Ce récit (cf. couverture) est une sorte de poème en prose d'un romantisme noir et doux à la fois. Un homme, dont on ne saura pas le prénom devient à la page 26 « le meurtrier ». Il fuit l'Allemagne et se réfugie à Strasbourg. Les références à cette ville sont nombreuses et explicites. Ici, il rencontre la femme, pas de prénom non plus. S'ensuivent trois semaines d'amour physique intense et de cavale. L'homme avoue à la femme être un meurtrier et dit ne pas vouloir être pris vivant.
Le style est très épuré, avec des phrases si courtes qu'un seul mot suffit souvent. C'est prenant et agréable à lire et j'ai préféré y voir une métaphore plutôt que le premier degré. Face à la nuit avec un grand N, celle du titre bien sur, celle de la photo noir et blanc insérée après la page de garde, « j'aime bien cette idée que c'est chaque jour le premier jour ». Ce mot de la fin ne définit-il pas merveilleusement bien l'amour vécu intensément par delà tous les obstacles, quels qu'ils soient ?
La force des mots est réhabilitée et en refermant le livre l'épigraphe prend tout son sens : « Désirer... déchirer... cela rime. Qui aime d'amour songe à l'un — et fait l'autre. » (
Heinrich von Kleist,
Penthésilée)