Le trajet

Quatrième de couverture
Une femme se raconte à travers les mille perceptions d'une sensibilité particulièrement aigüe. Où vit-elle ? dans la banlieue sud auprès de son mari Pascal, photographe de presse. Que fait-elle ? chaque matin elle se rend en car au Centre de documentation, proche de la Porte d'Orléans, où elle est employée archiviste. Ainsi occupe-t-elle trois "foyers" distincts : sa maison, le car qui l'emporte pour un double trajet quotidien, le bureau. Avec la passion d'une brodeuse au petit point, elle s'ingénie à observer et comprendre ces trois univers qui forment le tissu brillant, cruel, émouvant et discret de son existence. Analyser sa petite maison et le jardin où fleurit un seringa, observer les passagers du car et leur chauffeur, communiquer avec ses collègues, sont pour la narratrice autant d'actes d'amour secrets, un effort poétique pour maintenir son propre équilibre à travers les innombrables mouvements - souvent muets, toujours mystérieux - qui font se rapprocher ou s'éloigner les êtres humains.
En réalité ce travail (car c'est pour elle un exercice de tous les instants) ressemble à l'épuisante construction d'une muraille défensive. Il s'agit à ses yeux d'établir entre l'imaginaire et la raison une frontière définitive. Mais est-ce possible ?
Le lecteur est invité dans le triple univers de la narratrice, illuminé par ses romantiques souvenirs de jeune fille, ses rêves d'avenir, et de la présence de personnages tels que Nathalie, Kaatje, Antoinette, ou le patron monsieur Martineau, qui deviendra le centre d'un drame sanglant.
Marie-Mouise Haumont, née en Belgique à Bruxelles, est journaliste. Avant ce livre, elle a publié à la N.R.F. un premier roman, Comme ou La journée de madame Pline.

Je suis étonnée de trouver si peu de lecteurs pour "Le Trajet" de Marie-Louise Haumont. Je ne connaissais personnellement ni le titre ni l'autrice, le livre m'ayant été offert par une amie. Pourtant à sa lecture, progressivement impressionnée, je me suis dis qu'il devait être connu. J'ai adoré la plongée dans la conscience de celle qui ne dit pas son nom, la narratrice. La précision de la description du trajet quotidien, et de tous les gens rencontrés. C'est attachant, sans le vouloir, attachant derrière la description quasiment sociologique, attachant et drôle. C'est une écriture se rapprochant pour moi des livres de Virginia Woolf, tels que "Mrs Dalloway", ou "La Promenade au Phare". le tour de force pour retranscrire une conscience, avec toutes ses divagations, ses échappées, tout ce qu'elle n'a pas de rationnel.
Je vous le conseil vivement !