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EAN : 9782919376810
52 pages
Editions Alidades (01/01/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
Les contes réunis dans ce recueil, issus du folklore des Bouriates, des Évenks et des Tofalars, répondent à bien des questions que l'on peut se poser sur l'ordre naturel des choses, comme savoir pourquoi les carpes, plutôt que rondes et dodues, sont toutes plates.

Alidades - Petite Bibliothèque Russe


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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Savraska – le Claque-Lèvres est un recueil de contes traditionnels de Sibérie orientale, publié par les Editions Alidades en 2021.
A la lecture de ce recueil, parmi les dix-sept contes qui nous sont proposés, on remarque des similitudes, mais aussi certaines différences, certaines spécificités… Cela tient aux origines des peuples qui les ont composés.
Ces peuples, ce sont les Tofalars, les Evenks, et les Bouriates. Ils ont en commun d'être des groupes ethniques ancestraux de cette partie orientale de la Sibérie, mais comme leurs origines sont différentes, leurs contes traditionnels le sont aussi.

Les Tofalars (appelés aussi Tofas) sont d'origine turcophone et montagnarde, avant d'être « russifiés », et il n'en subsiste que moins d'un millier aujourd'hui.
Les Evenks font partie du groupe culturel des Toungouses, qui se répartissent entre le Nord-Est de la Chine et la Sibérie.
Les Bouriates, eux, ont un mode de vie et une culture semblables aux Mongols, en vivant sous la yourte et en pratiquant encore un élevage itinérant.
On se rend vite compte combien ces gens vivent littéralement en symbiose avec la nature. Ils en ont une parfaite connaissance. C'est parce qu'ils ont été des observateurs attentifs des attitudes, des comportements et des habitudes de vie des animaux sauvages, qu'ils peuvent nous conter si bien leurs histoires et avec tant de justesse.
On sent combien ils les aiment, les admirent, y sont attachés, et combien ils veulent les protéger.

Dans « La rivière aux castors », un des contes des Evenks, des animaux pacifiques (poissons et castors), par leur intelligence et leur cohésion, vont arriver à se libérer d'un animal dangereux et arrogant (la loutre).
Souvent, des animaux apportent leur aide protectrice et bienveillante à d'autres, plus faibles qu'eux… C'est le cas dans le conte bouriate « La caille et la grue », où les grues aux longues pattes aident les petites cailles à migrer…
Grâce au conte bouriate « le pivert », vous apprendrez pourquoi les oiseaux étaient venus de toute la taïga dire ses quatre vérités au pivert, ce « vandale du silence des bois » !
Avec « le renard et le lynx », un autre conte Evenk, vous découvrirez pourquoi les lynx n'ont pas de queue, et dans un autre conte encore, vous saurez pourquoi les carpes sont aplaties, alors qu'à l'origine elles étaient rondes et dodues !
Ces contes répondent à toutes ces questions avec beaucoup de poésie.

Une des fonctions du conte n'est-elle pas de nous offrir un sens à la réalité ?
Et le conte n'a-t-il pas cette capacité de répondre aux questions que ne manque de poser le spectacle du monde ?
A coup sûr, OUI !
Alors laissons-nous porter par la magie que nous offrent ces textes !
Et ne vous étonnez pas si certains animaux sont parfois eux-mêmes de grands amateurs de contes, comme on peut le constater avec « le moineau et la souris », un autre conte Evenk !

Mais les aspects merveilleux, les caractères magiques de ces contes ne sont pas pour autant une fuite hors du monde, loin de là !
Ces récits ont toujours valeur de parabole : les rapports de force, les luttes de pouvoir, mettent en déroute les plus puissants.
A certains moments, j'ai pensé que plusieurs animaux personnifiés de ces contes, convenaient parfaitement pour caricaturer quelques hommes politiques !
Ici, les animaux brutaux et prédateurs se voient dépossédés de leur arrogance et de leur prétention ! La « raison du plus fort » ne s'impose jamais bien longtemps !

Une des fonctions du conte ne serait-elle pas de restaurer une justice qui semble bien souvent faire défaut à l'ordre naturel des choses ?
Dans les contes des Tofolars, on rencontre des divinités et des êtres terrifiants qui luttent dans des épreuves et lancent à l'Homme des défis.
Ici « Oulouzoune le Cruel » perd son droit de cuissage quand il se heurte au bon sens de deux paysans. Là « le Maître de l'Eau » combat avec l'Homme, devenu le maître aussi bien de l'eau que de la terre. Et dans « le papillon et le feu », le diable, jaloux de l'Homme, s'allie à un papillon pour voler le feu.

Tous ces contes traditionnels ajoutent encore davantage de merveilleux à l'émerveillement que suscitent les éléments naturels et les bêtes sauvages qui peuplent ces lieux qui respirent encore la pureté. Ces contes magnifient, divinisent, spiritualisent la réalité. Ils réhaussent encore davantage les beautés naturelles de ces contrées lointaines, vers lesquelles ils nous attirent irrésistiblement !

Alors à votre tour, émerveillez-vous et n'hésitez pas à survoler la taïga en compagnie de ces grues et de ces oies sauvages, sans vous soucier du tonnerre et des éclairs qui parcourent sans fin le ciel !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Les forêts perdaient de leur éclat, les feuilles séchées tourbillonnaient, l’herbe jaunissait, les oiseaux se taisaient.
Un vol d’oies filait vers le sud.
Il y avait en tête une oie toute noire, qui se prenait pour la meilleure du monde.
-Regardez-moi !
Tout le vol, lui aussi, cacardait.
L’oie noire claironnait :
-Je suis le meilleur de tous les oiseaux du monde, moi !
Le plus hardi, le plus rapide.
Oh, bien sûr, certains font l’éloge de l’aigle… Mais qu’est-ce que c’est qu’un aigle, hein ? Il est sévère, et fier, je le veux bien ! Mais que mange-t-il, l’aigle ? Ses propres frères les oiseaux, des souris répugnantes, des chouettes puantes ! C’est un sans cœur. Il a du sang sur le bec !
Et le cygne ? On fait tout un plat de ses charmes : il est tellement beau, tellement soyeux ! Tout le monde l’admire !
Mais qu’est-ce que c’est que cet oiseau qui ne sait que plaire ?
Et tenez, le canard… Un bel oiseau, bien sûr. Mais quand même, le maître du lac en a fait un goinfre, un lourdaud bouffi de graisse.
Et l’oie noire cacardait de plus belle, passait tous les oiseaux en revue sans trouver mieux qu’elle. Quand le cacardage se fut enfin apaisé, on entendit un grondement dans le ciel.
-Le maître du ciel est en colère, dit l’oie noire…

(La suite de ce conte traditionnel des Evenks « Pourquoi il n’y a plus d’oies noires » est en p. 27)
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