées. Et comme pour faire oublier tout cet univers sombre et en même temps l'enlaidir davantage, le trafic de produits stupéfiants.
Et pourtant dans cette noirceur et cette odeur dont on ne peut se défaire, quelques rais de lumière brillent çà et là. Il y a la poésie de Kimiyo, la chaleur des copains de Calvin, la tendresse que celui-ci porte à sa maman Michelle qui le confond soit avec son frère soit avec son père quand il lui rend visite et ce moment tellement touchant quand elle affirme et soutient que Paul Mac Cartney a écrit la fameuse chanson pour elle ! Une playlist accompagne d'ailleurs le bouquin.
Une belle écriture, un style percutant, des phrases courtes servent un ouvrage dérangeant et oppressant qui nous plonge dans des problèmes, hélas bien contemporains.
J'ai eu cependant un peu de mal à me sentir impliquée dans cette histoire, peut-être est-ce dû à cette atmosphère si particulière et terriblement glauque.
Mais comme le dit Éric Frasiak, à la fin de sa chanson « Un truc comme ça » https://www.youtube.com/watch?v=¤££¤25De La Bez31¤££¤0&list=¤££¤17De La Bez31¤££¤0&start_radio=1: « Faut pas croire tout ce qu'on dit, le monde va pas si mal…J'suis vraiment convaincu qu'avec le nombre qu'on est, On s's'rait d'jà bougé l'cul si tout ça c'était vrai »
Pas du tout étonnant que Amanita fasse partie de la sélection de la 13ème édition du Prix Orange du Livre, tant Julien Guerville avec cette première fiction nous offre un roman social terriblement actuel, très original duquel se dégage une poésie noire, très noire.
Je remercie Lecteurs.com et les éditions Calmann-Lévy pour m'avoir offert cette belle découverte !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Poghorn, une ville imaginaire, dans un pays qui n'est pas nommé, ouvrant tout le champ des possibles.

Le narrateur, le « chimiste », comme le surnomment ses collègues, travaille dans une usine qui fabrique différents produits synthétiques, des cosmétiques aux additifs, en passant par des matières plastiques, à partir de molécules dont le savant mélange aboutit à tout ce que l'on nous fait ingurgiter à notre insu. Mais Calvin étoffe ses revenus avec une autre activité, plus clandestine : il fabrique de la Mô, une drogue ancestrale autrefois utilisée par les chamanes, et élaborée à partir d'amanites tue-mouche, macérées dans de la vodka et transformées en pastille. le bonbon du bonheur, addiction rapide garantie. Un franc succès dans son entourage dont on perçoit bien la précarité.

C'est avec originalité que l'auteur traite des problèmes de notre monde, la pollution, l'absence de choix de vie quand on a une famille à nourrir, la corruption des élus, la solitude, compagne de tous les instants, que ne fait pas disparaitre les visites régulières au bordel voisin.

Et pour ne pas mettre tout sur le compte de la misère, un autre personnage, écrivain célèbre, meilleure vente de l'année , frère du narrateur viendra mettre en évidence que l'aisance matérielle n'est pas le secret du bonheur.



Roman social noir, à l'écriture ciselée, une ambiance portée par une bande-son éclectique, qui devrait faire parler de lui en cette rentrée de janvier 2021


Merci à Netgalley et aux éditions Calmann-Lévy.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Non, ne cherchez pas Poghorn sur une carte, c'est une ville imaginaire dans un lieu sans nom où se dresse la ProSol, une usine pétrochimique. le travail y est dangereux, dur et mal payé mais il fait vivre de nombreuses familles. Calvin est l'un d'entre eux, il occupe un poste de nuit. le jour, il fabrique de la Mô, des drôles de sucettes à base d'amanites tue mouches et que tous consomment en abondance, comme l'alcool, pour tenter d'oublier une vie sans avenir dans un environnement pollué. La rivière charrie des produits toxiques, des nuages de pollution voilent le ciel et les gens ont perdu l'espoir d'une vie meilleure.

Calvin est le narrateur, il nous plonge dans son univers glauque parsemé de petits bonheurs et de fatalisme. Pourtant, il tente de vivre, il s'accroche à la tendresse de Nina, une fille du bordel, il fréquente le Nutts, un bar pour les ouvriers, avec son copain Freddy. Il y a aussi Kimi, la femme de Tom son frère, qui écrit de la poésie dans un monde sombre. Ses poèmes, tranchants, percutants, sont comme des parenthèses qui nous permettent de reprendre souffle, car l'histoire est parfois oppressante.
Il n'y a plus d'entente entre les deux frères, Tom et Calvin. Tom, écrivain de best-sellers, est riche et célèbre, mais il est violent et malheureux, à croire que l'atmosphère contaminée par la ProSol corrompt tout, même les plus chanceux. Comment vivre dans un lieu aussi délétère où la pollution chimique et l'avenir de l'usine menacée de fermeture se heurtent aux intrigues politico-financières des élus et responsables de l'usine ?
Ce roman social très très sombre est porté par une écriture efficace et percutante qui ne vous laisse pas respirer. Heureusement, il y a les pauses musicales et les poèmes de Kimi qui forment des bulles d'oxygène dans cette atmosphère aux remugles de chimique.
Un premier roman puissant et dérangeant à la fois qui laisse son empreinte bien après la dernière page tournée.


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Je remercie les éditions Calmann Levy et Babelio pour la plongée hallucinée dans ce roman noir, très noir dont je suis sorti un peu groggy.
Dès les premières pages, on plonge dans l'ambiance glauque des travailleurs d'une usine chimique – polychlorure de vinyle, chlorure d'hydrogène et autres parfums de PVC.
Le narrateur, Calvin, nous raconte son quotidien entre l'usine où il travaille de nuit, et ses journées occupées à transformer en sucrerie addictive des champignons hallucinogènes. Quand il ne parcourt pas les bois en compagnie de son chien Job à la recherche de champignons, il va voir Nina qui travaille au bordel et pour qui il a une véritable affection. C'est que la vie n'est pas facile, et les ouvriers se retrouvent tous dans ce bar minable mais chaleureux où l'on consomme alcool et drogue, la Mô. Que peut-on faire d'autre dans cette ville de Poghom construite dans une région éloignée et défigurée par la pollution ?
On suit les ouvriers dans leur tâche, dangereuse, difficile et mal payée. Ils font un sale boulot et sont mal vus du reste de la population qui les rend responsable de la pollution. Dans la rivière, les poissons crèvent et l'air pue le plastique et le chimique. Eux, ils veulent juste gagner leur vie et faire vivre leur famille. Calvin n'a pas de famille, enfin si. Il a sa mère, placée dans une institution, et qui ne le reconnait plus. Elle croit voir Tom, l'autre fils, celui qui a réussi en devenant un écrivain à la mode. Les deux frères sont fâchés, jusqu'à ce soir terrible où tout va déraper. La vie de Calvin va changer lorsque les ouvriers décident d'occuper l'usine, menacée de fermeture.
Ce roman pose tout un tas de questions : comment arrive-t-on à fermer les yeux face à une pollution gigantesque et aux combines des décideurs ? Comment fonder une famille, oublier cette vie de merde si ce n'est en se réfugiant dans l'alcool et la drogue ? La seule affection, beaucoup la trouvent entre les bras des putes. Beaucoup de questions sociales donc dans ce premier roman au style saisissant qu'il faut découvrir.

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Premier roman de Julien Guerville remarquablement bien écrit. Mais noir, tellement noir. Un roman social dur et que j'ai trouvé assez désespérant...
Calvin est ouvrier de nuit à l'usine pétrochimique de Poghorn, ville imaginaire dans un pays qui n'est pas nommé. On sait juste que ça sent le plastique, les hydrocarbures et qu'il neige une bonne partie de l'année, qu'il y a la mer pas loin et des montagnes alentours. Sinistre donc. Son frère bat sa femme qui se réfugie chez lui. En dehors de son boulot, il fabrique une drogue à base de champignon, il fume (beaucoup!) et il va voir Nina dans une maison close... Désespérant vous dis-je!
De la drogue, des cigarettes et peu d'espoir dans ces vies fort bien décrites d'hommes et de femmes se tuant à la tâche dans des usines polluantes qu'aucun dirigeant n'a le courage ni de fermer ni de rendre moins polluante et plus safe pour les gens qui y travaillent. Beaucoup de questions soulevées, pas de réponses juste le désespoir. Pas gai mais utile sauf si on a déjà des coups de blues...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Les deux mecs chargés de la négociation se payaient nos têtes. Ils nous noyaient dans le jargon, nous perdaient à travers des termes administratifs. J’avais un mal fou à me concentrer. Ils nous baladaient comme des chiens. Ils disaient « Vous n’avez pas le choix. Il faut que l’usine tourne. Comprenez bien, si vous ne bossez pas, personne ne sera payé. Mettez-vous à notre place, les gars, si la proSol n’honore pas ses dernières commandes, nos clients ne nous payeront pas. Et c’est exactement cet argent qui payera vos indemnités. C’est aussi simple que ça. Fin de la discussion ».
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- Mais ne va surtout pas t’imaginer que c’est facile de bosser pour une boîte qui te pourrit la santé et l’environnement. Ne va pas croire qu’on n’en a pas conscience et qu’on ne pense qu’à nos petites personnes. Surtout pas. On ne pense qu’à ça. Qu’à cette odeur poisseuse qui nous tourne autour à chaque geste et à chaque pensée. Et à vrai dire, on aime cet endroit autant qu’on le déteste.
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L’alcool n’aide en rien. Jamais. C’est juste une autre façon d’être au monde . Plus essentielle. Plus hasardeuse.
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L'alcool et la nuit me rendaient loquace

- La plupart des gars sont venus ici parce qu'il y avait du travail et qu'ils n'étaient pas trop regardants sur le personnel . Ils se sont installés. Et avec la ProSol ils ont eu un petit moment de répit dans une vie sans gloire. Beaucoup sont là depuis un moment. C'est leur histoire ici. Avant, ça ne compte plus.
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- On y a passe des nuits et des jours entiers. Pour beaucoup, on y a laissé notre santé. (...) Nos maisons, nos peaux et nos âmes sentent le styrène et le polyéthylène. Quand on est là-dedans, on EST là-dedans. On en fait partie.
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Video de Julien Guerville (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Julien Guerville
L'auteur Julien Guerville présente son premier roman "Amanita" et répond aux questions de Marie Michaud, libraire à la Librairie Gibert Jospeh de Poitiers. Une présentation organisée avec Page des Libraires.
Réalisation Anna Pitoun
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