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Brice Matthieussent (Illustrateur)
EAN : 9782267012231
300 pages
Christian Bourgois Editeur (16/05/2001)
3.83/5   135 notes
Résumé :
Chantre des vastes plaines, des êtres secrets et des identités dissoutes, Jim Harrison façonne ses personnages avec autant de finesse qu'il distille sa prose flamboyante.

Chaque quête, chaque identité, chaque drame personnel se nourrit de cieux tourmentés, de rivières en crue et d'orages électriques, dans une communion à la fois essentielle et destructrice.

Le mystérieux Robert Strang, bâtisseur de barrages et aventurier, a d'ailleurs l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Jim Harrison (1937-2016), de son vrai nom James Harrison, est un écrivain américain. Il a publié plus de 25 livres, dont les renommés Légendes d'automne, Dalva, La Route du retour, de Marquette à Vera Cruz… Membre de l'Académie américaine des Arts et des Lettres, Jim Harrison a remporté la bourse Guggenheim. Son roman, Faux soleil sous-titré l'histoire d'un chef d'équipe américain, Robert Corvus Strang, date de 1984.
Le narrateur, jamais nommé, est un écrivain dans la fleur de l'âge pas mal usé par les excès de nourriture et d'alcools, atteint de goutte. Ici, je me permets de glisser cet extrait d'un entretien donné par Jim Harrison au magazine Lire en octobre 2015 : « Si on pouvait arrêter de dire que je suis tous mes personnages dès qu'ils picolent, mangent et pensent au cul, ça m'arrangerait… », pour couper court à toute surinterprétation… Fin de la parenthèse. Notre narrateur, donc, en panne sèche à la recherche d'un sujet pour un nouveau livre, va se lancer dans la biographie d'un chef d'équipe américain, Robert Corvus Strang. Un homme singulier au parcours exceptionnel.
L'homme vit retiré dans un chalet du Nord Michigan, près du Lac Supérieur. Il a voué sa vie à la construction de barrages à travers le monde entier mais aujourd'hui, souffrant d'épilepsie bénigne et les jambes en loques, se déplaçant avec un déambulateur, il tente de se reconstruire pour repartir vers de nouvelles aventures. Il partage son home avec Eulia, une très jeune Sud-américaine bien roulée dont on ne sait pas (au début du récit) si c'est sa femme ou sa fille… Strang accepte de raconter sa vie à notre écrivain, lequel s'installe à proximité et enregistre jour après jour ses propos.
Enfance de Strang avec son frère aîné Karl, chasse et cueillettes dans les bois, premier amour, expérience de missionnaire en Afrique et voyages à l'étranger pour ses barrages etc. le récit est vivant, personnages et situations cocasses parfois, l'homme a roulé sa bosse autant qu'il l'a cabossée et de le voir aujourd'hui réduit à l'état de larve rend l'histoire dramatique. Pourtant, il a l'envie de vivre chevillée au corps et il s'escrime chaque jour à ramper dans la forêt et le marais pour remuscler ses jambes, un effort surhumain de volonté, quoi qu'il en coûte.
Au fil des confidences recueillies par l'écrivain, celui-ci d'abord lointain va s'impliquer d'avantage, ressentant comme un vague écho avec sa propre vie.
Harrison est Harrison, on retrouve dans ce beau roman ce qui nous rend l'écrivain si sympathique, les basiques de la vie qu'il sait rendre ludiques et naturels : la nature omniprésente, ici l'eau est en majesté ; la chaire source de plaisirs, que ce soit celle qui remplit les assiettes ou bien celle qui laisse le corps épuisé dans les draps.
La fin du livre est très belle, ouverte à toutes les interprétations, drame assumé ou résurrection ?
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Un roman plutôt surprenant puisque Jim Harrison se mets en scène lui même, en tant que écrivain et journaliste, qui se voit confier la mission de faire un reportage sur la vie incroyable d'un homme: Robert Carvus Strang.

Durant trois mois, il aura des entretiens quotidiens avec Strang, en convalescence après une chute, dont il esquisse le portrait : une enfance écrasée par la religion, un amour pour l'eau et la forêt, une absence d'éducation scolaire, un apprentissage dans le bâtiment puis un premier départ pour l'Afrique qui lui donnera l'amour du voyage, des contrées lointaines, et une passion dévorante pour les barrages hydrauliques.
Strang n'en finira plus d'enchaîner les missions aux quatre coins de la planète, sous tous les climats, en tant que spécialiste de la construction de barrages, attrapant toutes sortes de maladies tropicales.

Plusieurs récits enchâssés s'enchaînent tout le long du roman : d'abord Jim Harrison racontant ses journées puis il y a l'histoire que Strang raconte à l'auteur, et enfin des retranscriptions des enregistrements au dictaphone où Jim Harisson évoque son ressenti par rapport aux entretiens.
Cela forme un mode de narration assez compliqué mais qui donne un rythme très intéressant, une évocation du temps et une bonne description de l'ambiance entre les entretiens.

Faux soleil, c'est l' incroyable portrait d'un homme au destin un peu fou mais c'est aussi une belle amitié entre l'auteur lui même et le sujet de son livre. Et puis comme toujours chez Jim Harrison, le petit cocktail récurent, la nature, l'aventure, la bouffe, l'alcool, les femmes et le sexe...
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Faux soleil raconte l'histoire d'une éclipse, celle de l'homme Jim Harrison par Robert Strang, personnage complexe dont l'auteur en quête de sujet s'entiche au cours d'un repas trop arrosé en Floride. le bouquin fonctionne à la manière d'un triple récit où se mèlent en fil rouge la narration classique de la rencontre entre ces deux personnages, l'histoire de Strang à proprement parlé et les impressions qu'Harrison lache sur son dictaphone. le procédé marche plutôt bien, malgré la compléxité inhérente à ce type de narrations croisées.
Alors Strang, le faux soleil du titre, brille surtout par un parcours d'aventurier baroudeur constructeur de barrages, foreur de puits dans diverses endroits exotiques du globe. L'homme est intriguant, a connu plusieurs femme, se raconte sans tabou et Harrison se prend d'amour pour lui, surtout en regard de sa propre déchéance d'écrivain new-yorkais uniquement préoccupé par la piccole, la bouffe et les femmes : quand la littérature rencontre la luxure.
Bien sûr la situation évolue sous la plume d'Harrison mais finalement le livre ne décolle jamais réellement, on peine à imaginer en quoi Strang représenterait un quelconque idéal (de nouveau ce faux-soleil) et si le bouquin s'achève en apothéose, l'impression d'être resté en retrait d'une conversation complice entre deux protagonistes perdure tout de même.
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Je referme à l'instant « Faux soleil » de Jim Harrison.
Je suis perplexe.
Je me dis qu'au final, il ne s'y passe pas grand-chose, et je me demande ce qui m'a tenue jusqu'au bout de ce roman. Un roman presque décousu… presque parce qu'il suit une progression chronologique, et qu'à aucun moment on ne s'y perd, mais un peu décousu tout de même, parce que la narration n'y est pas vraiment linéaire. Je m'explique : le narrateur, écrivain-journaliste dans une période de creux, décide d'écrire sur Robert Corve Strang, un spécialiste des grands barrages dans le monde, dont il a brièvement fait connaissance avec l'ex beau-père. C'est d'ailleurs ce dernier, en lui apprenant que son ex-gendre était un homme extraordinaire, qui a piqué sa curiosité. Robert, devenu infirme à la suite d'un accident, vit retiré dans un chalet au Nord du Michigan, en compagnie de la jeune et belle Eulia, une costaricaine qu'il présente comme étant sa belle-fille.

Bref, pour en revenir à nos moutons, la « non-linéarité » du récit tient au fait qu'il alterne entre les souvenirs De Robert, rapportés par le narrateur, les bandes enregistrées et retranscrites par ce dernier, sur lesquelles il livre les impressions nées de ses rencontres avec son sujet, et de l'impact qu'elles ont sur sa perception de lui-même, et enfin de passages narratifs plus traditionnels, qui dépeignent les séances d'interview, et divers autres événements.

Où réside l'intérêt de « Faux soleil » ? Et bien, dans l'écriture de Jim Harrison tout d'abord, une écriture très riche, sans être alambiquée, et qui possède un charme indéniable. Il tient ensuite dans la personnalité des deux protagonistes que sont Robert et le narrateur, et dans la nature de la relation qui se noue au cours de leurs entretiens. En effet, Strang est un homme très clairvoyant et intuitif, qui a vite fait de déceler les faiblesses et les états d'âme de ses interlocuteurs, et qui renverse souvent la situation en amenant l'écrivain à s'interroger sur lui-même. Cependant, il ne le fait pas avec l'intention d'humilier l'autre ou de prendre un quelconque ascendant sur lui, car il est aussi quelqu'un de généreux et de tout à fait pacifique, désintéressé de toute sorte de pouvoir et des biens matériels. C'est plus sa profondeur, ses choix de vie, sa simplicité, qui renvoie l'autre à ses manques et ses regrets, et lui provoque aussi une certaine terreur, ainsi qu'il l'avoue lui-même. Terreur face aux « crises » De Robert, dues à une épilepsie mal soignée, mais aussi face à la façon dont celui-ci assume totalement son éventuelle folie, face aussi à son optimisme déraisonné quant à ses possibilités de retravailler un jour à ses fameux barrages. Une terreur née sans doute de la propre incertitude que nous nourrissons tous concernant l'assurance de maintenir l'équilibre entre raison et démence…
Le récit De Robert, de son enfance rude mais comblée d'affection, de ses rencontres avec les femmes qu'il a aimées, de ses missions sur des chantiers « loin du vacarme du monde, dans des lieux inaccessibles et inhospitaliers, loin de la réalité frelatée proposée par la télévision, le cinéma, ou les romans" -!-, aura finalement permis à celui qui l'a entendu de se réconcilier un peu avec lui-même.

C'est drôle, maintenant que j'ai rédigé ma critique, je me dis qu'il s'est passé plein de choses, dans « Faux soleil » !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Robert Corvus Strang a travaillé des années sur les barrages. Grimpeur et ingénieur, il a fini par chuter et perdre ses jambes. Pour une raison qui m'échappe encore son ex-beau-père, Marshall dont l'immense richesse a des sources obscures, paye Mark un journaliste blasé et obsédé par la bouffe pour l'interviewer... Jim Harrison va utiliser différentes formes (discours direct, "enregistrement", narration) pour mêler la vie de Strang et de Mark, montrant par là une aisance folle à l'écriture. Il convoque la nature et le corps comme des absolus face auxquels les humains sont finalement bien petits.
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Pourtant, quelque chose m'a chipotée pendant toute la lecture, pas une vision datée (de la femme ou des latinos par exemple) parce qu'au final il n'est jamais que le témoin de son époque. J'ai fini par comprendre que notre Mark rejoint pour moi Holden, Marcel et Elizabeth dans le clan des personnages qui chouinent mais n'en foutent pas une pour devenir les acteurs de leur vie. Cette rencontre avec Jim Harrison est à la fois frustrante et satisfaisante, il faudra que je lise un autre titre pour me faire une opinion plus précise de son oeuvre.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L'insomnie ouvre la porte à des souvenirs dont on a perdu la trace ; elle se moque du bon sens qui nous possède à midi ; tous les efforts que nous faisons pour canaliser nos pensées détournent notre énergie et matérialisent des visages inachevés, des corps asexués ; nous réapprenons que nos esprits sécrètent pièges, noeuds et lutins, nous retrouvons la marche à reculons, les ponts qui s'achèvent à mi-chemin et restent suspendus au-dessus du vide, ceux qui n'ont pas réussi à nous aimer, ceux qui nous ont irrévocablement blessés, volontairement ou pas, même ceux que nous avons blessés et qui poursuivent leur existence dans la prison de nos regrets.
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Ce fut le genre d'aube dont on se souvient avec un sourire sur son lit de mort.


Mais la pire souffrance que je constate aux Etats-Unis est d'un autre ordre.Ici les gens souffrent terriblement sans savoir pourquoi.Ils souffrent parce qu'ils vivent sans énergie.Ils n'arrivent à rien. On dirait des infirmes.C'est la véritable source secrète de leur angoisse.


Voilà pourquoi je me lève dès que le jour point et que le monde recommence.D'ailleurs je me suis toujours levé à l'aube.C'est l'heure où l'on voit tout avant que l'esprit n'affronte les luttes et les travaux du jour.
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Nous eûmes une longue conversation bizarre à propos du Don de Humboldt de Saul Bellow. Humboldt incarnait apparemment la conception de l’écrivain selon Strang, ainsi que Thomas Wolfe. Parler de livres l’amena à exprimer une conception décourageante de la personnalité : nous nous accomplissons pour des raisons spécifiques dont nous-mêmes décidons. Autrement dit, nous sommes déjà, à tout moment, ce que nous souhaitons être. Cette vision pessimiste engendra quelques considérations du genre : fort peu de gens sont capables de se situer de manière sensée à un moment donné. Il trouvait cela merveilleux ; je réussis à soutenir le choc de son humeur socratique.
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L'amour et la mort fatiguent n'importe quel homme. Impossible de répondre à ces deux grandes questions, mais il faut veiller au grain quand elles se posent.
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Le whisky avait accompli la tâche pour laquelle il était conçu -plusieurs heures de grâce durant lesquelles on se sent de nouveau convaincu de sa viabilité en tant qu'être humain ; sa propre histoire reprend forme et l'on retrouve la grâce de savoir ce que l'on fait.
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Videos de Jim Harrison (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jim Harrison
Vie de Guastavino et Guastavino, d'Andrés Barba Traduit de l'espagnol par François Gaudry
Devant la douleur des autres de Susan Sontag Traduit de l'anglais (États-Unis) par Fabienne Durand-Bogaert
le Style Camp de Susan Sontag Traduit de l'anglais (États-Unis) par Guy Durand
le Passé, d'Alan Pauls Traduit de l'espagnol (Argentine) par André Gabastou.
Mumbo Jumbo, d'Ishmael Reed Traduit de l'anglais (États-Unis) par Gérard H. Durand Nouvelle préface inédite de l'auteur
Dalva de Jim Harrison Traduit de l'anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent
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