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EAN : 9782226458476
192 pages
Albin Michel (02/03/2022)
3.82/5   25 notes
Résumé :
« Quand cette histoire commence, ma mère n'est pas encore née. Quand cette histoire commence, elle n'a même pas été conçue. L'histoire commence un après-midi où Maria étendait une fois de plus sa lessive sur la corde à linge. C'était au début du mois de septembre 1914. Elle aperçut le facteur en bas sur le chemin. Elle le vit arriver de loin. »

Josef et Maria Moosbrugger vivent avec leurs cinq enfants au fin fond d'une vallée de la montagne autrichien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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« Héritage » ou de son titre original « les Bagages» , par une étrange coïncidence reprend le thème de ma précédente lecture « Black Cake », l'héritage à travers les générations , sauf qu'ici on n'est plus dans la pure fiction. L'écrivaine Monika Helfer, la femme d'un de mes auteurs autrichiens de prédilection Michael Köhlmeier, raconte ici l'histoire de sa propre grand-mère Maria, femme de paysan avec 4 enfants auxquels s'ajouteront 3 autres . La famille appelée Les Fâcheux très pauvre , vit au début du siecle dernier avec deux vaches, une chèvre, sans électricité, ni eau courante, au fin fond d'une vallée. Maria est très belle, et le mari Josef part à la guerre….. mais les soupirants ne sont jamais très loin, surtout que le mari confie sa belle femme à un prédateur déguisé en maire 😊!

Dans cette histoire où Helfer arrive à nous plonger dans la tête , le coeur et l'âme des différents personnages certains détails de l'époque concernant la famille m'ont positivement surprise et émue. La mère de l'écrivaine mourant jeune, comme la grand-mère, elle sera hébergée avec ses deux soeurs chez sa tante Kathe, une des filles de Maria, dans son appartement de trois pièces des Sud-Tyroliens où elle habite avec des pauvres. La tante héberge aussi deux de ses frères qui ont quitté leurs femmes, et cuisine pour tout ce monde. Une générosité et une hospitalité gratuite qu'on ne trouverait aujourd'hui nul part , et surtout pas en Autriche, où se passe l'histoire. Par contre trouvant le livre d'un niveau littéraire élevé, je suis restée un peu dubitative avec les répétitions d'une même histoire, comme celle de Walter, fils de Maria, et les femmes.
La prose de Helfer simple, claire, sans fioritures arrive à raconter sans pathos l'histoire des Fâcheux, la famille de la grand- mère de l'écrivaine tout autant que celle de sa mère et la sienne non moins tragique, avec moultes anecdotes touchantes. C'est aussi le destin triste d'une femme qui a survécue avec quatre enfants et sans mari, au froid , à la faim , aux prédateurs et rumeurs malsaines du village durant la première guerre mondiale et mis au monde sept enfants à trente deux ans. Une belle femme , consciente , intelligente et connaissant le désir, à une époque où la femme ne servait qu'à assouvir le désir des hommes, enfanter et faire la servante au mari ou à la famille. Une femme forte malgré son impuissance face à un monde dur , machiste. Quand à la narratrice, l'écrivaine Helfer renforce l'image ambiguë de la femme dans les années 60 en tombant amoureuse d'un homme marié et le fréquentant librement. Trois destins de femmes entremêlés, où Helfer revient comme dans Black Cake au rôle de la famille et de ses «  bagages  »qu'on charrie de génération en génération dans la constitution de notre propre identité. Un livre intéressant dont je recommande fortement la lecture.


«  Au Kunsthistorisches Museum de Vienne j'ai vu les Jeux d'enfants de Pieter Brueghel l'Ancien et ils étaient tous là, tous les Fâcheux, qui faisaient les fous à travers le tableau, riaient et chouinaient, se hurlaient dessus ou chuchotaient, j'étais devant et je ne pouvais m'empêcher de rire. »
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Née en 1947, Monika Helfer a écrit de nombreux romans, mais semble n'avoir connu le grand succès qu'avec celui-ci, paru en allemand en 2020, avant d'être traduit dans de nombreux pays. Elle a lui a donné deux suites, pas traduites pour l'instant en français.

L'auteure évoque dans ce livre son histoire familiale, et tout particulièrement sa grand-mère Maria, morte avant sa naissance. Maria a épousé Josef, sans véritable passion, mais dans une sorte d'attachement raisonnable. Ils ont déjà quatre enfants lorsque éclate la première guerre mondiale et que Josef est mobilisé. le maire à la vigilance duquel il confie sa femme, la harcèle ; Maria et ses enfants sont dans une extrême pauvreté et connaissent les privautés et la faim. Lorsque Maria tombe enceinte, elle est mise au ban de la communauté villageoise, car malgré les permissions de Josef, on attribue son enfant à quelqu'un d'autre. Josef va croire la rumeur, et ne reconnaîtra jamais Grete, la mère de l'auteur comme son enfant.

L'auteur décrit cette vie rude, ancestrale de ses grand-parents, marquée par suspicion et la malveillance. La famille des « Fâcheux » est au ban de la société, et leur différence se paie cher au quotidien. Sans pathos Monika Helfer dépeint cet univers impitoyable, évoque les destinées des membres de la famille, les nombreux et précoces décès, les unions peu satisfaisantes. Elle dresse les portraits de ses grand-parents, oncles et tantes, à grands traits, en essayant d'aller à l'essentiel, d'une manière discursive, en sautant d'une époque à une autre.

C'est assez prenant, très direct, sans fioritures, peut-être un petit peu trop par moments, j'ai parfois eu une petite frustration de ne pas en savoir plus, de rester un peu comme en dehors des personnages évoqués. Mais c'est un très bon livre, qui restitue à la fois une époque, et nous donne à voir des personnages denses.
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Monika Helfer | Héritages | Albin Michel | 3.82/5 (20 notes !) |185 pages|2022
Josef et Maria sont un couple qui s'aime (5 enfants ! !! C'est plus que d'animaux !) dans un coin très rural… D'une extrême pauvreté… Bain moussant et portraits d'art…
Alors, bien sûr, c'est une vieille histoire (début du XXème siècle!) et lorsque on est Trentenaire comme moi, et dénué de passion historique, on a du mal à trouver ses repères d'homo numericus !! ; )...
Josef est appelé sous les drapeaux !! (1ère guerre mondiale!) ...
Certains passages sont… Comme quand on nous décrit le trou du cul du chat (Sans rire !! XD).
Josef ainsi que tout les hommes nés avant 1900, est super misogyne, voit en Maria la femme objet ; )... Dont la société n'a pas encore pourvu les outils pour s'émanciper (contraception, etc...).
La grand-mère, puisque c'est l'histoire de la grand-mère de l'auteure, eh bien elle trompe Josef et attends un enfant d'un autre, pour qui elle n'a que du désir...
En dehors des faits décrits j'ai trouvé très vide ce témoignage...
Retrouvez moi sur IG je fais aussi des critiques de films.
J'espère que vous avez aimés cette critique. Est-ce que cette oeuvre est mauvaise? Non. Mais il y était presque arrivée. Est-ce qu'elle est bien? Non plus. Comment est-elle alors? Tout juste correct ; )...
Lien : https://www.instagram.com/ch..
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Maria et Joseph vivent dans une vallée autrichienne. Ils ont quatre enfants. Ils sont pauvres, marginaux et ils sont la cible des médisances des villageois. Ils habitent « la dernière maison, tout au bout là-haut. » (p. 15) On les appelle « les Fâcheux ». Cela date de l'époque du père et du grand-père de Joseph, qui étaient porteurs ; ils n'avaient pas de toit et étaient journaliers. « C'était le plus vil des métiers, plus vil que valet de ferme. » (p. 15)


Maria est une très belle femme, elle plaît à tous les hommes et les femmes en sont jalouses. Son mari, Joseph, le sait. Aussi, lorsqu'en septembre 1914, il reçoit son ordre de mobilisation, il demande au maire de « garder un oeil sur Maria pendant qu'il sera au front » (p. 19) L'élu est chargé d'apporter des provisions à la famille et de veiller à ce qu'aucun homme ne monte voir l'épouse. Lui-même entretient des rêveries dans lesquelles la belle femme tient le rôle principal.


Pendant la guerre, Maria tombe enceinte. Cette grossesse se déclare après la visite d'un Allemand. Même si Joseph bénéficie de permissions, les villageois décident que cet enfant ne peut pas être le sien. Maria est la cible de méchanceté et de jalousie. Ce bébé est la mère de l'auteure. Hélas, la petite Margarethe a grandi sans l'amour de son père. Ce dernier a toujours rejeté celle qu'il supposait être le fruit de l'adultère.


Monika Helfer déroule les faits avant la naissance de sa maman et les conséquences du départ à la guerre de Joseph. Son absence a influé sur l'unité de sa famille, sur l'enfance de sa progéniture et sur les attitudes des voisins. Elle s'interroge, également, sur l'impact qu'elle a eu sur les générations suivantes et sur sa vie à elle. Elle est la narratrice et elle effectue des allers-retours entre l'histoire de sa grand-mère et sa propre enfance. Elle s'appuie, essentiellement, sur les souvenirs de sa tante maternelle et complète les vides avec son imagination. Aussi, les faits sont, souvent, suggérés. Pour certains, elle ne connaît que la cause, pour d'autres, que la conséquence et elle laisse nos pensées combler ce qui manque. L'atmosphère est calme, même lors des drames et des disputes. Elle m'évoque celle des classiques américains, avec le temps qui se déroule lentement, ponctué par des évènements qui ne surpassent pas l'ambiance, qui s'intègrent à elle et qui en font partie. C'est un roman intimiste. J'ai eu la sensation d'être dans la cuisine de mes grands-parents, écoutant Monika Helfer se confier sur ses ascendants et se questionner sur la transmission intergénérationnelle. J'ai aimé cette impression que l'auteure m'offrait sa confiance et qu'elle ne partageait ses secrets qu'avec moi.


La beauté de Maria était-elle un cadeau ou un fardeau ?


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Un livre parfait pour le mois de la découverte de la littérature allemande surtout à la veille du 11 novembre. Cette auteure Monika Helfer est autrichienne, elle a puisé son inspiration dans sa propre famille. le titre en allemand « die bagage » (les bagages) me parle davantage. Je trouve qu'il donne mieux l'idée de ce qu'on trimballe avec soi : les richesses et les fragilités qui seront de tous nos voyages de la vie. Les héritages c'est plus abstrait. La vie familiale de l'auteure est marquée par la guerre 14⁄18 , c'est là que se creusera le drame qui marquera sa grand-mère, son grand- père et tous leurs enfants et petits enfants, rejetés par une partie du village (le curé en tête) parce que sa grand mère trop belle sera accusée d'adultère pendant que son mari est à la guerre. « Les fâcheux » comme on les nomme au village vivront donc en marge de cette société peu tolérante mais dont, cependant, plusieurs personnes viendront en aide à des gens qui n'ont rien fait pour mériter cet ostracisme.

L'auteure décrit avec une grande tendresse sa grand mère qui rendait jalouse toute les femmes du village, tant les hommes la trouvait belle . Monika Helfer fait des constants allers et retours dans sa mémoire personnelle en faisant revivre les gens tels qu'elle même les a connus et ce que l'on lui a raconté pour construire un récit qui permet au lecteur de savoir qui elle est aujourd'hui. Riche et blessée à la fois d'avoir dans ses bagages toutes ses histoires où pour le dire comme le traducteur d'être l'héritière de ses « fâcheux » à qui elle dédie son livre. Sa propre mère ne sera jamais acceptée, ni même nous dit l'écrivaine, regardée par son propre père car celui-ci soupçonnera sa femme de l'avoir conçue avec un bel allemand de passage ou avec le maire du village, personnage trouble qui fait de drôles d'affaires pas très légales avec ce grand-père.
Cette plongée dans le monde rural autrichien est très agréable à lire et on comprend que l'auteure aime le tempérament de sa grand-mère une si belle amoureuse.
Je trouve toujours étrange, quand je lis des romans autrichiens, combien le nazisme est passé sous le silence. le mot n'est même pas prononcé alors qu'elle parle de cette période puisqu'elle évoque la vie d'un oncle qui a déserté pendant la campagne de Russie et a eu une femme et un enfant russes.
Autant la guerre 14⁄18 est ressentie comme un drame à travers l'absence du père de famille autant le nazisme autrichien semble n'avoir eu aucune conséquence sur cette famille. Ça me dérange parce que cela est représentatif de l'état d'esprit des Autrichiens : le nazisme ce sont les Allemands pas eux .
Que cela ne vous empêche pas de lire ce livre il nous fait découvrir une ruralité qui n'a rien d'idyllique malgré le cadre enchanteur des montagnes autrichiennes.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Josef ne se mêlait pas aux conversations dehors, il restait auprès des siens à l’église. Il ne croyait pas au ciel et encore moins à l’Église catholique, il considérait les curetons comme des créatures inutiles, des bons à rien, il ne croyait pas non plus aux saints, sa femme, elle, y croyait, Maria croyait aux saints plutôt qu’au bon Dieu, il était trop lointain et lui-même n’avait rien vécu, sur les saints au moins il y avait des histoires.
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Les quatre hommes avaient mis des fleurs sur leurs chapeaux et s’étaient envoyé un petit verre en vitesse. Le maire offrait le schnaps en tant que représentant de l’empereur et il tira un coup de feu en l’air. Une bande de gamins accompagna les pioupiou, comme on appelait les conscrits. Mais seulement jusqu’au village suivant, ensuite ils firent demi-tour. De là, les futurs soldats continuèrent seuls jusqu’à L., mais ils ne marchaient pas au pas, ils ne chantaient plus et ils étaient passablement dessoûlés. Ils parlaient des choses qu’il y avait à faire et qu’ils feraient bientôt, comme s’ils devaient être de retour chez eux dans quelques jours ou dans quelques semaines. Ils ôtèrent les fleurs de leurs chapeaux et les jetèrent au bord du chemin. maintenant qu’il n’y avait plus personne de chez eux pour les voir, à quoi
bon ?
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Josef aimait sa femme. Lui-même n’avait jamais employé ce mot. En patois ce mot n’existait pas. Il n’était pas possible de dire « Je t’aime » en patois. le mot ne lui était donc jamais venu à l’esprit. Maria était à lui. Et ils voulaient que Maria soit à lui et qu’elle lui appartienne, ça voulait dire d’abord le lit, et ensuite la famille.
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Oncle Lorenz avait trois enfants au pays, il tenait ses deux fils pour des bons à rien, et cela avant même qu’ils aient pu devenir bon à quoi que ce soit, si bien qu’ils n’étaient rien de venu du tout, l’un des d’eux s’est pendu à un arbre.
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A l’école, Katharina apprenait deux fois plus, deux fois plus vite, deux fois mieux, et le maître la respectait. Il disait à ses camarades de classe que Katharina n’y pouvait rien si sa mère était une traînée.
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