Les Rochambelles

Une partie de la division est envoyée dans la campagne
bavaroise, où Marie-Thérèse et Marie-Anne se retrouvent
dans une importante et riche ferme. Là, les trois femmes
propriétaires ont cajolé leur seul prisonnier de guerre français
comme un coq en pâte. « Nous étions scandalisées de
voir qu’il était le roi de la ferme », raconte-t-elle.

Les maris des trois femmes avaient été envoyés sur le front russe
avec peu de chances d’en revenir. C’était bel et bien l’espoir de
ce « prisonnier », qui n’avait aucune intention de se libérer.
« Il nous dit : “Moi je suis bien ici, je ne veux pas rentrer.” »

Originaire du Béarn, dans le sud-ouest de la France, il y
a laissé une femme et trois enfants dans une ferme bien
plus petite et moins productive que l’exploitation bavaroise.
Marie-Thérèse lui rappelle les difficultés dans lesquelles sa
femme doit vivre ; peine perdue, il assure qu’elle s’en tirera
très bien sans lui.

Après la musique et la bise de minuit, tous sortent
et se défoulent dans une mémorable bataille de boules de
neige. Une année tumultueuse prend fin, avec ses sommets
de joie et d’intenses amitiés, suivis de chutes tragiques et
douloureuses.

Chacun dans la division, homme et femme,
a testé ses limites, et, souvent, les a repoussées plus loin
qu’il ne le pensait possible. Ils ont chevauché la frontière
entre la beauté et l’horreur, en équilibre entre le présent
et l’éternité. Expérience ô combien exaltante.

Édith demande la permission de conduire son ambulance
à Colmar ; elle sera refusée. Qu’à cela ne tienne, un ami
spahi récupère une Jeep et l’emmène. Ils font halte d’abord
chez les parents de son mari décédé, et constatent avec
plaisir qu’ils vont bien. Elle se souvient avec douleur de
son mari, mort dans un accident d’avion avant la guerre.
Puis elle se rend chez ses propres parents pour une plongée
dans la nostalgie des jours meilleurs. Elle ne peut même
pas profiter d’une nuit dans son lit, tous dorment dans la
cave. Le spahi vient la récupérer le lendemain après ce
bref intermède au terme d’une brutale campagne d’Alsace.

Philippe de Hauteclocque a pris le nom de guerre de « Leclerc » pour protéger son épouse et cinq de leurs enfants (l’aîné a rejoint son père) restés dans leur château de
Picardie pendant l’occupation allemande.

Leclerc possède le don naturel du commandement et représente le type d’officier qui se mêle à ses troupes, présent au front, paraissant être partout à la fois, son éternelle canne pointant la direction à suivre. Il ne fume pas, ne boit pas, et paraît si maigre que les soldats se demandent s’il lui arrive de manger. Ses colères sont légendaires et sa patience minime.

Christiane Petit fait partie de ces jeunes innocentes. Un soir, elle accompagne Toto à un dîner avec des officiers de la division et l’un d’eux semble s’intéresser à elle. Il lui écrit même une lettre après le repas.