Légendes, tome 2 : Dormir dans les transports en commun

Objet littéraire et graphique non identifié.
Tellement original.
Beau aussi.
Les dessins : crayonnés, pastels etc... Toute la palette y passe. Tous les ensommeillés des transports en commun ayant croisé les rails d'Emmanuel Guibert sont représentés à dans des positions diverse, nous rappelant tous quelque chose.
Les textes : La mort, encore la mort, toujours la mort.
Cet aller-retour personnages croqués endormis et textes divers sur la mort a un effet saisissant.
Un effet de croque-mort.

Emmanuel Guibert est littéralement hanté par la mort. Aussi voit-il dans tous les dormeurs des transports en commun des morts en sursis. Qu'il croque impunément dans toutes les rames qu'il fréquente. C'est vrai qu'à y regarder de plus près, tous ces visages abandonnés, certains aux traits relâchés, d'autres le cou tendu vers le ciel comme des noyés tentant désespérément d'avaler une goulée d'air ont quelque chose de tragique.
le dessinateur accompagne ses fusains de textes très joliment écrits où il nous raconte son rapport à la Mort précocement noué dans son enfance. Il y a ceux que la mort a giflés dès leur tendre jeunesse et jamais quittés car elle a décimé leurs parents avec application et régularité. Emmanuel Guibert fait partie de ceux-là. Il y a ceux au contraire qu'elle a épargnés jusqu'à un âge avancé, qui cultivent leur jardin sans trop regarder le ciel qui se couvre, qui peuvent arpenter les cimetières comme on déambulerait dans un parc lambda. Et qui sitôt ce livre refermé songent à autre chose.

Oui, ce livre est atypique, oui, il déconstruit certaines attentes que l'on pourrait avoir en l'ouvrant. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est follement réjouissant ! Au-delà du dessin (particulièrement inspirant), cet ouvrage offre un moment hors du temps, sans jamais délaisser son idée de base. Un grand livre, assurément.