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sur 917 notes
Un dollar (américain) qu'en lisant cet adjectif, « écarlate », vous l'avez associé à un autre roman, beaucoup plus récent, qui parle d'une société qui, je veux le croire, n'existe pas et n'existera jamais. « La Servante écarlate » de Margaret Atwood (1985) est un roman majeur qui devrait faire réfléchir tout un chacun, hommes et femmes (mais, comme dit Kipling, ceci est une autre histoire).
« La Lettre écarlate » (1850) est un des premiers romans américains, et un des premiers « grands romans » américains, avec « « le Dernier des Mohicans » de Fenimore Cooper (1826), « Les Histoires extraordinaires » d'Edgar Poe (1840) et « Moby Dick » de Herman Melville (1851).
Nathaniel Hawthorne (1804-1864) est assez peu connu chez nous, pourtant il peut être considéré comme un des fondateurs du roman américain, avec les trois auteurs précités, auxquels il convient d'ajouter Washington Irving, l'auteur de « Sleepy Hollow » (1820) et Harriett Beecher-Stowe, pas une grande écrivaine, mais autrice d'un toman qui a eu une importance colossale « La Case de l'Oncle Tom » (1852).
Nous devons à Hawthorne quatre grands romans et un nombre considérable de nouvelles. Son oeuvre la plus justement célèbre est « La Lettre écarlate ».
La lettre écarlate est un A majuscule, rouge éclatant, cousu sur le vêtement des femmes convaincues d'adultère. Nous sommes en 1642 dans la région de Boston, où les premiers colons, puritains à l'extrême, ont instauré une politique d'intolérance religieuse extrême (on se souvient de l'épisode des Sorcières de Salem, à quelques kilomètres de là, qui interviendra cinquante ans plus tard). Hester Prynne, qui a fauté avec le pasteur Dimmesdale et en a eu une petite fille, Pearl, est accusée et jugée. Marquée de la lettre infamante, elle est soumise à la honte publique en étant exposée sur un pilori. Elle refuse d'avouer qui est le père de l'enfant. Dans l'assistance, elle reconnaît son mari qu'elle croyait mort (c'est la seule raison pour laquelle elle a « fauté »). Celui-ci, qui a pris un faux nom, va tout faire pour que le coupable se dénonce.
Sur ce canevas, Hawthorne tisse un roman dense, prenant, qui appelle plusieurs analyses : c'est d'abord un terrible pamphlet contre l'intolérance religieuse (un des maux profonds des Etats-Unis, qui perdure aujourd'hui). Certains avancent que Hawthorne avait un compte à régler, ses ancêtres ayant été impliqués dans l'affaire des Sorcières de Salem. Cette intolérance se double d'une grande hypocrisie, non seulement religieuse, mais politique et sociale, et je ne parle pas du sexisme. Ensuite, et c'est peut-être l'intérêt majeur du roman, c'est le conflit psychologique entre les trois personnages principaux : trois beaux portraits d'où émerge celui d'Hester : une femme victime d'une punition injuste, torturée entre la culpabilité et la certitude absolue de son innocence morale : ces contradictions multiples, contrastées parfois, entre féminité assumée, honnêteté foncière, générosité et en même temps culpabilité terrible pour la faute qu'on lui impute, qu'elle reconnaît sans la reconnaître. Tout ceci en fait une femme complexe, forcément imparfaite, mais – sans doute pour cela – terriblement attachante. A côté de ce portrait très fort, les deux hommes paraissent forcément plus fades, mais l'auteur leur donne aussi une certaine épaisseur, en accentuant chez l'un (le pasteur) le sentiment grandissant de la culpabilité, et chez l'autre (le mari) celui de la vengeance.
Bien sûr l'auteur est souvent sentencieux et moralisateur, mais il insuffle dans son roman une telle empathie, une telle révolte contre cette intolérance, qu'il emporte l'adhésion.
Un livre à lire absolument si vous voulez avoir une idée des « Pilgrim fathers » et de la toute première Amérique, et lisez en suivant « Les Sorcières de Salem » d'Arthur Miller. Je vous garantis que vous serez… ensorcelés !

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Alors là.
Je te jure je m'attendais tellement pas à m'enfiler ce classique de la littérature pionnière américaine.

Sur le spectre des avis ; "au secours, c'est tellement chiant" à "c'est ma lecture préférée". Ça aide pas vraiment t'avoueras. En ce qui me concerne j'ai toujours confondu Hawthorne avec Irving (à qui on doit La Légende du Cavalier sans tête minou), et j'ai enfin compris pourquoi.

LA FUCKING NOUVELLE ANGLETERRE. J'ai déjà parlé de ma passion pour ces histoires molles du cul où il se passe toujours des intrigues cheloues dans la middle class supérieure (et blanche avouons-le) ; James Fennimore Cooper, Washington Irving, Lauren Groff, et plus récemment Julia Glass (pour tout ce qui touche à la littérature). On est dans des contrées où l'Automne semble être souvent la seule saison souveraine, alternant entre après midis ensoleillés tant qu'il y a des habitations et brouillards épais du petit matin / à la nuit tombée dans des forêts lugubres...

Hawthorne, est un enfant du pays. Il a beaucoup séjourné à Salem (est-ce que je dois vraiment rappeler tout le folklore émanant de cette ville ? non). On retrouve dans son arbre généalogique quelques branches pourries ayant participé aux chasses aux sorcières meurtrières des XVIe et XVIIe siècles dans ces contrées.

Et donc j'ai souvent confondu cet auteur avec Irving parce que le protagoniste de la Légende du Cavalier sans tête dans le film de Tim Burton pourrait très bien être inspiré du personnage d'Hawthorne.

Il grandit en ayant honte de ce qu'ont pu faire ses aïeuls et voue un mépris certain pour l'autorité et le puritanisme ambiant du XIXe siècle. C'est d'ailleurs un des thèmes de la Lettre Écarlate ; une femme est jetée en pâture (on pense un peu à Cirsei quand même) à l'opinion commune et au tribunal lors d'un procès qui l'accuse d'adultère et dont un bébé naît. Plutôt que d'être marquée au fer (oui oui) comme il en était coutume à l'époque, elle choisit de taire le nom de son amant et se greffer sur la poitrine une lettre (la lettre A) comme punition salutaire (la violence du truc puté...).

Hawthorne, par des moyens habiles de narration et de repères historiques (l'histoire se passe quasiment 200 ans auparavant sa publication), retrace le parcours de cette femme, de son accusation ... au dénouement (hinhin).

Et forcément dans un contexte puritain, où Hawthorne qui m'avait l'air d'être un sacré larron (mon dieu est-ce que je vieillis de le trouver drôle dans sa manière d'écrire), jette un paquet de petites crottes de nez à ses pairs ; car au moment d'écrire La Lettre Écarlate, il se rend compte que son génie d'écriture est délaissé pour des raisons économiques à remplir un métier "plus noble" ; douanier pour le gouvernement (je te jure l'introduction au texte est un délice).

Forcément donc dans ce contexte où toutes ces personnes sont peintes de leurs plus gros défauts, Hawthorne fait office de progressiste en ce qui concerne le Droit des femmes (je pèse mes mots quand même, c'est pas encore Judith Butler ni bell hooks alors t'attends pas à des feux d'artifices non plus kodak ?).

Ceci étant dit, le style est beaucoup plus fluide que ce que je pouvais penser (grâce à la nouvelle traduction maybe ?), j'ai tout compris (hop, je lave l'échec de l'avoir tenté en VO il y a quelques années), l'atmosphère et l'intrigue sont prenantes au point que j'ai passé LA JOURNÉE ENTIÈRE sur ce livre. Juré.

C'est diaboliquement rusé, malin, astucieux, bienveillant. Si j'avais la chance de pouvoir dégueuler mon mépris de personnages merdiques avec autant de subtilités que le fait Hawthorne, je me sentirai comme un roi passant sa vie dans son bain.

Putain mais merci d'avoir retraduit ce texte, c'est une super occasion de le (re)découvrir, de le transmettre, de ... sinon c'est quand que vous vous mettez à la colle avec Tom Sawyer, Huckleberry Finn, le Renard et le Chien Courant, le Grand Dieu Pan, La Légende du Cavalier sans tête, ... ?

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J'ai découvert La lettre écarlate grâce une fois de plus à cette superbe réédition de RBA collection.

L'histoire se déroule au milieu du 17ème siècle, à Boston, en plein milieu d'une société puritaine et conservatiste. Heaster est mise sur l'échafaud au milieu de la place publique, non pas pour y être exécutée physiquement, mais pour recevoir la lettre A sur son vêtements, rouge sanglante, symbole qui signifie "adultère", et recevoir publiquement l'opprobre de toute la foule.

De cette "faute" va naître Pearl, petite fille très belle mais espiègle, qui va cacher en elle une sorte de démon, comme pour punir sa mère des péchés qu'elle a commis. Heaster va devoir vivre des années seule et recluse dans sa petite maison, aidant les habitants de ses travaux de couture, mais toujours de nuit, personne ne voulant s'afficher avec elle publiquement.

Son mari, émigré plus tard à Boston, va changer de nom et décider d'un commun accord de ne pas dire qu'ils étaient liés auparavant. Qui est le père de Pearl ? Que pense l'opinion publique d'Heaster au fur et à mesure des années ? Malgré toutes ses bonnes actions et sa discrétion, peut-on lui pardonner son adultère ? La lettre A sera toujours là pour lui rappeler ce qu'elle a fait.

Publiée au milieu du 19ème siècle, ce roman fut à l'époque considérée comme une oeuvre majeure et l'un des premiers à faire une critique de la société puritaine de l'époque. C'est intéressant de lire à l'heure actuelle ce roman, avec tous les préjugés que la société avait à l'époque, et le lynchage public pour un adultère.
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« La lettre écarlate », c'est le symbole de la faute, gravé dans la chair. Et quand bien même il ne serait constitué que de tissu, ce symbole s'enracine dans la poitrine d'Hester Prynne et devient partie intégrante de son corps.

C'est par ce même corps qu'Hester a fauté. Son mari absent, peut-être mort, Hester Prynne a trouvé l'amour auprès d'un autre, à une époque où la société américaine condamne les moeurs extra-conjugaux voire même les trop grandes libertés qu'une femme seule peut s'octroyer.

Ce péché se manifeste sur la scène publique de deux manières : premièrement, par l'enfant auquel Hester a donné vie, qu'elle élèvera seule et dont elle refuse de perdre la garde ; deuxièmement, la fameuse lettre écarlate qu'elle s'approprie par ses talents de couturière, dont elle modèle la signification au fur et à mesure du roman et dont elle refuse, là aussi, de se séparer.

Autant j'ai apprécié tout le traitement autour de la lettre écarlate, autant je reste mitigé au sujet de Pearl, la fille d'Hester qui par moment semble incarner sciemment une sorte de petite diablesse.

Le roman de Nathaniel Hawthorne est intéressant dans sa critique du puritanisme où la seule faute de l'héroïne a été d'aimer un homme. Et les premières pages à propos de cette même femme, qui affronte le jugement de sa communauté avec dignité, qui embrasse la peine infamante qui lui est infligée captive d'emblée et nous entraîne irrémédiablement vers les chapitres suivants.

Merci à Babelio et aux éditions Lizzie pour la lecture de ce classique de la littérature américaine.
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J'avais déjà lu une première fois ce roman lorsque j'étais au lycée et une seconde fois aujourd'hui. Je me rend alors compte de tout ce qui m'a échappé la fois d'avant ! Étrange comment à l'époque, je détestais les classiques.

Nous nous retrouvons à Boston, en 1642. Hester Prynne est accusée d'adultère après qu'elle soit tombée enceinte d'un autre homme que son mari. Cette dernière est alors contrainte à porter un A sur sa poitrine, symbole de son opprobre. Son mari, présumé mort jusqu'à là, revient et décide de se venger de cet homme dont l'identité n'a pas encore été révélée par sa femme.

Dès les premières pages, nous entrons dans le vif du sujet avec Hester franchissant la porte de la prison et sur le point d'être publiquement déshonorée. Elle est alors condamnée à porter un « A » (pour Adultère) en rouge sur son corsage, alors qu'elle porte sa fille Pearl dans ses bras. Hester refuse jusqu'au bout de dévoiler le nom de son amant, le pasteur Dimmersdale, afin de ne pas détruire la vie de ce pilier de la communauté. Lorsque son vieux mari revient après une période de captivité chez les Indiens, il souhaite se venger de cet homme.

L'histoire s'étale sur plusieurs années tandis que Hester porte fièrement et avec abnégation le signe de son pêché devant cette société puritaine et hypocrite. C'est une femme forte et courageuse qui élève sa fille entre un amant lâche et un époux revanchard. Hester est une héroïne intemporelle et puissante contrairement aux aux hommes dont l'un est faible et l'autre perfide.

J'avoue avoir eu beaucoup de mal avec l'écriture dans les premières pages, mais dès que de fut lancée, j'ai lu le récit assez aisément. Bien que certains passages étaient alambiqués et le style parfois lourd, ça a, néanmoins, été une lecture intéressante. Je suis vraiment ravie d'avoir pu (re)découvrir ce roman et ainsi comprendre les références dans le film Easy Girl, par exemple.
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Après la lecture de la Servante écarlate, la Lettre écarlate. La lettre étant bien antérieure à la servante et n'ayant aucun rapport. Si ce n'est la couleur.
C'est une peinture stricte de la société religieuse intégriste des Amériques. Une information de première main, un document historique plus qu'un roman.
Mais j'ai franchement peiné à arriver au bout. L'auteur n'a pas réussi à combler le fossée qui me permet de faire preuve d'empathie de me couler dans un personnage de l'époque. Je suis restée à côté. Dans notre XXIème siècle où tout va si vite, je n'ai pas réussi à m'astreindre à la lenteur, à ce jusqu'auboutisme du religieusement correct.
Certes, l'écriture est belle. Certes, moi qui râle souvent après des personnages peu creusés, là j'ai été servie : leurs âmes et coeurs sont décortiqués à l'extrême. Et ça fait du bien d'avoir un écrivain qui crée du 3D, pas du tout plat, de la façade.

Alors faut-il le lire ? Pour le côté historique si vous voulez. Pour le côté roman, vous pouvez tenter. Moi je suis restée à côté.


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Roman fort symbolique, pesant par le poids du passé puritain, sombre grandeur qui imposait la bible et infligeait l'épée.
Cruauté, intolérance, étroitesse d'esprit, quelques qualités dont les Puritains n'ont pas à être fiers, se trouvent ici sous la plume critique de Nathaniel Hawthorne auteur doué d'une forte conscience historique du passé et de son époque. L'observation et l'analyse de la vie morale des personnages, les relations humaines dans une communauté qui écrase l'individu jusqu'à la destruction psychique, se font plus par un questionnement que par la critique. L'échec se traduit par l'impuissance de pouvoir justifier et assumer sa liberté morale et psychologique dans le contexte où elle peut avoir un sens : la famille et la communauté. L'amour n'a aucune chance d'être salvateur et en même temps l'existence de l'individu n'a aucun sens en dehors de la communauté humaine, la chaîne humaine, "the magnetic chain of humanity", ainsi qu'elle est appelée par l'auteur, ce lien qui fait de tous les êtres humains une seule communauté.
Le passé et le présent coexistent forcément en tension mais Hawthorne s'en détache et essaie de résoudre le conflit en vrai artiste créateur : en questionnant. Comment peut-on changer le monde si on ne change pas nous-mêmes ?
Les personnages de Nathaniel Hawthorne, pas très complexes, représentent, chacun d'eux, un univers où abysses, mystères, ambiguïtés, hésitations, remords, regrets, espoir, peur, tout ce qui est humain et fort les rend touchants capables de donner du souffle à l'immobilité un peu rigide du roman. Leur conscience les mènent à chercher dans la pénombre leur ego et une vie à vivre.
Hester, a-t-elle péché seule ? Les Puritains condamnent tout le monde et s'oublient eux-mêmes. C'est comme expulser un lépreux dans une colonie de lépreux.
La chaîne humaine pour laquelle plaidait Hawthorne était et peut toujours être possible à une seule condition : accepter la vérité qui nous révèle en tant qu'êtres humains.
Hester, condamnée à porter la lettre écarlate sur son corsage, est une victime de la société sans en avoir le comportement. Femme digne et courageuse, elle sort du triangle infernal, épouse, mari vengeur et amant lâche, comme femme seule, forte et intègre.
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Quel beau livre ! J'ai tout de suite été embarquée dans cette histoire d'une profonde tristesse et qui au final m'a beaucoup touchée. L'auteur décrit très bien les tourments de l'amour, l'affreux gouffre où peut nous mener une honte secrète mais aussi une terrible vengeance qui ne mènera qu'à la folie. Les personnages sont profonds, secoués de sentiments plus forts qu'eux. Mais le personnage que j'ai le plus aimé est la petite Pearl si mystérieuse et décrite comme un petit lutin malicieux. Fruit d'une passion interdite, elle pose les questions innocentes d'un enfant avec la franchise d'un adulte. Toute cette société qui condamne le péché mais qui le pratique en secret m'a complètement répugnée et j'ai trouvé que l'auteur réussissait bien à retranscrire cette atmosphère pesante tout au long du roman. L'écriture est calme, belle, intelligente et ne s'arrête pas sur des actions ou des paroles inutiles. Tout a un sens dans ce roman. Un classique à ne pas rater.
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Dans un certain nombre d'avis, sur les blogs et forums, j'ai lu beaucoup de choses sur le long prologue qui en a rebuté plus d'un. Pour moi, malgré son aspect un peu indigeste, on ne peut réellement avoir accès à l'oeuvre de monsieur Hawthorne sans le lire avec attention. Si on veut aller au-delà de la simple tragédie, d'un simple mélodrame que constitue La lettre écarlate, il faut en passer par là. Comme finalement beaucoup de roman des 18 et 19ième siècle, cet ouvrage est une oeuvre à clefs et le prologue nous aide vraiment à en déverrouiller une partie.

Le prologue en question est en grande partie autobiographique et on peut déjà y découvrir tout ce qui fait de la Lettre écarlate un roman à part. Ainsi l'auteur nous dévoile son rapport ambiguë avec le puritanisme en faisant entrer en scène un dialogue imaginaire avec ces ancêtres. En effet, Nathaniel descend d'un des juges qui a été impitoyable durant le célèbre procès des sorcières de Salem. On sent d'ailleurs l'auteur comme partagé entre l'ordre moral et son rejet de l'extrémisme puritain. Tout le contraste du récit commence ici.

Sans cesse, dans le roman de monsieur Hawthorne, l'ordre des choses est bousculé. le couple de pécheurs, au lieu de se diriger vers la rédemption -comme semble nous le faire penser certains événements- chemine en fait vers un apaisement du remord de leurs fautes. Pour cela, les victimes présumés deviennent les bourreaux véritables. le mari d'Hester ne cessera d'être le tourmenteur de l'amant tandis que l'enfant, Pearl prendra régulièrement les traits d'une persécutrice pour sa propre mère.

Dans ce roman, tout est double, tout est à sens multiple. A mon humble avis, les contrastes entre vérité/mensonge, civilisation/nature et vie/mort ne sont pas l'aspect le plus fascinant du récit. A mes yeux, ce qui rend ce roman admirable c'est le cheminement de l'héroïne. C'est lorsqu'elle vit loin de toute société, avec pour seule compagnie l'enfant engendré de la faute, qu'elle éprouve le plus le poids de la morale. Quant ensuite son existence prend l'apparence de la plus complète rédemption on comprend qu'elle se libère enfin de son péché, non en le regrettant, mais en se le pardonnant.

Ces multiples complexités sont sans doute passionnantes et classe La Lettre écarlate comme une oeuvre d'une grande importance littéraire. Il n'en reste pas moins que je n'ai pas éprouvé un plaisir autre qu'intellectuel et si je n'avais pas un intérêt véritable pour la littérature, cette tragédie amoureuse m'aurait surtout ennuyée.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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« La lettre écarlate » est un roman qui, paradoxalement, met à l'honneur une femme condamnée à porter une lettre d'infamie car elle a eu une fille hors mariage, quasi mise au ban de la société très puritaine du XVIIe siècle à Boston. Une femme digne qui parviendra à se faire respecter, à élever sa fille Pearl, tout en gardant par amour le secret de cette naissance. C'est aussi le roman d'une vengeance diabolique, instillant insidieusement un poison fatal.
La traduction de l'édition Magnard transporte le lecteur dans cette période rigoriste, et rend parfaitement compte de l'atmosphère qui régnait à l'époque dans ce type de société. Responsabilité, passion, remords, vengeance, fidélité, rédemption sont au coeur de cette oeuvre prenante.
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