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Voici une autre façon de découvrir Paris que nous propose Eric Hazan dans cette histoire de la capitale, sous-titrée astucieusement « Il n'y a pas de pas perdus » car il s'agit bien de déambuler dans la ville à ses côtés, de suivre le chemin circulaire qu'il va emprunter pour nous raconter les murailles qui protégeaient, les barrières qui taxaient, les quartiers, les faubourgs, les arrondissements autour des deux rives, les villages…. Une grosse moitié du livre est consacrée à cette histoire-géographie de la ville, rue par rue, boulevard par boulevard, place par place… C'est fourmillant de détails, d'anecdotes, d'évocations, de citations…
La seconde partie est intitulée « Paris rouge » et est donc dédiée aux révoltes et révolutions du peuple parisien de l'Est et du Nord… La part belle est faite à la Révolution de 1848, à la Commune mais aussi au coup d'Etat de 1851… ce qui n'est pas si commun. S'il ne s'étend pas plus que ça sur les revendications populaires, Hazan ne néglige aucune des collusions bourgeoises avec le pouvoir quand il s'agit de mater ce peuple avec la dernière des brutalités. Et pour le coup, les choix politiques de l'ouverture des boulevards par le Baron Haussmann prennent tout leur sens.
Le dernière partie s'attarde sur les artistes qui ont choisi de faire de Paris un personnage à part entière : Balzac, Baudelaire, mais aussi Manet, Caillebotte, les photographes Marville ou Atget pour ne citer qu'eux.
Je me suis surprise à consulter sans cesse un plan de Paris pour me perdre dans ses rues, ses passages et même si je me suis un peu perdue effectivement dans les pages consacrées aux faubourgs probablement trop exhaustives pour la provinciale que je suis, il n'empêche que c'est donc à une flânerie érudite, foisonnante que nous convie Eric Hazan. Les citations d'oeuvres littéraires, de témoignages qui émaillent ce récit le rende très vivant, passionnant.
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Depuis la "somme" que constitue, pour les amoureux de Paris, le livre de François Loyer "Paris au XIXème siècle, l'immeuble et la rue", je n'avais jamais rien lu d'aussi passionnant sur la formation de notre ville-capitale, en tant qu'être vivant, progressant, fourmillant.
Ce livre se lit d'abord avec un plan de Paris en main. Il donne une vue verticale et concentrique de l'histoire de Paris : comment cette ville s'est formée à travers les événements historiques dont elle fut le cadre, pourquoi telle rue présente-t-elle cette curieuse courbe, pourquoi telle place nous semble-t-elle artificielle, d'où vient le nom de cette rue, où étaient situées les quelques milliers de barricades du XIXe siècle et pourquoi ? Comment a évolué le tissu urbain en fonction des enceintes successives instituées par le pouvoir politique...ou fiscal, que le nom de Bréa n'a pas été donné à la ravissante rue située en bas de chez moi à cause du peintre du haut pays niçois mais en l'honneur d'un général tué dans des circonstances troubles sur la barricade de la barrière d'Italie en juin 1848, qui étaient ces généraux Négrier ou Duvivier qui sont de minuscules rues donnant dans la rue de Grenelle près de mon ancien bureau.....

La promenade érudite commence au Palais Royal, puis le Marais et la Place des Vosges, les quartiers de l'ancien Paris, ses faubourgs. Nous apprenons pourquoi la rive gauche s'est développée de manière différente, comment les villages situés entre le "mur murant Paris" s'y sont intégrés. Au-delà d'une foule de notations - la ravissante place de Fürstenberg était la cour des écuries de l'abbaye de Saint-Germain des Prés, la rue d'Assas s'appelait rue de l'Ouest, comment le faubourg Saint Antoine s'est développé à la faveur d'une "niche fiscale" : le roi Louis XIV exemptant de la Maîtrise tous les artisans et gens de métier qui y demeurent, en 1657...L'origine des cortèges bigarrés qui parcourent périodiquement nos grandes artères, réminiscence de la fumeuse descente de la Courtille le mercredi des Cendres...

Savez-vous qui a inventé le système de numérotation des rues ? C'est Choderlos de Laclos (l'auteur des "Liaisons dangereuses") qui le présente en 1787. En fait, c'est un Allemand nommé Marin Kreefelt qui entreprit à ses frais en 1779 un numérotage systématique. Mais nous avons échappé au système voulant que l'on numérotât tous les numéros d'un côté d'une rue de façon continue, pour revenir de la même façon de l'autre côté, les deux immeubles se faisant face portant respectivement le numéro 1 et le dernier numéro de la rue....et que cette façon de distinguer les propriétés fut très mal vue de l'aristocratie qui ne supportait pas que l'hôtel particulier fut "logé à la même enseigne" que la maison bourgeoise ou l'estaminet du coin !

Mais surtout, ce livre nous décrit, récits vécus des écrivains les plus célèbres à l'appui, comment se déroulèrent les journées révolutionnaires qui jalonnent l'histoire mouvementée de Paris au XIXème siècle. Comment moururent sur les barricades archevêque, député, généraux, enfants du peuple, leaders révolutionnaires. Ce qui explique naturellement la nécessité les "percées" haussmanniennes ultérieures, déjà initiées au temps de Rambuteau. Comment imaginer en effet les combats de rues dans le Paris d'aujourd'hui ?

Et là, l'histoire personnelle d'Eric Hazan nous éclaire. José Alvarez dit de lui qu'il est un «résistant chronique, d'une absolue sincérité, qui n'a rien à voir avec ces renégats de 68 qui ont abdiqué, épris de luxe et de confort.» Né à Paris en 1936 d'une mère Palestinienne apatride et d'un père juif né au Caire et libraire puis éditeur d'art reconnu, Eric Hazan devient chirurgien cardio-vasculaire et communiste. Il part exercer au Liban, sous les bombardements, prend ses distances avec le Parti, reprend en 1983 la maison d'édition familiale, puis fonde sa propre maison, La Fabrique, en 1998. C'est un pur, et il écrit bien.

L'invention de Paris a été publié en 2002. Il ne manque pas d'égratigner les "avancées architecturales" du XXème siècle, et je ne suis pas loin de partager son point de vue. Après la clôture du Débat Public sur le Grand Paris et son système - je devrais dire SES systèmes - de transports rapides, c'est une lecture passionnante, éclairante et nécessaire pour mettre en perspective les interactions de la volonté politique et du développement urbain.
Lien : http://www.bigmammy.fr
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Vous me direz : 3 ans pour finir un livre. Eh oui ! Je l'ai lu à petites doses voire doses homéopathiques.

Cet ouvrage est une présentation très érudite de Paris. Les différentes extensions sont bien expliquées et suivent les trajets de métro, les noms de rue se succèdent.

Il faut être un parisien aguerri pour tout visualiser.

Néanmoins, au détour de rues inconnues, j'ai appris quelques anecdotes historiques intéressantes.

A lire par les inconditionnels de Paris
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L'âme des piétons de Paris sourd de cet hymne à la capitale, enrichi par une vraie tendresse à l'égard de ses habitants les plus modestes. Parmi les multiples livres consacrés à cette cité à nulle autre pareille, celui-ci s'avère inspiré, original et combatif, bien étayé par un travail de recherche minutieux et éclairant et par une profonde culture littéraire. Eric Hazan a conduit son récit avec maestria le long de trois chemins successifs.
Le premier déroule l'histoire de l'évolution (l'invention, joli titre) d'une cité qui s'est construite par cercles concentriques et par... barrières successives (six en huit siècles, celle de Philippe Auguste inaugurant ce système destiné à protéger la ville contre les envahisseurs potentiels) et de part et d'autre de son fleuve-roi, la Seine. L'excellente idée d'Hazan est d'avoir appelé à la rescousse le gratin des Lettres (particulièrement du XIXe siècle, avec Balzac et Hugo en figures de proue) pour décrire la croissance protéiforme de Paris, croissance maintenue à l'intérieur de ces barrières pour conquérir de nouveaux espaces pris sur la campagne environnante et intégrer des villages entiers (Auteuil, La Chapelle, Les Batignolles, Montmartre...) La conquête reste limitée pour une ville de cette taille et se conclura avec sa prise au lasso par l'ultime barrière, le périphérique offert en 1960 au dieu automobile.
Le chemin suivant emprunté par Hazan est plus politique, plus polémique aussi puisqu'il relate le Paris des barricades, lesquelles furent érigées à de nombreuses reprises au cours du XIXe siècle. C'est le Paris rouge, le Paris des petites gens, celui du peuple maltraité par la double lame de l'aristocratie et de la bourgeoisie. Ses représentants eux-mêmes l'ont abandonné à plusieurs reprises. Car à côté des mouvements de 1789, les barricades de 1827, de juillet 1830, de juin 1832, de février 1848, clairement hostiles au pouvoir royal, voici juin 1848 et mai 1871 où cette fois, ce sont bien des républicains au pouvoir qui sont mis en cause par la population parisienne et réagissent avec une extrême violence, et Hazan s'interroge : "Quinet, Arago, comment ces vieux républicains en vinrent-ils à canonner le peuple?". Et comment, sous le regard goguenard et complice des Prussiens, les républicains qui ont succédé à Napoléon III ont-ils pu réprimer si atrocement la Commune ? Des questions qui restent ouvertes et sujettes à nombre d'analyses souvent contradictoires.
Pour alléger son propos, Hazan revient à Balzac (on revient toujours à Balzac !) dans un dernier chemin déambulatoire consacré aux "flâneurs" : "Oh, errer dans Paris ! adorable et délicieuse existence ! Flâner est une science, c'est la gastronomie de l'oeil. Se promener, c'est végéter. Flâner c'est vivre." Comment résister à la philosophie de l'auteur de la "Comédie humaine" dont on croit à tort qu'il restait confiné en robe de chambre dans son bureau alors qu'il aimait à parcourir les rues de Paris, nourrissant ainsi ses romans, et cherchant par ailleurs la meilleure demeure pour accueillir Mme Hanska !
Baudelaire, Apollinaire, Walter Benjamin, Aragon mais aussi Monet, Manet, Atget et Doisneau, tous ont donné de Paris cette magie que verbe pour les uns, images pour les autres ont illustrée avec talent et tendresse. Oui, André Breton a raison : "Il n'y a pas de pas perdus".
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Un livre essentiel sur l'Histoire de Paris. Ceux qui recherchent l'histoire habituelle chez les écrivains Fnac-Style avec anecdotes rigolotes, histoire de la Cour, etc, passez votre chemin: ce livre est conseillé y compris à l'Université comme un classique du genre.

Comme Howard Zinn et son Histoire Populaire des USA, Eric Hazan nous dresse le portrait de ceux dont on ne parle pas ou peu. Il montre la manière dont les Haussmann et autres ont tout fait pour écarter les populations pauvres et agitées de Paris.

Ce livre est juste indispensable.
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Non, comme le dit le sous-titre, "il n'y a pas de pas perdus" lorsque l'on parcourt Paris.
Eric Hazan montre une érudition hallucinante dans cet essai qui fait figure de somme en ce qui concerne l'histoire de notre capitale.
Débutant du centre et se dirigeant vers la périphérie, démarche que l'auteur explique au début de l'ouvrage, Eric Hazan parcours la géographie et l'histoire parisienne de manière parallèle. On ne se situe pas ici dans le domaine de l'anecdotique mais bel et bien dans le processus de développement de la ville, au coeur des bouleversements qui ont amené Paris à ce qu'elle est aujourd'hui.
Le lecteur assiste aux nombreux changements physiques au gré d'une plume engagée et que l'on devine nourrie de nombreuses recherches et lectures tout autant que d'une réflexion poussée., notamment sur le plan politique. La deuxième partie, "Paris rouge" (le titre est assez parlant), est ainsi consacrée aux émeutes et révolutions nombreuses qui ont marqué Paris au XIXème siècle.
Un essai d'une haute pertinence, livre d'histoire que se doit de lire tout amoureux de Paris (même si le livre d'Eric Hazan s'avère moins facile d'accès que de nombreux autres écrits plus anecdotiques sur la capitale).
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Indécrottable provincial je n'ai découvert Paris que fort tard dans ma vie. Malgré des préjugés tenaces , je fus ébloui mais aussi submergé par la surabondance des informations à assimiler . Un guide s'imposait et le livre d'Eric Hazan est parfaitement adapté à cet usage . Aussi érudit qu'agréable à lire il permet de découvrir au fil des rues l'histoire foisonnante de la capitale. le point de vue de l'auteur privilégiant le Paris populaire au Paris aristocratique ou bourgeois m'a séduit.Une seule absence , celle d'un plan inclu dans le livre , donc si vous voulez en profiter vous devez soit en faire l'emplette soit ,moins préhistorique , jouer du GPS.
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Voilà un livre essentiel pour les amoureux de Paris. Je ne m'étendrai pas sur ce qui a été dit dans les critiques déjà publiées mais j'aimerais consacrer mon commentaire sur un aspect qui a piqué ma curiosité et qui n'a pas vraiment été évoqué par mes collègues babeliautes.
Pourquoi ce livre est-il constitué de trois parties d'une longueur inégale et qui, relativement indépendantes les unes des autres, pourraient chacune donner lieu à un livre distinct? L'ouvrage commence par une double approche géographique et historique en cercles concentriques. Eric Hazan consacre sa deuxième partie aux révoltes populaires, essentiellement sur la période allant de l'instauration de la monarchie de Juillet 1830 à la Commune. Et sa dernière partie à la figure des écrivains du XIXème siècle et des photographes des XIXème et XXme siècles qui ont utilisé Paris comme matériau pour leurs créations.
J'ai cherché à comprendre le sens que Eric Hazan donnait à cet assemblage. Paris est l'objet de son livre et Hazan regarde son objet selon trois perspectives différentes. Je crois que ces trois parties se rejoignent sur un point : elles parlent de la ville et de son évolution à travers une vision qui met en avant les phénomènes de rupture tout en montrant que l'histoire est faite à la fois de continuité et de discontinuités. Il y a une continuité dans l'histoire de Paris qui prophétise d'ailleurs la prochaine extension à la proche banlieue. Continuité aussi dans la tentative permanente du pouvoir et des élites d'instaurer un ordre dans la ville et de mettre sous contrôle les classes laborieuses vues comme dangereuses en les poussant vers l'extérieur. Mais l'histoire de la ville est faite de ruptures que celles-ci soient des poussées fiévreuses de croissance spatiale en dehors des limites officielles de la ville, ou des épisodes insurrectionnels, ou des nouvelles façons d'envisager l'art, en l 'occurrence la littérature ou l'art de l'image qu'est la photographie. Paris, organisme vivant, est faite de turbulences régulières, ce qui constitue pour Hazan un motif d'espoir. Je crois que le sous-titre 'il n'y a pas de pas perdus' est un appel à l'optimisme, un appel à ne pas renoncer, un appel à continuer de faire un pas en avant , à bouger.
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Un livre très érudit, qui décrit Paris en trois temps. D'abord en cercles concentriques en partant de l'Île de la Cité et jusqu'à la petite couronne, ce qui correspond aux différentes époques historiques de l'urbanisation parisienne. Dans un second temps l'auteur nous emmène à la rencontre du Paris Rouge, c'est un très beau chapitre qui traite de la lutte des classes du XIXé siècle à travers le tissu urbain de Paris. J'ai particulièrement apprécié ce chapitre à cause des nombreux faits historiques rapportés par l'auteur qui m'a fait découvrir des personnages dont je ne connaissais le nom que parce que des rues le portent désormais : Delescluze, Baudin, Gambetta, etc. Et puis ce chapitre a une forte tonalité politique, l'auteur explique bien l'opposition géographique des quartiers qui reflète un clivage socio-culturel : quartiers populaires de l'est en opposition aux bastions de la bourgeoisie à l'ouest, nature "explosive" du faubourg Saint-Antoine, etc. Enfin, on part à la découverte des différentes représentations de la capitale, à travers notamment les oeuvres De Balzac et Baudelaire.

J'ai passé d'excellents moments à me balader à la découverte de Paris avec ce bouquin, m'attardant à la terrasse de cafés, traînant dans d'obscurs passages, pour essayer de me familiariser avec cette ville qui m'accueille depuis plusieurs mois (et pour longtemps j'espère).

Merci à l'auteur pour son érudition et sa passion pour L Histoire qu'il arrive si bien à transmettre
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J'ai beaucoup aimé ce livre d'histoire, essai plutôt que livre universitaire, même si la documentation est très solide. L'auteur fait le portrait de chaque quartier de Paris et comme tel cela passionnera tous les Parisiens (ou les visiteurs) désireux d'ne savoir plus sur Paris.
Ce qui est particulier à ce livre c'est son optique délibérément de gauche et du côté des "prolétaires". On est dans le Paris de Delecluze, de Blanqui ou de Louise Michel...
Une des grandes qualités du livre c'est qu'il peut se lire comme un guide avec lequel on parcourt la ville...
Les références littéraires sont nombreuses et passionnantes.
En somme un livre solide, agréable et passionnant.
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