L'histoire de l'oeuvre en elle-même est déjà jolie. Deux femmes qui ne se connaissent que par les échanges sur le blog de l'une des deux, décident d'écrire ensemble, sans jamais se rencontrer, un roman sur deux femmes... qui ne se connaissent pas et ne se rencontreront peut-être jamais.
Le roman épistolaire s'imposant, elles nous offrent l'histoire d'une amitié naissante jusqu'à devenir vitale entre ces femmes, l'une installée dans le Massachusetts et l'autre dans l'Iowa. Toutes deux se soutiennent moralement pendant l'absence de leurs maris partis en Europe lors de la seconde guerre mondiale. Elles échangent des recettes ou des conseils de jardinage, se rassurent et se réconfortent dans les moments les plus difficiles.
C'est un roman très souvent émouvant, plaisant à lire, aux personnages attachants. Mais parfois, le récit s'envole, emporté par une écriture romanesque, et la crédibilité des courriers échangés en pâtit.
Même si j'ai comme l'impression qu'il finira dans la case oubliette de mon cerveau, j'ai passé un bon moment avec cette lecture.
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Voici un joli roman épistolaire pétri d'émotions, de douleurs manifestes, de peines profondes mais aussi de solidarité , de courage, d'inventivité, de tendresse,de complicité fertile ....au fil des écrits durant trois années de guerre : une jeune femme de vingt trois ans, Glory Whitehall, qui s'ennuie dans sa grande demeure du Massachussets et cherche une amie à qui parler ....et, à des centaines de kilomètres de là, en Iowa,Rita Vincenzo.,Quarante et un ans, qui s'interroge:
Comment joindre les deux bouts dans un pays rationné?
Comment réconforter la douce et effacée Roylene la fiancée de son fils, Toby, parti faire la guerre en Europe?
Comment rendre positif l'engagement de son mari Sal, parti à la guerre ,en Italie,comme auxiliaire de santé?
A qui confier son mal être?
Comment vivre et se rendre utile dans un monde sans hommes dans la crainte du télégramme annonçant une catastrophe?
Comment égayer son quotidien dans un environnement où beaucoup de choses sont rationnées?
A qui confier sa souffrance lorsque l'on attend, fébrile,impatiente,
des nouvelles d'un époux, d'un frère, d'un ami, d'un fiancé, tous partis de l'autre côté de l'océan?
Ces lettres offrent à chacune de ces deux femmes un moment de réconfort unique, attendu, bienvenu, dans un monde bouleversé qui menace leur courage.
Ce que j'ai aimé dans cet ouvrage c'est surtout L'honnêteté du ton,vrai, attachant,
complice, naturel, sincère,l'on partage leurs craintes, leurs espoirs, leurs doutes, leurs faiblesses,aussi, la force incroyable de leur entraide et compréhension réciproques, la remise en cause perpétuelle de leurs certitudes "d'avant", l'échange touchant de confidences et secrets intimes.....
Une magnifique histoire, d'amitié vibrante d'optimisme malgré les temps hasardeux et difficiles et les épreuves qu'elles doivent chacune traverser!
Un ouvrage salutaire qui fait du bien!
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Les romans épistolaires nous donnent souvent l'impression d'être proches des personnages. Ici, deux femmes, Glory 23 ans et Rita 41 ans, toutes deux épouses de soldats pendant la seconde guerre mondiale, vont s'échanger des lettres afin de lutter contre la peur et la solitude. Bien que vivant à des centaines de kilomètres l'une de l'autre aux Etats-Unis, elles vont apprendre à se découvrir et une véritable amitié va se tisser.
Glory est une jeune mariée, déjà maman d'un petit garçon et enceinte d'un deuxième bébé.
Rita, elle, vit seule depuis que son mari et son fils se sont tous les deux engagés.
D'abord pudiques et timides, leurs lettres vont devenir une source de joie et une vraie bouée de sauvetage pour ces deux femmes rongées par l'angoisse.
Leurs échanges sont drôles, simples, plein de fantaisies, de conseils, de petits secrets et de vraies révélations. Nous en arrivons à avoir le sentiment de connaître personnellement ces deux femmes et tous leurs proches.
Un joli roman, écrit à quatre mains, qui restitue bien l'ambiance de ces années de guerre et met en lumière deux belles personnes, aussi naturelles que généreuses, aussi timorées que colériques, bref, deux femmes imparfaites auxquelles on adorerait ressembler.
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Histoire singulière, ce roman a été coécrit par deux autrices qui ne se sont rencontrées qu'après la publication du livre. J'ai cherché, mais n'ai réussi à trouver ni reportage ni interview sur l'élaboration de cette oeuvre commune. Et je le regrette car le roman a une unité d'écriture à priori incompatible avec un travail à distance.
Deux américaines, de générations différentes et habitant à plus de 2 000 km l'une de l'autre, sont mises en relation via un club féminin aidant les femmes de soldats ; car elles ont un point commun : des proches (mari pour l'une, mari et enfant pour l'autre), engagés au loin sur les théâtres d'opérations de la 2e guerre mondiale. Bien que d'âges, de milieux, d'origines et de niveaux de fortune différents, une amitié profonde va naître entre elles à distance : elles vont partager heurs et malheurs en se soutenant et/ou se réconfortant mutuellement… une correspondance émaillée de recettes de cuisine (un peu trop nombreuses à mon avis ; aucune de ces recettes très anglo-saxonnes et adaptées à une période de rationnement ne m'a tentée !!). Les évènements grands ou petits, mais aussi et surtout cette amitié (pour ne pas dire complicité), vont les faire s'autonomiser, évoluer et s'adapter au mieux à une société profondément marquée et changée par les années de guerre.
Une correspondance spontanée, drôle et émouvante pour un livre optimiste, ode à la vie, que j'ai lu quasiment d'une traite. Seul bémol : cette habitude de certains romans américains de se référer en permanence aux valeurs morales de base ; un côté prêchi-prêcha qui a tendance à m'agacer.
En résumé : une belle histoire d'amitié entre deux femmes traversant une période difficile de l'Histoire et de leur histoire.
PS - Editeur et presse font un parallèle entre ce roman et ‘'Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates'' : à part la longueur du titre (voulue ?), la couverture (une idée de l'éditeur ?) et la forme littéraire (roman épistolaire), le rapprochement est très hasardeux à mes yeux.
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Quand il l'a retrouvé, il se tenait au chevet d'un GI manifestement déjà mort. Mais le gamin continuait à presser ses mains de toutes ses forces à l'endroit où le bras du soldat avait été arraché, usant de son corps comme d'un gigantesque bandage. Il n'y avait même plus la place pour faire un garrot, c'était sans espoir, mais le petit s'acharnait, le visage ruisselant de sueur, son uniforme inondé de sang.
[...]
Sal l'a délicatement écarté du cadavre. Il l'a ramené jusqu'à l'infirmerie, lui a fait avaler une rasade de tord-boyaux - celui qu'ils avaient sous la main - et a pris le relais pour prier.
Il a demandé à Dieu de pouvoir revenir en arrière afin de renvoyer ce pauvre gamin de ce côté. De lui promettre que les rivières de sang versées ce jour-là signifiaient qu'il en coulerait moins le lendemain, et le jour d'après.
Puis il s'est aperçu qu'il n'était même pas sûr de vraiment croire en Dieu. Ce qu'il savait, en revanche, c'était que le sang sur l'uniforme de ce jeune infirmier aurait pu être le sien. Sal était convaincu qu'au milieu de toutes ces horreurs ce gamin aurait donné son propre sang pour sauver la vie de ce malheureux GI. Et que si Dieu existait, c'était là qu'il résidait : dans sa détermination farouche d'un être humain à en sauver un autre.
J'aimerais tant être là, avec vous. Ou que vous soyez là, à mes côtés. Cette guerre est si injuste de nous séparer des êtres que nous aimons, à la fois sur le sol américain et au-delà des mers. Puis j'ai pensé à nos braves petites lettres qui voyagent, les miennes vers vous et les vôtres vers moi, en rythme, comme pour entretenir le fil d'une conversation pressante et nécessaire.
Vous ai-je déjà raconté que j'avais passé une année entière en France? J'ai vécu l'occupation de ce pays comme un affront. Comment peut-on occuper une nation si éprise de liberté et de joie de vivre? Comment peut-on envahir un peuple si hardi, si audacieux?
La réponse, c'est qu'on ne peut pas.
Fut un temps où le chaos régnait sur le monde cauchemar interminable champs de morts et au milieu, deux femmes prirent la plume pour se confier leurs projets,leurs rêves,leurs chagrins sur papier blanc,d'une main affirmée....
"Souvent, le monde n'est pas prêt à faire face au changement. Il faut l'habituer progressivement, sans quoi il se montrera hostile. Le changement nécessite la patience." Comme avec les plantes. Je leur ai présenté le soleil et la lumière petit à petit, et elles se portent à merveille.
Votre vie a changé, Rita. Vous devez vous y faire progressivement. Mais ne restez pas en arrière. Nous avons besoin de vous.
New Haven author Suzanne Palmieri