AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,76

sur 916 notes
Hester Prynne, belle jeune femme débarquée dans la colonie de la future Boston - nous en sommes en 1642 -, est conduite au pilori sur la Place du Marché, sous le regard réprobateur de toute la communauté puritaine. Avilie par son péché - elle porte dans ses bras un nouveau-né illégitime -, son sort est désormais de vivre en marginale, le corsage affublé d'une infamante lettre écarlate, d'un A pour "adultère". Une mère, un bébé... il y a bien quelque part un père ; qui refuse de se faire connaître et qu'Hester ne consent pas à dénoncer.

Dans la société moralement exaltée de la Nouvelle-Angleterre se met ainsi en place un drame poignant concentrant en son noyau une poignée de personnages à l'instar des tragédies antiques. La plume de Nathaniel Hawthorne est net et ciselée ; le roman est court mais dense. Les événements se déroulent comme un ruban de réglisse, amers et noirs.

Au-delà de la fiction aux airs de chronique, "La lettre écarlate" fait également figure de témoignage voire de réhabilitation. Et par la bouche d'un de ses personnages principaux, le Révérend Arthur Dimmesdale, l'auteur désigne à ses contemporains et futurs lecteurs cette vérité aussi universelle qu'aisément bafouée par tout un chacun : "Après avoir épuisé sa vie en se prodiguant pour le bien spirituel de la communauté, il avait voulu faire de sa mort une parabole afin de bien enseigner à ses admirateurs une profonde et triste leçon, de les pénétrer de cette vérité qui veut que, du point de vue de la pureté infinie, nous soyons tous aussi pécheurs les uns que les autres. Il voulait donner à entendre à ses ouailles que le plus saint d'entre nous n'est au-dessus de ses compagnons que dans la mesure où il se fait une idée plus claire de la clémence qui nous regarde de si haut et qu'il dédaigne davantage toute ombre de mérite humain."

Pour le lecteur actuel, je crains toutefois que ce classique soit un peu daté et d'un abord peu séduisant. En effet, la religion dans son rigorisme le plus extrême y est évidemment très présente, étant donné le thème, or la dimension spirituelle et mystique - encore plus s'agissant comme ici des sectes puritaines et quakeresses - gêne très souvent un lecteur qui aura du mal à saisir tous les tenants et aboutissants de cette moralité exacerbée. D'où, certainement, la (trop) grande liberté qu'a prise le réalisateur Roland Joffé dans son adaptation cinématographique de 1996 ; son souhait, visiblement, se porta davantage sur la romance que sur la sociologie, ce que j'appelle personnellement "passer complètement à côté d'une oeuvre".


Challenge XIXème siècle 2018
Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Challenge des 50 Objets 2018 - 2019
Challenge globe-trotter
Challenge TOTEM
Commenter  J’apprécie          400
Dans une colonie puritaine de la Nouvelle-Angleterre, une ville côtière bordée d'immenses forêts, peuplée non seulement d'indiens mais aussi de sorciers et peut-être d'un homme noir… la jeune Hester Prynne, après avoir cédée à sa passion pour un jeune pasteur alors qu'elle était éloignée de son mari, a été clouée au pilori et affublée d'une lettre, comme d'une marque au fer rouge, lui rappelant sans relâche sa faute, et l'exposant à une brutale vindicte publique. Ce pasteur, dont l'identité n'a pas été divulguée, le Révérend Dimmesdale, vénéré dans la communauté pour sa piété et son éloquence, n'en expiera pas moins ce qui apparait alors comme un lourd péché, mais dans le secret et le dédale de son âme tourmentée. Une fille est née de cette union, Pearl, qu'Hester élève loin des hommes, dans une chaumière qui avait été abandonnée. Est-elle réellement une fille du péché ou du Prince des Airs ? Son comportement le plus souvent surprend ; libre, instinctive, elle semble parfois dotée de pouvoirs étranges, et ressemble à un lutin vivant à la frontière d'un monde magique. Nathaniel Hawthorne, en héritier de la littérature Gothique et des Romantiques Allemands, donne à ce roman des allures de conte fantastique. D'autant plus que la lettre agit comme une sorte de talisman. Hester, dans son repentir, se voue au service de mourants et de malades et s'élève au-dessus de ceux qui l'avaient condamnée, dans une société pleine d'artifice et de faux-semblants. Et quant à Dimmesdale, qui portait sur sa poitrine un signe, semblable à la lettre, qui le dévorait, il agira selon sa foi et sa conscience. Un docteur s'est mis à son service, Roger Chillingworth, qui a accru ses dons d'apothicaires au contact des indiens. En fait il n'est que le mari d'Hester qui, revenu sous une fausse identité, avait assisté au supplice de sa femme sur la place du pilori. Devinant ce qui trouble l'âme du pasteur, ce que celui-ci et Hester avait refusé de révéler, il n'aura plus qu'une obsession : se venger.
Commenter  J’apprécie          391
« Marchant dans l'ombre d'un rêve, pour ainsi dire, et peut-être en réalité sous l'effet d'une sorte de somnambulisme, M. Dimmesdale atteignit l'endroit où, il y avait bien longtemps, Hester Prynne avait vécu sa première heure d'ignominie publique. La même plate-forme, ou échafaud, noircie et tachée par le soleil et le vent de sept longues années, usée par le frottement des pas des nombreux coupables qui en avaient gravi les marches, était restée debout sous le balcon de la salle d'assemblée. »

La réputation de ce grand classiques des lettres américaines ne m'a pas parue usurpée. Je m'attendais, je ne sais pas trop pourquoi, à un roman corseté, en phase avec la morale étroite des Puritains et les exactions qu'ils ont commis dans ce Boston des années 1640, ce qu'il n'est pas. La condamnation d'Hester Prynne, s'il est l'aspect le plus évident de ce roman, n'est pourtant pas le seul sujet. Les autres personnages principaux, tels le Pasteur Dimmesdale et le médecin Roger Chillingworth sont les autres côtés d'un triangle qu'ils forment avec la jeune femme. Il ne faut pas oublier non plus le rôle joué par Pearl, l'étrange fillette fruit des amours coupables de sa mère avec un géniteur inconnu.

Souvent comparée à une Elfe, Pearl est en phase, comme les autres personnages, avec la vaste forêt qui entoure alors cette ville. Et le texte d'Hawthorne laisse encore échapper bien des fragrances issues de cette forêt primaire. Les forces du mal sont là, toutes proches, et l'Homme en Noir que beaucoup disent apercevoir avec sa suite de sorcières, une présence quasi réelle. C'est pourtant dans le coeur des hommes qu'on a le plus de chance de le trouver…

Cette édition du roman est précédée par un texte autobiographique d'Hawthorne, « le bureau de douane », qui explique précisément dans quelles circonstances il a été emmené à s'intéresser au cas Hester Prynne, pour finalement publier son oeuvre la plus connue en 1850.
Commenter  J’apprécie          374
Le mari de Hester a disparu sans laisser de traces. Durant son absence, cette femme esseulée aura une fille prénommée Pearl. Preuve d'une relation adultérine donc. Mais dans cette Amérique puritaine, ce méfait ne passe pas.
En guise de châtiment, Hester devra arborer sur sa poitrine, une lettre écarlate A. le signe de l'infamie. de plus, elle est sommée de livrer le nom du père mais elle s'y refuse. Par amour ou par défi ? Sans doute les deux !

Nous voici donc embarqués dans une atmosphère étouffante et délétère où une mère est contrainte de vivre en marge de ses contemporains, tout en ayant une enfant à charge.
Tiendra-t-elle financièrement et moralement, sans trahir son secret ?

A travers un texte dérangeant mais sublime, Nathaniel Hawthorne nous dresse le portrait d'une société rigoriste dans laquelle, une femme, "son amant" et leur fille tentent de vivre dignement car coupables de ne pas être dans la norme.
Prodigieux !
Commenter  J’apprécie          352
Roman qui vaut essentiellement par l'adéquation entre le style, littérature classique d'excellente facture, et le monde décrit (Classique encore aujourd'hui et faisant souvent payer à d'autres leurs factures).
Celui-ci se situe au XVIIe siècle et l'héroïne, Hester Prynne, est condamnée par la bonne société puritaine à porter sur la poitrine la lettre 'A' comme adultère puisqu'elle à eu une fille (Pearl) avec un membre de la communauté hors mariage,
Tout le roman est articulé sur cette tension entre la bonne société habilité à juger et cette femme au comportement déviant.
La description des mécanismes de pensée mis en oeuvre par les protagonistes est intéressant. Il ne se passe quasiment rien mais c'est décrit de long en large et de belle manière. le pasteur, le médecin, toute la bonne société moralisatrice est traitée avec ironie pour dénoncer avec une légèreté diabolique son hypocrisie.
Un très beau roman de caractères.

Commenter  J’apprécie          340
Ce roman, témoignage des moeurs de la communauté des colons de la Nouvelle Angleterre au 17ème siècle, raconte les conséquences d'un amour interdit.
Hester, dont le mari est absent depuis bien longtemps, donne naissance à une petite fille. Adultère, elle est contrainte d'arborer le signe de son infamie (la lettre écarlate A). Elle sera victime de manifestations d'hostilité de la part des autres membres de la communauté : avilissement, opprobre, exclusion.
Organisée autour d'une morale religieuse omniprésente et de principes rigides, cette société puritaine rend la vie impossible à ceux qui s'écartent du chemin balisé de règles et de valeurs liées à la bienséance.
La faute d'Hester est l'adultère, mais son refus obstiné de livrer le nom de son amant va exacerber la réprobation générale et le désir de vengeance de son mari.
Stigmatisée et humiliée, elle renonce à lutter contre l'intolérance et se concentre sur l'amour qu'elle porte à son enfant, dont le père, lui, est écartelé entre la culpabilité et le désir de garder le silence.
L'écriture « très 19ème » de l'auteur est imaginative et restitue pleinement l'atmosphère hypocrite et le carcan dans lequel sont engoncés les protagonistes.
Hawthorne dénonce le puritanisme, qui oppose l'amour divin à l'amour humain, et qui réduit la liberté individuelle à une peau de chagrin.
Commenter  J’apprécie          341
Découvert pour moi grâce à la vision du (très beau, quoi que le réalisateur en dise...) tout premier long métrage - effectivement fort imparfait - de Wim WENDERS [1972], qui adorait ce livre : je me souviens de la force de ses images et ses cadrages, de la magnificence de son actrice principale (Senta Berger, enceinte pendant le tournage) et de ses acteurs tous magnifiques : le DVD en est toujours disponible...

Aussi, j'inviterais tout un chacun non seulement à lire ce premier roman de l'Amérique, mais aussi - parmi nos (aujourd'hui) 71 critiques [!!!] de ce chef d'oeuvre - la passionnante et longue critique de pilyen, ci-dessous, en date du 16 décembre 2012. Remarquable critique qui célèbre avec beaucoup de clairvoyance l'un des plus beaux livres qui aient jamais été écrits !

Pour ma part, je n'ai jamais rien lu de tel ! 1850 ... Si loin, si proche... Sobriété et perfection de la langue. Et cette évocation fine du moutonnisme des esprits "puritains" - issu d'un terrifiant conditionnement humain : les ravages actuels et passés de l'intégrisme, cette prison mentale pratique à l'humain. En effet, entrer en Secte a ce formidable avantage d'éviter de penser par soi-même... Il faut surtout "se ressembler tous" : dans le comportement , la vêture, les têtes, les représentations du monde... Et se trouver des "Ennemis", surtout ! Et l'on suppose bien sûr que l'ensemble plaira à "Dieu" (?). Source intarissable d'innombrables souffrances, frustrations sexuelles, barbaries humaines [*] ...

Hesther Prynne, sa petite fille Pearl, Chillingworth le mari humilié, le pasteur honteux Dimmesdale demeurent toujours si touchants... Humains. Beaux. Solitaires. Magnifique Nathaniel HAWTHORNE ! 1850, oui...

[*] Cf. l'excellent film français récent "La désintégration" de Philippe FAUCON, préfigurant la c...nerie aussi impériale qu'abyssale d'un Mohammed Merah - ou autre clône de crétin réussi - nous décrivant sobrement ce type de dérangement mental, complète robotisation du champ de la pensée faisant fi de la valeur intrinsèque d'une vie humaine...
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
Commenter  J’apprécie          348
Super Classique! Une image très forte de la femme, celle qui brave les regards haineux de la société, celle qui bombe la poitrine attendant sa sentence, celle qui se résigne à son bannissement avec bravoure, celle qui se révèle après avoir été déchue jusqu'au sous-sol, celle qui creuse seule dans le désert faisant jaillir un peu d'eau au bout de grand effort, celle qui prend sur ses frêles épaules mais solides le poids du fruit de crime passionnel combien même qu'ils étaient deux à le commettre. Par contre, l'autre criminel, l'homme, il choisit périlleusement le chemin de la lâcheté, de la couardise, de la pleutrerie...O qu'est ce que c'est une prison que de se mentir à soi-même!

Ce que les lois des hommes ont fait du chemin! Imaginons qu'une femme adultère de nos jours soit condamnée à porter la lettre écarlate sur sa chemisette, combien de femmes seraient concernées... C'est au XVIIe Siècle que ça se passe l'histoire de la lettre écarlate, Hester Prynne est condamnée de s'affubler de la lettre A pour cause d'un délit d'adultère afin que transparait en elle à tout jamais la culpabilité de son acte. le livre est très prenant dès qu'on le commence du fait que l'homme avec qui l'acte a été commis n'est pas connu, tout le poids du péché tombe sur la tête de la femme. Et c'est comme ça que se déroule le roman, l'auteur se sert des images fortes, des rebondissements pour parfaire cette version d'un à trois qui a beaucoup servi d'objet dans la plupart des classiques...

Commenter  J’apprécie          310
Boston, 1642. Hester Prynne, son bébé dans les bras, monte sur le pilori afin d'exhiber aux autres membres de sa colonie, la lettre écarlate A en tissu brodé qu'elle est contrainte de porter jusqu'à la fin de ses jours. A comme Adultère, car elle a trompé son mari resté en Angleterre. Cette lettre rouge est le symbole de sa honte et de son opprobre et elle part vivre dans une cabane isolée avec sa fille Pearl, sans révéler le nom de son amant. La petite fille grandit et reçoit une éducation libre, non religieuse, ce qui la fait passer pour le diable aux yeux des autres.

Nous voici plongé.e.s dans un roman américain, publié en 1850, pétri de religion et de puritanisme. L'atmosphère de superstitions et de craintes est bien rendue. Nathaniel Hawthorne, lui-même descendant d'un colon américain, décrit très bien la vie dans la colonie et excelle dans les descriptions des mouvements de l'âme. Il apporte un peu d'humour, de l'esprit et un recul temporel au récit, ce qui est plaisant.

Mais malgré ses qualités, ce roman ne m'a pas vraiment convaincue. L'accent est trop mis sur la religion, la pénitence et le remord. Je pensais que des retours dans le temps nous feraient découvrir la relation d'Hester et de son amant, mais le roman ne se focalise que sur l'après.

Je suis donc plutôt déçue. J'attendais peut-être trop de ce roman qu'il est bon de contextualiser. Ça reste un roman de son époque et Hester ne pouvait sans doute pas être aussi badass que je l'espérais 😉

Je vous conseille de lire l'avant-propos, une soixantaine de pages plutôt descriptives et ardues, mais qui éclairent sur les circonstances du récit.

Ce roman a trouvé son public et reste un classique. J'imagine que cette nouvelle traduction le dépoussière un peu.

Si vous aimez rentrer dans la tête des personnages et les portraits de femmes inspirantes, alors foncez !
Commenter  J’apprécie          300
Hester Prynne porte un A brodé sur ses habits, une lettre écarlate pour que tous voient la nature de son péché : elle a une liaison avec un homme autre que son mari de laquelle est née la petite Pearl. Deux autres personnages complètent ce tableau surprenant de cette Américain puritaine : Arthur Dimmesdale, le jeune pasteur et Chillingworth, médecin et mari d'Hester.

Ce roman m'a longtemps intriguée et après sa lecture, difficile d'avoir une opinion tranchée. Après un début difficile, le temps de s'adapter au style de l'auteur, on découvre une Hester qui accepte son sort et ne rebelle pas contre la décision de l'Eglise. Elle a l'impression que sa fille ne voit que cette lettre sur elle et elle s'intrigue de plus en plus face aux réponses évasives de sa mère. le personnage de Chillingworth est diabolisé : il persécute le jeune pasteur à l'en rendre fou. Tous les scènes du récit sont emprunts d'un symbole religieux. La fin montre le puritanisme souverain : les amants n'ont pas réussi à s'enfuir loin de ce monde insensé. Une question m'obsède : est-ce vraiment de l'amour entre Hester et le pasteur ? Parce qu'elle le protège de son mari mais à part leur dernière conversation, ils ne sont jamais ensemble et leur désir de fuir, est-ce plutôt une envie de liberté ? Une lecture qui m'a permis de connaitre cette époque de l'Amérique et comment il est difficile de trouver sa place quand on s'écarte du chemin tracé...
Commenter  J’apprécie          270




Lecteurs (2760) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Minotaure (de Nathaniel Hawthorne)

Dans quelle cité vivaient Thésée et sa mère ?

Athènes
Trézène
Trézènes
Trésène

10 questions
82 lecteurs ont répondu
Thème : Le Minotaure de Nathaniel HawthorneCréer un quiz sur ce livre

{* *}