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EAN : 9782916571676
142 pages
FYP éditions (28/10/2011)
3.58/5   6 notes
Résumé :
La notion de « ville durable » tend à devenir un slogan marketing ou une formule politiquement correcte, utile pour créer du consensus, mais peu apte à fonder des stratégies pertinentes pour l’organisation urbaine. Pourtant, nos sociétés et nos villes doivent se préparer à fonctionner avec un pétrole plus rare et plus cher : depuis le début du XXIe siècle, les coûts liés au fonctionnement des villes ont connu une progression rapide et pèsent de plus en plus lourd su... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Merci à Babelio et aux éditions Rue de l'échiquier pour l'envoi de ce livre. Celles-ci ont joint à leur courrier un petit sachet de graines pollinisantes, ce que j'ai trouvé fort sympathique, merci encore à elles.
Si le titre et le sous-titre m'avaient interpellé au moment de faire mon choix pour la Masse critique, je dois dire que les solutions proposées dans cet essai me semblent un peu légères. C'est comme si on restait toujours à la surface de la réflexion et du sujet.
Jean Haëtjens explique qu'il présente là non pas un modèle à suivre clé en main, mais plutôt un cadre logique auquel se référer, une "boîte à outils" à destination d'élus que le sujet intéresserait, de techniciens, de responsables associatifs, d'étudiants, donc de gens déjà familiers à priori de ce genre de problématique.
Pourtant j'ai trouvé, moi qui n'en suis absolument pas spécialiste, que le propos manquait de complexité, à part deux ou trois passages qui revêtent un caractère un peu plus technique.
J'habite moi-même dans une ville où beaucoup d'efforts sont faits pour contraindre la voiture et laisser davantage de place aux "modes doux" que sont le vélo et la marche à pied. Il y a peut-être ce biais-là de mon propre environnement quotidien, plutôt agréable, pour me faire dire qu'il n'y a dans ce court essai rien de très nouveau et d'inventif, et écrire une critique qu'on pourra juger assez sévère.
Une ville frugale, selon la définition qu'en donne l'auteur, "vise à réduire la dépendance automobile de ses fonctions vitales". C'est déjà, je trouve, limiter considérablement le champ d'étude : il ne sera pas question ici par exemple de chauffage ni d'isolation. L'auteur dit préférer cette notion de frugalité à celle de durabilité. le concept de ville durable, dit-il, est progressivement devenu illisible, fourre-tout, presque dénué de sens, tout le monde l'utilise et s'en réclame, c'est un "alibi joyeux de n'importe quoi" (greenwashing). Tous les aspects de la vie et de la société en font partie : écologie, économie, éducation, démocratie, social, symbolique, culturel, technologie, etc. Cette surabondance de thèmes crée plein de contradictions, du flou dans les attentes et les débats, et donc empêche finalement d'orienter les mesures et les décisions vers une direction précise. Avec quoi je suis tombé assez d'accord. Difficile de ne pas partager ce constat. Mais cet extrême recentrement est aussi, surtout, ce qui pèche pour moi.
Dans son introduction, Jean Haëtjens indique pour rassurer sans doute le lecteur que la frugalité n'est "ni la pénitence ni la décroissance". Au sens épicurien, c'est "l'art de concilier la satisfaction de plaisirs 'naturels et nécessaires' avec une relative économie de moyens". Soit. Mais c'est déjà à cet endroit que ça bloque pour moi et que la démonstration rencontre ses limites. Il faudrait en effet commencer par définir ce que sont ces plaisirs, or il ne le fait pas. Il semble au contraire prendre la société telle qu'elle est aujourd'hui, c'est-à-dire excessive et sans retenue, et essayer de concevoir une organisation urbaine qui ne la troublerait pas trop. En fait, il voudrait changer sans rien changer.
Plus loin, il ajoute même : "La population européenne, urbanisée à près de 80 %, et en faible croissance démographique, n'a aucune raison majeure de changer radicalement son mode d'habiter. Pour elle, la maison est en outre bien plus qu'un simple logement ; c'est un investissement à forte valeur symbolique, qui est souvent associé aux images de loisir, de vacances et de famille. C'est en acceptant cette demande, et non en prétendant la contraindre, qu'un urbanisme frugal doit se concevoir." (p. 70). Il n'interroge aucunement sur la "normalité", sur la légitimité de cette demande et de ces attentes. Mais peut-être qu'il conviendrait de le faire avant toute autre chose... Se poser des questions ! Peut-être notre mode de vie actuel nécessite-t-il d'être remis en question plus que ça ! Peut-être justement faut-il songer à une forme de décroissance, à notre rapport délirant à la consommation et au travail ! Or, quand il évoque la nécessité de la proximité de l'emploi, il ne parle pas du tout de l'utilité de l'emploi : est-ce que les agences bancaires et immobilières, les boutiques de fringues à gogo qui pourrissent nos centre-villes participent de ces plaisirs "naturels et nécessaires" ? Est-ce que la baisse du temps de travail n'est pas une solution pour désengorger les axes de circulation aux heures de pointe ? Il ne soulève pas la question. L'auteur se contente de proposer d'appliquer un gros sparadrap sur la plaie du mode de vie occidental, en prenant mille pincettes pour ne pas choquer ("pas farouchement proécologique" p.14). Il fait tout pour ne pas qu'on l'accuse de culpabiliser les gens. Ce n'est pas suffisant, à mon avis. Intéressant, mais franchement incomplet. La démarche qu'il mène doit s'accompagner de considérations plus globales.
Il cite à plusieurs reprises l'exemple des villes scandinaves, Amsterdam, Copenhague... Des modèles : 65 % de vélo ou de marche à pied, etc., etc., etc. N'empêche que le jour de dépassement de ces pays se situe bien avant le nôtre, déjà très tôt dans l'année (5 mai) : mi-avril pour les Pays-Bas ; fin mars pour le Danemark ("pays à la pointe en matière d'écologie urbaine" p.114). C'est donc bien que la réorganisation de nos "modes de ville", pour reprendre son expression, est loin d'être suffisante pour atteindre la frugalité, elle ne résout pas tous les problèmes de surconsommation d'énergie. Je comprends bien que l'auteur ne peut pas parler de tout, mais au moins qu'il ne nie pas que sa proposition doive s'inscrire dans une démarche décroissante !
Même dans sa démonstration en tant que telle, il enfonce un peu des portes ouvertes. En gros, il faut utiliser la voiture quand c'est loin, et le vélo ou la marche à pied quand c'est proche ; mais que comme quand même c'est mieux le vélo et la marche parce que ça consomme moins, il faut rapprocher les habitations des "centralités". Oui, difficile de proposer le contraire à notre époque écolo-consciente. Les villes doivent être denses mais pas trop, avec des espaces verts et une trame verte de circulation, des transports collectifs efficaces, des réseaux "en toile d'araignée" plutôt que radiaux, de grandes lignes performantes et accessibles plutôt que sinueuses, lentes et bruyantes ; il faut développer plus de "polarités", et moins de parkings... C'est bien de le dire. Mais rien de nouveau sous le soleil.
La fin du pétrole (c'est le sous-titre), ça ne concerne évidemment pas que la voiture ! C'est toute notre société qui en sera bouleversée, nos échanges, notre commerce, nos emplois, plein de choses, tous les fondements, les enjeux, les priorités, les opportunités, les contraintes ! Et là, c'est comme si ça ne devait impacter que notre utilisation de la voiture. C'est ça qui m'a surtout donné l'impression d'un coup presque pour rien : Jean Haëtjens imagine (sans même beaucoup de créativité) une ville du futur changée à cause de la fin du pétrole, mais dans un monde futur qui continuerait de fonctionner comme il fonctionne aujourd'hui avec du pétrole, alors qu'il sera obligé lui aussi de changer radicalement !
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Dans cet essai, Mr Jean Haëntjens (économiste et urbaniste), par son expérience de terrain (ça se sent surtout dans les "consensus") nous épingle, dissèque et expose avec réflexion et discernement les possibilités de la notion de « ville durable » dans ses applications potentielles et pour certaines effectives. Comme base de réflexion, il met à disposition de Madame et de Monsieur tout le monde intéressés par la question autant que des acteurs de terrains au sens le plus large, ce qu'il nomme à juste titre sa « boîte à dessein ». Il ne fait aucun doute que je me pencherai sur d'autres écrits de cet auteur qui ne nous brandit pas de théorie obligatoire à la figure mais un excellent support. Il a même répondu à pas mal de questions qui me taraudaient d'un point de vue organisationnel dans mon arpentage de Bruxelles et de ses initiatives qui réussissent finement ou capotent en flop magistral, même si Bruxelles devrait plutôt figurer dans un ajout d'exemple de « kwak » dans son chapitre « de la faisabilité technique à la faisabilité politique » du fait de la division de la ville en plusieurs communes. Un immense merci pour son éclairage et ses pistes à Mr Jean Haëntjens, aux éditions Rue de l'échiquier et à l'opération masse critique de Babelio pour cette petite perle du support constructif dans le domaine de l'urbanisme.
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Cet ouvrage est dans la collection "l'ecopoche" des éditions Rue de l'échiquier. Cette collection permet d'approfondir les questions environnementales.
Ici, Jean Haentjens nous invite à changer de "mode de ville". L'urbanité a ses avantages, ses fonctionnements qu'il faut prendre en compte pour en tirer le meilleur parti. le modèle de ville frugal est développé à l'appui de documents et d'exemples concrets. Cela fait de ce livre un très bon support pour se former.
Cet ouvrage permet de voir l'urbanisme autrement. La démarche est positive, déculpabilisante. J'ai beaucoup appris de cette lecture.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"...il faut agir simultanément sur un nombre important de leviers (habitat, transport, urbanisme, tarification, techniques), mais aussi mobiliser différentes catégories d'acteurs. En conséquence, le défi à relever est d'abord d'ordre organisationnel et politique."
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Pour les spécialistes de la mobilité, il ne fait aucun doute que la marche à pied est une solution d'avenir. Elle possède, par rapport aux autres modes, une caractéristique unique qui est la capacité du piéton à se détourner de son itinéraire pour improviser différentes activités - regarder une vitrine, bavarder avec une personne rencontrée ou s'asseoir sur un banc. Or ce sont précisément ces activités qui constituent l'intensité de la vie urbaine.
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Video de Jean Haëntjens (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Haëntjens
Les lauréats 2020 : Jean Haëntjens pour "Comment l'écologie réinvente la politique" (Rue de l'échiquier) ; mention jeunesse : Bénédicte Solle-Bazaille pour "40 activités zéro déchet pour bricolos éco-responsables" (Belin Jeunesse). Remise du prix par le président du jury Dominique Bourg.
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