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EAN : 9780913035108
Eclipse Books (01/06/1990)
5/5   1 notes
Résumé :
Book by Jones Bruce
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique


Une jeune femme marche sur une route déserte de nuit. Un véhicule la percute, elle chute dans le bas-côté. Elle reprend conscience, toujours de nuit, et se met à marcher jusqu'à atteindre une maison isolé qui abrite le cabinet de consultation d'un médecin appelé Jacob Hinkle. Elle tambourine jusqu'à ce qu'il lui ouvre. Il lui demande de se déshabiller pour qu'il puisse l'examiner et de remplir la fiche pendant qu'il va se faire un café avant toute chose. La jeune femme se rend compte qu'elle ne se souvient plus de son nom, ni de son prénom. le temps passe et le médecin ne revient pas. Elle monte à l'étage, découvre son cadavre, répond à un appel téléphonique bien mystérieux et échappe de peu au meurtrier. Ainsi commence son errance d'une côte à l'autre des États-Unis pour échapper à ses poursuivants sans visage, pour essayer de trouver à quoi sert la clef plate dont elle dispose et pour déterminer son identité.

Cette histoire est restée dans les mémoires des lecteurs de comics pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il s'agit d'un excellent thriller. le point de départ d'un personnage principal amnésique attise la curiosité du lecteur qui examine les indices en même temps que l'héroïne. Bruce Jones distille savamment les informations. Somerset Holmes révèle un don exceptionnel pour la survie. Les péripéties et les rebondissements se suivent et ne se ressemblent pas. Jones alterne les ambiances d'une scène à l'autre. le lecteur attentif reconnaitra un hommage fort bien tourné à La Mort aux trousses dans la scène du train où Eva Marie Saint interroge Cary Grant sur les initiales figurant sur son étui à allumettes. Somerset Holmes doit accomplir quelques acrobaties telles que sauter du toit d'un train à un autre. Elle se retrouve souvent dans des positions où l'improvisation se révèle indispensable (quand elle doit accepter un client avec une prostituée pour un truc à trois, afin d'échapper à une voiture de patrouille). En scénariste chevronné, Bruce Jones inclut aussi quelques passages qui exaltent l'Amérique profonde, l'Americana même (des éléments qui évoquent l'héritage culturel de cette nation), je pense en particulier au voyage en passagers clandestins, dans le fourgon à bestiaux, avec les vaches.

Et puis il y a cette mise en page jamais vue à l'époque, et encore très particulière aujourd'hui. Bruce Jones, April Campbell et Brent Anderson travaillent ensemble pour peaufiner le scénario et le découpage des séquences. Anderson (l'illustrateur, surtout connu pour avoir mis en images God Loves, Man Kills, une aventure atypique des X-Men de Chris Claremont, et la série Astro City) prend Campbell et Jones en photos dans des scènes dupliquant le scénario. Chaque scène est conçue en fonction de la pagination pour qu'elle commence en haut d'une page et finisse en bas d'une page. Chaque séquence est mise en scène comme s'il s'agissait d'une prise de vue. La première page est magnifique dans sa simplicité et son efficacité. Elle est divisée en 3 lignes de 3 cases chacune, toutes muettes. La caméra commence par fixer la lune, pour descendre ensuite dans la perspective de la route. La deuxième ligne est en plan fixe au niveau du sol, alors que l'héroïne marche vers le lecteur. La troisième ligne achève le passage de l'héroïne pour mettre en évidence les phares de la voiture qui la suit, et s'achève sur un gros plan du visage de la jeune femme enfin révélé. Chaque page est pensée et agencée avec le même soin. Brent Anderson ne se contente pas de mettre en images réalistes l'histoire, il participe au rythme de la narration, à la tension entre les individus, à la vitesse des mouvements, etc. Il augmente la vitesse d'écoulement du temps en faisant varier le nombre de cases par page (d'un minimum de 6 à un maximum de 16).

Il est possible de retrouver dans cette narration un savoir-faire qui sera exploité par les générations suivantes. Lorsque Somerset Holmes se retrouve chez le médecin devant son cadavre, le téléphone sonne. Anderson utilise le lettrage de la sonnerie comme une information graphique qui indique au lecteur l'angoisse générée par ce bruit. Anderson alterne également la couleur de l'espace autour des cases, entre le blanc et le noir pour augmenter la tension émotionnelle. Il utilise déjà les ombres comme les expressionnistes pour rendre compte du trouble émotionnel des personnages.

Je pourrais analyser chaque scène pour mettre en évidence la richesse et l'intelligence de la narration picturale. Je pense à une dernière scène : Somerset a recours à l'aide d'un psychologue pour tenter de se rappeler de son passé ; une fois encore l'ombre du maitre Alfred Hitchcock plane sur cette séquence. Et dans l'autre sens, certains fans ont trouvé que les ressemblances entre la scène d'ouverture de cette histoire et celle de Mulholland Drive de David Lynch dans laquelle l'héroïne erre sur une route déserte sont frappantes. Mais avant tout, "Sommerset Holmes" reste un thriller prenant du début jusqu'à la fin, avec une héroïne attachante et troublante.
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